Sénat : la guerre des Sages

Le premier est âgé de 85 ans. A ce titre, il préside le bureau d’âge du Sénat. C’est Pascal Kinduelo. Homme d’affaires avisé, il fut le propriétaire de la dernière banque commerciale à capitaux entièrement congolais vendue depuis. Le second, du haut de ses 93 ans, peut aussi se prévaloir d’un passé élogieux au service de la République. C’est Jonas Mu-kamba Kadiata Nzemba, ancien gouverneur de l’Equateur mais surtout connu pour avoir dirigé pendant des décennies la MIBA.

Il vient de réussir l’exploit de se faire élire sénateur en Equateur, loin de ses terres ancestrales du Kasaï. Seulement, il est arrivé à la chambre haute alors que le bureau était déjà installé sans possibilité de révision. Qu’il revendique le perchoir à quelques jours de l’élection du bureau définitif perd tout son sens. La jurisprudence démontrant en effet que jadis, Christophe Mboso était bel et bien installé au bureau d’âge de l’Assemblée nationale, en dépit de la validation ultérieure d’un autre député plus âgé que lui.

Les deux Sages sont parfaitement au courant des mécanismes de fonctionnement des deux chambres du Parlement. Il est alors inconcevable qu’ils se disputent le perchoir. A moins que la « guerre » ne soit le fait de leurs fanatiques incontrôlés respectifs qui s’épanchent sur les réseaux sociaux.
Autant Kinduelo que Mu-kamba qui cumulent à eux deux 178 ans n’ont aucun intérêt à fournir du haut de leurs âges canoniques à leurs descendants dont la plupart d’ailleurs sont plus que quinquagénaires le spectacle désolant d’une course aux privilèges et postures de simple prestige.

L’opinion nationale déjà extasiée par leur vigoureuse longévité attend d’eux une attitude d’écoute et de sages conseils qui, transposés au Sénat, seront de bonne augure dans la recherche permanente de la cohésion nationale et de ce vivre-ensemble tant convoité.

Dans une semaine à peine, Kinduelo rejoindra dans les travées du Sénat son aîné Mukamba, à moins que par impossible, l’un ou l’autre ne soit formellement élu au bureau définitif. Dans l’un et l’autre cas, les deux sont condamnés à se côtoyer au cours des cinq années de la présente législature, sous le regard de la génération montante d’une classe politique en mal de repères de haute pédagogie.
Qui plus, les deux ont intérêt à se ménager car à la veille des élections en 2028, ils auront respectivement totalisé 90 et 98 ans. L’âge d’une nouvelle jeunesse qui les verra briguer, qui sait ? Des sièges dans l’une ou l’autre chambre du Parlement.
Il suffit de croiser les doigts !

Econews