A quelques jours de la rentrée scolaire, fixée au lundi 2 septembre 2024, les parents se démènent pour offrir à leurs enfants des fournitures scolaires et des uniformes et s’acquitter du minerval pour ceux qui ne bénéficient pas du régime de la gratuité consignée dans la Constitution de la RDC.
Econews s’est intéressé aux préparatifs de cette rentrée en allant à la rencontre des acteurs clés.
En effet, des parents se plaignent de la majoration des prix des fournitures, alors que le pouvoir d’achat est toujours en chute libre.
«Mon mari est au chômage depuis six mois, nous éprouvons d’énormes difficultés pour nouer les deux bouts du mois et pour scolariser nos quatre enfants. Il se débrouille et l’argent qu’il gagne ne permet pas de scolariser les quatre enfants, voilà pourquoi deux d’entre eux ont passé deux ans sans étudier», a déclaré, la mort dans l’âme, une mère de famille, la quarantaine révolue, habitant de la commune de Limete.
Vigile dans une entreprise située dans la commune de la Gombe, un père de famille qui a requis l’anonymat a, quant à lui, déclaré que son salaire mensuel de 120 dollars US ne suffit pas à nourrir sa famille et à effectuer les préparatifs de la rentrée.
Assise à ses côtés, son épouse a accusé le gouvernement de manque de volonté politique pour redresser la situation économique du pays afin de permettre aux parents de scolariser leurs enfants dans des conditions optimales.
Selon elle, les écoles privées agréées sont devenues de véritables régies financières à Kinshasa car certains parents s’endettent pour scolariser leurs enfants.
Des parents se plaignent également de l’instabilité du taux de change qui s’élève aujourd’hui à 28.500 francs congolais pour 10 dollars Us. Une situation qui met en difficultés les parents pour acheter les fournitures scolaires qui sont devenues chères.
Pour leur part, quelques vendeurs de fournitures scolaires trouvés au Marché central de Kinshasa, au marché de la Liberté (commune de Masina) et au «wenze ya 7» (commune de N’Djili) se plaignent de la mévente de leurs marchandises. Une situation qu’ils attribuent à l’inflation du taux de change, mais surtout à la pauvreté de la population.
«Cette année, il y a une mévente par rapport aux années antérieurs. D’habitude, à une ou deux semaines de la rentrée scolaire, il y a engouement, mais ce n’est pas le cas cette année, l’argent ne circule pas. Les parents qui viennent pour s’acquérir des prix des fournitures repartent aussitôt, ils trouvent que les prix sont exorbitants», a déclaré un vendeur de fournitures scolaires trouvé au Marché central de Kinshasa. Et d’ajouter : «A l’allure où vont les choses, certains élèves risquent de ne pas se présenter à l’école le jour de la rentrée scolaire. Ils attendront à la maison jusqu’à ce qu’on leur procure des fournitures scolaires et des uniformes».
Une dame trouvée au marché de La liberté, accompagnée de ses deux enfants, l’un âgé de 10ans et l’autre de 14 ans, à une lecture différente de la situation. Selon elle, même si on repoussait la rentrée scolaire, il y aura toujours des parents qui ne seront pas prêts. D’où, il faut seulement faire avec.
Elle a également constaté l’augmentation des prix de plusieurs fournitures scolaires par rapport aux années antérieures.
LA POSITION DES ECOLES
Si les parents ont du mal à effectuer la rentrée scolaire dans les conditions requises, faute de moyens, les chefs d’établissements scolaires, dans leur majorité, disent être prêts à recevoir les élèves le 2 septembre.
Lors de la ronde effectuée dans les écoles, nous avons constaté que les inscriptions des élèves et le paiement des acomptes du minerval se poursuivent.
«Nonobstant les difficultés financières, nous recevrons pas mal des parents qui viennent inscrire leurs enfants dans notre école, mais le paiement de l’acompte est un peu timide, nous espérons que les parents font payer ces frais dans le délai convenu», a confié à la presse un préfet d’une école de la commune de Masina sous le seau de l’anonymat
Au Complexe scolaire Maintenances, situé sur l’avenue Liboke (commune de Limete), le directeur des études de l’école primaire a dit être prêt à accueillir les élèves ce lundi 2 septembre 2024, toutes les conditions étant réunies. Notamment l’assainissement de l’école, la propreté des salles de classes.
Il a ajouté qu’il a pris des dispositions pour sensibiliser les élèves à la lutte contre l’épidémie Monkepox qui sévit actuellement à Kinshasa.
Concernant la gratuité de l’enseignement de base, il a loué l’initiative du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, malgré des petits couacs. « Nous demandons au gouvernement de construire des écoles publiques pour scolariser davantage d’enfants et de financer les écoles qui font partie de la gratuité. Nous demandons également au gouvernement de finir avec la mécanisation des enseignants « Nouvelles unités » du ministère de l’Education nationale et de la Nouvelle citoyenneté, mais surtout de payer régulièrement les salaires et les primes des enseignants afin de les motiver», a-t-il poursuivi.
Benny Lutaladio