Robert Bourgi : «Il faut tourner le dos à la Françafrique»

Il est celui qui incarne les pires travers de la Françafrique, il s’en veut aujourd’hui le pourfendeur. Entretien en vidéo avec l’avocat qui sort aujourd’hui de son silence dans des mémoires au fil desquelles il revient sur ses relations avec la droite française, de Foccart à Sarkozy. Et avec les chefs d’État africains, d’Houphouët-Boigny à Omar et Ali Bongo.

Impossible de dissocier l’histoire des relations entre l’Afrique et la France depuis plus d’un demi-siècle de la figure de Robert Bourgi. L’avocat et lobbyiste de 79 ans vient de publier ses mémoires, sous un titre pour le moins explicite : «Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique» (2024, Éd. Max Milot).

Il y aborde sa vie, ses rapports avec son mentor, le gaulliste Jacques Foccart, et l’ensemble des «missions » effectuées pendant près de 40 ans pour le compte de hauts dignitaires africains et français, parmi lesquels les principaux ténors de la droite, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, en passant par Charles Pasqua, Jacques Toubon, Dominique de Villepin, Claude Guéant ou encore François Fillon. Robert Bourgi y détaille notamment les circuits des financements versés par les présidents africains à cette même droite française et donne également sa version des nombreux dossiers sensibles dans lesquels il a été impliqué.

Part de vérité

Au fil des pages, Robert Bourgi évoque la personnalité et la psychologie de nombreux chefs d’État du continent, dont certains qu’il considère comme des «amis». De Félix Houphouët Boigny et Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire à Mobutu Sese Seko en RDC, en passant par Blaise Compaoré au Burkina Faso, Abdoulaye Wade et Macky Sall au Sénégal. Il évoque aussi ses relations avec le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le Togolais Gnassingbé Eyadéma, les Congolais Pascal Lissouba et Denis Sassou Nguesso et, surtout, les Gabonais Omar et Ali Bongo.

Sa part de vérité, forcément subjective, qui se lit comme un roman d’espionnage truffé d’anecdotes truculentes qui dessinent les méandres de cette Françafrique que tout le monde souhaite enterrer, et dont Robert Bourgi a été l’un des principaux protagonistes.

Avec Jeune Afrique