Les Chefs d’Etat membres de la Communauté d’Afri-que de l’Est (EAC) ont pris acte vendredi du départ de la force régionale de la République Démocratique du Congo, au cours du 23eme sommet ordinaire tenu à Arusha, en Tanzanie, a appris l’ACP de source présidentielle.
«Le 23ème sommet des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) a pris acte du refus de la RDC de renouveler le mandat de la force régionale de l’EAC au-delà du 8 décembre 2023 », précise le communiqué final du sommet. Cette décision a été prise à l’issue de plus de 4 heures de discussions à huis clos entre chefs d’Etat, annonce l’ACP.
Le vice-Premier ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, qui a représenté le président Félix-Antoine Tshisekedi, le ministre d’Etat à l’Intégration régionale Antipas Mbusa Nyamwisi et le haut-représentant du Chef de l’Etat, Serge Tshibangu, « ont bataillé dur pour faire passer cette décision souveraine du pays, telle que voulue par le président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilo-mbo», a affirmé la source. «Avec l’entérinement de cette décision par les chefs d’Etat, la page de la force régionale de l’EAC est définitivement tournée », précise-t-on.
Toutefois, le sommet a recommandé la tenue d’une réunion des chefs d’état-major de l’EAC pour valider le plan de désengagement. Cette réunion devrait connaître la participation des responsables militaires de la SADC appelée à remplacer la force est-africaine. «C’est un motif de satisfaction pour le gouvernement congolais», a déclaré un des membres de la délégation de la RDC, estimant que «la décision souveraine de la RDC a été entendue ».
Kinshasa en mauvaise posture
Contre l’avis des chefs d’Etat et de gouvernements de l’EAC, Kinshasa est donc allée en solitaire, exigeant le départ dès le 8 décembre prochain de la force régionale de l’EAC. Une position qui met Kinshasa en difficulté, pour autant qu’il se retrouve seul contre tous.
En effet, pareille décision devait passer préalablement en délibération devant la plénière des chefs d’Etat et de gouvernement de l’EAC. Ce qui n’a pas été le cas. On comprend dès lors ce qui aurait motivé l’absence du Président Félix Tshisekedi à ce Sommet d’Arusha, au moment où le protocole avait pris toutes les dispositions pour un tête-à-tête avec son homologue rwandais Paul Kagame.
Dans les milieux des analystes, on pense que Félix Tsjhisekedi est «rattrapé aujourd’hui par ses propres turpitudes», rappelant que «les forces de l’EAC ne quitteront jamais la RDC ».
Sur la toile, un analyste s’exprime en ces termes : «Félix Tshisekedi a séché cette réunion. Il a été représenté par Jean-Pierre Bemba Gombo, vice Premier-ministre de la Défense. Tshisekedi était le seul absent à cette réunion des chefs d’États de l’EAC.
Selon lui, les chefs et de gouvernements de l’EAC, présent à Arusha, en Tanzanie, n’ont pas adhéré à la demande de Kinshasa.
«Avec ce rejet, pense cet analyste, désormais il est clair et évident que les troupes de la SADC tant annoncées en RDC ne viennent pas ». Et d’enchaîner : « Il y a déjà un problème. Tshisekedi avait déclaré que le 8 decembre 2023 le mandat de l’EAC ne sera plus jamais renouvelé. Une décision unilatérale qu’il a prise tout seul sans le consentement de ses pairs de l’EAC qui disent tout haut que la RDC fait partie de leur communauté et aucun seul pays membre ne doit prendre une décision unilatérale pour déstabiliser la communauté sans avoir le quitus de tous les autres pays membres ».
Il imagine le scénario possible après le 8 décembre : «Les forces de l’EAC ne quitteront jamais l’Est de la RDC le 8 décembre 2023. Un bras de fer entre ces pays et Kinshasa est donc engagé. Ça s’annonce très mal pour la RDC ! ».
La Somalie adhère à l’EAC
Par ailleurs, le sommet d’Arusha a aussi pris acte de l’adhésion de la Somalie à l’organisation Est-Africaine. Au cours de ce sommet, le président du Burundi a cédé le bâton de commandement à son homologue Salva Kiir du Soudan du Sud.
Avec l’adhésion de la Somalie dans l’EAC, il ne faut plus exclure l’hypothèse que la Somalie décide, à son tour, de déployer ses forces armées dans l’Est de la RDC pour traquer les rebelles de l’ADF dont certains font partie des Shebabs qui entretiennent le terrorisme en Somalie.
Lors de son 22ème sommet, à Bujumbura, la Communauté est-africaine avait prolongé le mandat de ses troupes dans l’Est de la RDC jusqu’au 8 septembre 2023.
«Les chefs d’Etat avaient félicité le président Félix Tshisekedi pour son engagement dans la restauration de la paix dans la partie orientale de la RDC, et se sont accordés sur la prolongation de l’accord sur le statut des forces (SOFA) pour 6 mois, du 8 mars au 8 septembre 2023, afin de consolider les gains obtenus par la Force régionale est-africaine», avait-on souligné dans le communiqué final.
Les chefs d’État et de gouvernement avaient en outre, «condamné, avec force, les violations du cessez-le-feu dans l’est de la RDC, et enjoint la Force régionale de l’EAC à prendre des mesures pour arrêter leur répétition».
En octobre dernier, le gouvernement congolais avait, par l’entremise de Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre de la Défense, formulé la demande du départ de la force de l’EAC du territoire congolais, au cours d’une réunion extraordinaire du conseil sectoriel de cette organisation en matière de défense.
A ce propos, Kinshasa avait, notamment estimé que cette dernière n’a pas convenablement rempli sa mission de restauration de la paix dans l’Est, aux côtés des FARDC. Le contrat du déploiement de cette force avait été signé entre l’EAC et l’Etat congolais en septembre 2022, à Arusha, en Tanzanie. Plus d’une année après, Kinshasa n’en veut plus et réclame son retrait du territoire congolais. Ce qui ne sera pas facile à actionner.
Econews