Aubin Minaku, vice-président du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), a été convoqué ce lundi 24 mars 2025 par l’auditorat général militaire, dans un contexte de regain de pressions judiciaires contre les proches de l’ancien président de la République Joseph Kabila. Une convocation aux motifs non officiels, mais qui alimente les craintes d’une détention imminente, risquant d’enflammer une situation politique déjà volatile.
Cette nouvelle convocation s’inscrit dans une série de mesures visant des cadres du PPRD, restés fidèles à Joseph Kabila. Début mars, Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti, et son adjoint Ferdinand Kambere, avaient déjà été auditionnés par la justice militaire. Selon des sources proches du dossier, Minaku serait cette fois « en grave danger d’être placé en détention préventive », une hypothèse qui jetterait de l’huile sur le feu dans un pays où le pouvoir actuel prône officiellement l’«unité nationale».
Les accusations précises pesant sur Minaku n’ont pas été dévoilées. Toutefois, des observateurs évoquent des soupçons liés à des « affaires de sécurité d’État » ou à des dossiers financiers opaques remontant à l’ère Kabila. Le flou entretenu par les autorités judiciaires nourrit les spéculations sur un possible règlement de comptes politique.
LE PPRD DENONCE UNE «CHASSE AUX SORCIERES»
Dans un récent communiqué, le PPRD a condamné «la criminalisation de l’opposition et la persécution des voix dissonantes». Le parti de Joseph Kabila accusait le régime du Président Félix Tshisekedi d’instrumentaliser la justice militaire pour museler les alliés du président de la République honoraire, affaiblis depuis leur déroute aux législatives de 2023. «Ces convocations répétées visent à asphyxier politiquement notre formation. C’est une stratégie de diversion face aux échecs du gouvernement», a déclaré un cadre du PPRD à Econews.
Du côté de l’auditorat militaire, aucune réaction officielle n’a filtré. Les procédures restent classées secret défense, une pratique dénoncée par les défenseurs des droits humains, qui y voient une entrave au droit à un procès équitable.
La convocation de Minaku intervient dans un moment critique. Alors que le président Tshisekedi appelle à «l’union sacrée » pour faire face aux défis sécuritaires et économiques, cette escalade judiciaire risque de creuser les fractures. «Cela ressemble à une guérilla juridico-politique. Chaque camp utilise ses leviers pour affaiblir l’autre, au mépris de la stabilité nationale», analyse un politologue.
Si Aubin Minaku est effectivement incarcéré, le PPRD promet une «réponse proportionnée». Certains redoutent un retour des tensions de 2018-2023, lorsque les affrontements entre pro-Kabila et pro-Tshisekedi avaient paralysé les institutions.
Pour l’heure, la balle est dans le camp de la justice militaire. Mais dans les coulisses, la médiation de figures religieuses et d’ambassades étrangères serait en cours pour éviter l’embrasement.
Econews