A quelques semaines de la rentrée scolaire 2023-2024 fixée au lundi 4 septembre 2023, les reporters d’Econews se sont intéressés aux préparatifs qu’effectuent les parents d’élèves, les chefs d’établissements scolaires et les enseignants.
D’habitude, les parents mettent à profit les grandes vacances pour effectuer la rentrée scolaire. C’est une période pendant laquelle les marchés connaissent une affluence nombreuse des parents désireux acheter les fournitures scolaires et les uniformes pour permettre à leurs progénitures d’être à l’école le jour de la rentrée des classes.
Cette année, le constat est amer : il n’y a pas d’engouement dans les différents lieux de négoce de la ville de Kinshasa, même dans celui considéré comme le plus important : le marché Central de Kinshasa.
Interrogés, des parents d’élèves ont affirmé ne pas avoir l’argent pour préparer la rentrée scolaire.
«Mon mari est au chômage depuis quelque cinq ans si bien que nous éprouvons des difficultés pour scolariser nos trois enfants», a déclaré, la mort dans l’âme, une dame, la quarantaine révolue, habitant la commune de Masina.
Un père de famille, veilleur de nuit dans une entreprise de la place, a, quant à lui, déclaré que son salaire mensuel de 150 dollars américains ne lui permet pas de nourrir son foyer et d’effectuer les préparatifs de la rentrée sans difficulté.
Une mère de famille, ayant requis l’anonymat, a accusé le gouvernement de manque de volonté politique pour redresser la situation économique du pays afin de permettre aux parents de scolariser leurs enfants dans de bonnes conditions.
Selon elle, les écoles tant publiques que privées agréées sont devenues de véritables régies financières en République Démocratique du Congo au point où les parents éprouvent d’énormes difficultés pour scolariser leurs enfants, nous endettant par-ci par-là ou vendant des biens de la maison.
Certains parents se plaignent de l’instabilité du franc congolais par rapport au roi dollar. D’où ils ont du mal à acheter les fournitures scolaires qui connaissent la valse des étiquettes ces derniers temps.
Pour leur part, les vendeurs de fournitures scolaires trouvés aux marchés Central de Kinshasa (commune de Gombe), de la Liberté (commune de Masina), Gambela (commune de Kasa-Vubu), UPN (commune de Ngaliema), Bayaka (commune de Ngiri-Ngiri) et au Wenzeya 7 (commune de N’Djili), se plaignent de la mévente de leurs marchandises. Une situation qu’ils attribuent au mauvais comportement de la monnaie nationale, le franc congolais, face au roi dollar, mais surtout à la pauvreté de la population.
«C’est l’une des plus mauvaises années de ma vie. Les années antérieures, à une ou deux semaines de la rentrée scolaire,il y avait engouement des parents dans les marchés, contrairement à cette année. Les parents qui viennent pour s’enquérir des prix des fournitures scolaires, repartent aussitôt, leurs bourses ne leur permettant pas de faire face à ces prix qu’ils jugent exorbitants», a déclaré un vendeur de fournitures scolaires trouvé au marché de la Liberté. Et d’ajouter : «A l’allure où vont les choses, certains élèves risquent de reprendre les cours en retard».
Une dame trouvée surplace et qui était accompagnée de ses deux enfants, l’un âgé de 12 anset l’autre de 14 ans, a une autre lecture de la situation. Selon elle, même si on repoussait la rentrée scolaire d’une ou deux semaines, ce ne sont pas tous les parents qui seront prêtsà 100%. D’où il faut seulement faire avec. Cette dame affirme qu’elle a constaté l’augmentation des prix de plusieurs fournitures scolaires par rapport aux années antérieures.
«J’ai remarqué qu’il y a eu hausse de prix. A titre illustratif, un paquet de cahiers de100 feuilles que nous avons acheté l‘année dernière à 6.500 francs congolais se vend actuellement à 8.500Fc», a-t-elle relevé.
«Notre école est prête à accueillir les enfants à la rentrée scolaire 2023-2024. Toutes les dispositions ont été prises pour que nous ayons une rentrée des classes apaisée», a, sous le sceau de l’anonymat, déclaré, pour sa part, le représentant du chef d’établissement de l’Ecole l’Estoniac, située dans la commune de Mont Ngafula. Et d’ajouter : «Suite aux multiples plaintes des parents d’élèves concernant les frais scolaires, une réunion sera tenue entre eux et les responsables de l’école pour discuter et trouver un terrain d’attente».
Au Collège Sainte Famille, situé sur l’avenue Kingabwa, quartier Sans Fil, dans la commune de Masina, le directeur des études de l’école primaire a confirmé que la rentrée de classeaura lieu le 4 septembre 2023, toutes les conditions étant réunies. Notamment l’assainissement de l’école, la propreté des salles des classes et la restitution des bancs-pupitres là où il en manquait, cela pour que les élèves puissent étudier dans de bonnes conditions.
Saisissant cette opportunité, il a déclaré que les inscriptions sont en cours dans cet établissement scolaire.
Concernant la gratuité de l’enseignement de base, il a loué l’initiative du président de la République, Félix Tshisekedi, malgré des petits couacs. « Nous demandons au gouvernement de construire des écoles publiques pour scolariser davantage d’enfants et de financer les écoles qui font partie de la gratuité. Nous lançons un appel au gouvernement à pouvoir finir avec la mécanisation desNU (nouvelles unités) du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), mais surtout de payer régulièrement les salaires et les primes des enseignants afin de les motiver », a-t- ajouté.
Un enseignant de 3ème année primaire d’une école basée dans la commune de Ngiri-Ngiri a déclaré que «nonobstant les nombreuses difficultés auxquelles font face les parents, je reste convaincu qu’ils vont envoyer leurs enfants à l’école le 4 septembre 2023». Tout en souhaitant que la rentrée scolaire ne soit pas timide.
Avec sa double casquette de parent et d’enseignant, il souhaite que les enfants ne reprennent pas l’école en retard. Car, prévient-il, cela pourrait perturber le programmede l’année scolairequi compte 222 jours. Toutefois, il demande au gouvernement de chercher une solution aux problèmes de l’enseignement afin de permettre aux enseignants de dispenser les enseignements dans des conditions requises.
Benny Lutaladio et Kevine Mamina Dimbuila (stagiaires)