Retard dans la délivrance des cartes d’identité : très fâché, Tshisekedi exige des comptes

Depuis son lancement en grande pompe, il y a quelques mois, la machine de l’identification de la population en vue de la délivrance de la nouvelle carte d’identité, est totalement bloquée. Sur le terrain, il n’y a plus rien. Vendredi en Conseil des ministres, le Président de la République, Félix Tshisekedi, n’a pas caché sa colère, exigeant des comptes à tous les responsables impliqués dans ce processus au premier d’entre lesquels se trouve le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Jacquemain Shabani, au nom sans doute de la continuité de l’Etat. Le Chef de l’Etat attend du VPM Shabani un rapport « sans complaisance», sur ce dossier, avant de « prendre toutes les dispositions y rattachées». Des têtes vont tomber !

Depuis son lancement en grande pompe il y a quelques mois, le processus d’identification de la population en vue de la délivrance de la nouvelle carte d’identité en République Démocratique du Congo est complètement paralysé. Alors que l’attente se prolonge sur le terrain, les citoyens sont laissés dans l’incertitude et la frustration.

Lors du Conseil des ministres de vendredi dernier, le Président de la République, Félix Tshisekedi, n’a pas caché sa colère devant cette situation inacceptable. Il a exigé des comptes à tous les responsables impliqués dans ce processus, en mettant particulièrement en cause le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani.

Le Chef de l’Etat a clairement indiqué qu’il attendait du VPM Shabani un rapport détaillé et impartial sur ce dossier, avant de prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier à cette crise. Il a également laissé entendre que des sanctions sévères pourraient être prises à l’encontre des responsables impliqués dans ce blocage. Des têtes pourraient tomber.

PETER KAZADI, COUPABLE N°1

Sur la liste des personnes visées, il y a notamment Peter Kazadi, alors VPM de l’Intérieur dans le dernier Gouvernement Sama Lukonde. C’est avec lui que le contrat de délivrance de la carte d’identité a été conclu, dans l’opacité la plus totale, entre l’ONIP (Office national de l’identification de la population) et un consortium français non autrement identifié.

En juin 2023 au lancement de cette opération, très confiant, Peter Kazadi rassurait qu’avec «cette opération d’identification effective et systématique», la République Démocratique du Congo va disposer d’«un fichier général et fiable, répondant aux besoins de l’efficacité de gestion de sa population et de la sécurité du territoire national».

«Nous venons de très loin. La prochaine étape, c’est de remettre la carte d’identité nationale à tout le monde. L’outil est déjà là. Nous allons nous arranger pour que nous puissions continuer l’octroi de la carte aux autres congolais», se défendait, pour sa part, le Directeur général (DG) a.i. de l’ONIP, Stanislas Kenza.

Faire toute la lumière sur ce dossier revient donc à remonter la chaîne depuis le VPM Peter Kazadi, passant par l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, qui a garanti la partie financière de ce deal aux contours flous.

Sur ce point précis, évoquant la communication du Chef de l’Etat vendredi en Conseil des ministres, le compte-rendu de cette réunion note : «Il revient au Président de la République que depuis le lancement du projet de la délivrance des cartes d’identité, il n’y a plus de développement attendu au regard du chronogramme qui lui a été présenté». Et de poursuivre : «Ainsi, tenant compte de l’impérieuse nécessité de doter chaque citoyen de la République Démocratique du Congo de sa carte d’identité, il a instruit le Vice- Premier ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières de lui faire un point, sans complaisance, sur ce dossier et de prendre toutes les dispositions y rattachées».

Cette situation met en lumière les difficultés persistantes auxquelles est confronté le gouvernement congolais dans la mise en œuvre des réformes administratives majeures. La population, quant à elle, reste en attente d’une solution rapide à ce dysfonctionnement qui entrave l’accès à un document aussi essentiel que la carte d’identité.

En attendant que la machine de l’identification reparte et que le processus puisse être relancé, la pression est désormais sur les épaules des autorités pour résoudre cet impair qui ternit l’image de l’administration publique. Pour le Président Tshisekedi, c’est tout un mandat qui est en jeu, ayant fait de la délivrance de la carte d’identité l’une de ses grandes priorités pour mettre fin au bradage de la nationalité congolaise.

Econews