Convié, début août à Belém, au Brésil, au sommet régional sur l’Amazonie, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’était engagé à organiser incessamment à Kinshasa un sommet de pays abritant les trois grands bassins forestiers du monde, à savoir le la République Démocratique du Congo, le Brésil et l’Indonésie. Le président Lula avait d’ailleurs donné son accord de principe. Kinshasa s’apprêtait à accueillir ce sommet, jusqu’à ce que Brazzaville s’interpose. Finalement, c’est au Congo-Brazzaville que les pays de trois bassins forestiers du monde vont se retrouver, au 26 au 28 octobre 2023, à l’invitation du président Denis Sassou Nguesso. Pourtant, c’est en RDC que se trouve la plus grande portion du bassin du Congo. En cette matière, Brazzaville a pris Kinshasa à contre-pied.
Contrairement au vœu exprimé par le Président de la République, Félix Tshisekedi, lors de son déplacement à Belém (Brésil) au sommet régional sur l’Amazonie, c’est finalement à Brazzaville, capitale de la République du Congo, que vont se retrouver, du 26 au 28 octobre 2023, les pays abritant les trois grands bassins forestiers du monde. Malgré l’accord forestier qui lie, depuis le COP27 de Sharm el-Sheikh (Egypte), la RDC au Brésil et à l’Indonésie en termes de protection de la biodiversité forestière, c’est Brazzaville, non signataire de ce partenaire, qui va accueillir les trois pays.
Pour que Kinshasa revoie toutes ses ambitions dans ce sens, le Président Denis Sassou Nguesso a dépêché le week-end à Kinshasa son ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, à Kinshasa pour faire part à Félix Tshisekedi des dates prévues par Brazzaville pour accueillir le sommet d’octobre prochain
Selon la direction de communication de la Présidence de la République, l’objectif de cette rencontre était de remettre effectivement l’invitation du Président Sassou Nguesso au Président Tshisekedi pour participer au sommet sur les trois grands bassins forestiers qui se tiendront à Brazzaville du 26 au 28 octobre 2023.
On rapporte que ce sommet constitue une occasion unique pour les acteurs clés des trois grands bassins forestiers, à savoir le bassin du Congo, le bassin de l’Amazonie et le bassin du Mékong, de se réunir et d’échanger sur les défis environnementaux et les mesures à prendre pour préserver ces écosystèmes précieux.
Le Président Tshisekedi a exprimé sa gratitude envers le Président Sassou Nguesso pour cette invitation et a réaffirmé l’engagement de la RDC à préserver les ressources forestières du pays. Il a également souligné l’importance de la coopération entre les nations pour faire face aux défis environnementaux communs et a exprimé sa volonté d’établir des partenariats solides avec les pays présents lors du sommet. En plus de la question environnementale, la Présidence de la RDC note que cette invitation offre également une opportunité de renforcer les liens diplomatiques entre la RDC et la République du Congo, favorisant ainsi les échanges et la coopération dans divers domaines tels que le commerce, l’investissement et la sécurité régionale.
Kinshasa pris de court
Quoi qu’il en soit, pour Kinshasa, la délocalisation de ce sommet de trois bassins forestiers du monde est un revers. Car, c’est au Brésil, en marge du sommet de Belém, que le Président Félix Tshisekedi avait lancé l’idée de convier les pays signataires de l’accord de Glasgow à un sommet à Kinshasa pour débattre des questions touchant à la préservation des forêts tropicales mondiales.
En toute logique, il était prévu que la RDC accueille ce sommet, pour autant que la RDC abrite environ 60% du bassin du Congo, tout comme le Brésil qui occupe la bonne partie de la forêt amazonienne.
L’on peut donc s’interroger sur l’intrusion de Brazzaville dans ce dossier, alors qu’à Kinshasa la logistique se mettait déjà en place pour accueillir un tel sommet. Qu’est-ce qui s’est donc passé entre Brazzaville et Kinshasa ? Difficile à dire.
Le plus évident est qu’en matière de la diplomatie forestière, Brazzaville vient de prendre une bonne longueur d’avance par rapport à Kinshasa, même si la République du Congo n’est pas signataire du partenariat signé en 2022 entre la RDC, le Brésil et l’Indonésie, en marge du COP27 qui s’était tenue à Glasgow (Ecosse).
Brazzaville prend le devant
On se rappelle que le Brésil, l’Indonésie et la RDC avaient ont officiellement lancé, en marge de la COP27 en Egypte, un partenariat pour travailler sur la préservation de leurs vastes forêts tropicales, menacées par l’exploitation et l’agriculture, dans le cadre de la recherche de solutions climatiques.
«Les représentants d’Indonésie, du Brésil et de la RD Congo ont annoncé une coopération sur la forêt tropicale et une action climatique en marge de la COP27 en Egypte le 7 novembre et ont signé un communiqué commun aujourd’hui », avait indiqué, dans un communiqué, le ministre indonésien des Affaires maritimes et des Investissements, Binsar Pandjaitan.
«Nous avons besoin de coopérer avec d’autres pour atteindre des objectifs communs. Seuls, nous pouvons faire si peu, ensemble nous pouvons faire tant », a-t-il dit, à la veille du sommet des grandes économies du G20.
Cet accord appelait à l’indemnisation de ces trois pays par la communauté internationale pour la réduction de la déforestation, en se concentrant sur des sujets communs tels que le financement climat et le prix de la tonne de carbone sur le marché des crédits carbone.
Le communiqué indonésien précisait que les pays «ont un intérêt commun à collaborer pour augmenter la valeur de leurs forêts tropicales et faire en sorte que ces forêts tropicales continuent à bénéficier au climat et aux habitants».
La RDC, qui abrite 60% des forêts tropicales du Bassin du Congo, prenait, avec cet accord, le leadership des pays du bassin du Congo.
Mais, lorsqu’il faut discuter, fin octobre, entre les trois pays des bassins forestiers du monde, c’est Brazzaville qui prend le devant pour des raisons difficiles à comprendre.
Hugo Tamusa