Royaume-Uni : Liz Truss démissionne après seulement 45 jours au pouvoir

Après la débâcle autour de son mini-budget et les nombreux appels à sa démission, la première ministre britannique Liz Truss aura tenu moins de cinquante jours au 10 Downing Street, avant d’annoncer sa démission jeudi.
Après seulement 45 jours au pouvoir, Liz Truss a jeté l’éponge. La Première ministre britannique a annoncé sa démission jeudi sur le perron du 10 Downing Street. «Compte tenu de la situation, je ne peux pas remplir le mandat pour lequel j’ai été élue par le Parti conservateur. J’ai donc parlé à sa majesté le Roi pour lui notifier que je démissionne», a-t-elle déclaré. Elle restera comme la Première ministre la plus éphémère de l’histoire britannique.
En tout, elle n’a gardé le contrôle que quelques jours, entre la fin du deuil national après le décès le 8 septembre de la reine Elizabeth II et la débâcle ayant suivi son mini-budget. Au congrès du Parti conservateur au début d’octobre, l’ambiance était morose, les dissensions s’exposaient au grand jour. Dans une première volte-face, Liz Truss renonce à baisser le taux d’imposition des plus riches. Son autorité et son contrôle du parti semblent déjà évaporés. «J’ai compris, j’ai écouté», dit-elle alors.
Ecouté peut-être, mais compris pas vraiment, s’inquiètent ses détracteurs face à cette piètre oratrice qui répète «croissance, croissance, croissance», et semble imperméable aux critiques. Le 14 octobre, sous la pression de son parti, de plus en plus inquiet, et alors que des noms circulent déjà pour la remplacer, elle limoge son ministre des finances et convoque une conférence de presse. Robotique, elle se dit «absolument déterminée» à poursuivre sa mission, explique qu’elle est allée trop loin et trop vite. Elle tourne les talons après huit minutes.
Mercredi, alors qu’elle est huée par les députés, elle affirme «je suis une battante, pas quelqu’un qui abandonne». Nouveau coup dur : sa ministre de l’intérieur, Suella Braverman, quitte le navire gouvernemental, qui sombre un peu plus chaque jour, en désaccord avec Liz Truss sur la politique migratoire.
Un scrutin pour lui trouver un successeur au sein du parti conservateur aura lieu «d’ici à la semaine prochaine», a ajouté celle qui restera comme la Première ministre la plus éphémère de l’histoire britannique.
En fin de matinée, le secrétaire du groupe parlementaire conservateur, Graham Brady, a été reçu à Downing Street, suivi de la numéro deux du gouvernement, Therese Coffey, et du président du parti, Jake Berry. Un balai de personnalités qui suggérait que des tractations étaient en cours. «Ce ne sont clairement pas des circonstances que nous souhaitons voir», a réagi Graham Brady, après la déclaration de Lis Truss.

Coup dur
Une quinzaine de parlementaires conservateurs appelaient à sa démission jeudi matin, après le coup dur porté par le départ de sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman. Officiellement, la jeune ministre, issue de l’aile dure du parti, a démissionné pour avoir transmis des informations sensibles à une personne extérieure au gouvernement depuis son e-mail personnel.
Mais sa lettre de démission sonnait comme une charge contre le changement de cap politique, après la reprise en main par le nouveau ministre des Finances, Jeremy Hunt. «J’ai des inquiétudes sur la direction prise par ce gouvernement», dit-elle dans cette lettre, où elle estime avoir «brisé certaines promesses du programme».
Nommée le 6 septembre 2022 à Downing Street, Liz Truss a rapidement perdu en autorité au sein de sa majorité. Son programme de baisses d’impôts, annoncé le 23 septembre, a été mal reçu sur les marchés, en l’absence de financement clair. La Première ministre a progressivement reculé sur chaque élément de son plan, avant de limoger son ministre des Finances, Kwasi Karteng.
Dans le contexte actuel, le leader de l’opposition, Keir Starmer, a appelé une nouvelle fois à une élection générale. «Les conservateurs ne peuvent pas réagir à la dernière pagaille qu’ils ont semé en se contentant de claquer à nouveau des doigts et de remanier les personnes au pouvoir sans le consentement du peuple britannique», a-t-il déclaré.

Econews