Sit-in devant le siège de la Céni : pari risqué pour le duo Fayulu-Muzito

Après la paix des braves conclue entre le pouvoir ainsi que les Eglises catholique et protestante, le duo Fayulu-Muzito se propose de reprendre le flambeau de la résistance pour parvenir à un consensus autour de la poursuite du processus électoral. Plus question de s’allier aux laïcs catholiques (CALCC) ou protestants (Milapro). Premier test : cet appel à un sit-in devant le siège national de la Céni (Commission électorale nationale indépendante) à Kinshasa.

Un pari risqué mais nécessaire pour Adolphe Muzito et Martin Fayulu, deux derniers résistants de la plate-forme politique, Lamuka. Ils viennent de décider d’organiser un sit-in devant le siège national de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à Kinshasa. Cette fois-ci, l’appel est lancé par la branche politique des anti-Tshisekedi.

Après des rencontres entre les hommes du régime ainsi les religieux des églises catholique et protestante, des divergences ont apparu. Des déclarations musclées ont fait ressortir des divergences majeures entre les églises et les politiques, avant que le pouvoir ne décide de faire le premier pas pour dissiper les malentendus.

Dans une démarche inédite, trois chefs des institutions (Sénat, Assemblée nationale et Gouvernement), accompagné du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, sont allés, tour à tour, à la rencontre du Cardinal Fridolin Ambongo, archevêque métropolitain de Kinshasa, et le président de l’Eglise du Christ au Congo (ECC). Une réunion de conciliation entre le Président de la République et la Cénco (Conférence épiscopale nationale du Congo) a finalement scellé un nouveau pacte entre les deux parties, promettant de répartir sur « des bases nouvelles » pour l’intérêt de la RDC et de son peuple. Les politiques n’ont pas apprécié ce rapprochement entre l’Eglise et le pouvoir en place.

Ne voulant servir de marche-pied aux politiciens, le porte-parole de la Cenco, abbé Donatien Nshole, avait alors invité les partis politiques à ne plus se cacher derrière les églises dont les revendications ne visent pas l’ascension d’acteurs politiques au pouvoir.

Changement de cap

Pour l’aile dure de l’opposition, incarnée spécialement par le duo Fayulu-Muzito, le moment est venu de s’émanciper de l’Eglise pour faire entendre leur voix. C’est un pari très relevé. Mais, les deux leaders de Lamuka promettent d’y arriver, convaincus de leur ancrage sur le terrain.

En prenant l’initiative de ce sit-in, les deux résistants de Lamuka veulent désormais démontrer leur capacité de mobilisation des masses dans le pays. Ils veulent également porter sur leurs épaules toutes les revendications en lien avec l’indépendance de la Céni.

Les laïcs catholiques et Protestants auront désormais difficile à manifester, les pères spirituels de deux grandes églises de la RDC (l’Eglise catholique au Congo et l’Eglise du Christ au Congo) ayant convenu de se mettre à l’écart du jeu politique. Dans un autre régistre, le risque de voir les partisans de Joseph Kabila – qui s’entredéchirent encore au sein du FCC (Front commun pour le Congo) –  se refroidir est grand. Ils ne voudront pas servir de strapontin à Muzito et Fayulu. Et on voit également très mal ce duo composer avec ceux qui se disent encore fidèles à Joseph Kabila.

Avec ce sit-in, la vraie dimension de Muzito et Fayulu va être connue. Il n’est pas exclu que cette fois-ci, les deux leaders politiques soient vus sur le terrain pour résister contre la « politisation » de la Céni, synonyme, pensent-ils, d’élections truquées et non transparentes.

Que dire du FCC ? Pour le moment, la famille politique de Joseph Kabila, qui ne sait pas encore totalement remis du clac réussi avec le changement des rapports des forces au sein de l’Assemblée nationale, traverse une zone de fortes turbulences qui se manifestent par l’émergence en son sein d’une aile dissidente, dite progressiste, portée par Constant Mutamba et Agée Matembo.              

Face à Raymond Tshibanda, coordonnateur de la Cellule de crise du FCC, ces deux enfants terribles revendiquent désormais la paternité du FCC, tout en continuant à jurer leur loyauté à Joseph Kabila.

Le rapprochement avec le duo Fayulu – Muzito restant encore improbable, c’est en ordre dispersé que l’opposition contre Félix Tshisekedi ira sur le terrain politique, à deux ans des élections de 2023 que le tout nouveau président de la Céni, Denis Kadima, a promis d’organiser dans le «délai constitutionnel ».

Econews