Sous-traitance : des jeunes entrepreneurs du Lualaba tirent à bout portant sur la FEC

Alors que la FEC (Fédération des entreprises du Congo) se montre réticente à l’option levée par l’ARSP (Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé) pour règlementer la sous-traitance dans le secteur minier, des jeunes entrepreneurs de la province du Lualaba s’interposent. Dans une déclaration adressée au Président de la République, ils apportent leur soutien à l’ARSP et alertent : « Nous avisons que toute tentative de barrer la route à la démarche entreprise par l’ARSP en rapport avec l’attribution des marchés aux sous-traitants sera considérée comme une provocation à la jeunesse longtemps frustrée et marginalisée ».

Dans sa détermination à faire respecter scrupuleusement la loi sur la sous-traitance, l’ARSP peut désormais compter sur l’accompagnement des jeunes entrepreneurs sous-traitants de la province du Lualaba, après l’attribution de divers marchés au sein de la société minière Tenke Fungurume Mining (TFM).

Dans une déclaration adressée au Président de la RDC, datée du 15 avril 2024 et faite depuis la ville de Kolwezi, chef-lieu de la province du Lualaba, ces jeunes entrepreneurs préviennent : «Nous avisons que toute tentative de barrer la route à la démarche entreprise par l’ARSP en rapport avec l’attribution des marchés aux sous-traitants sera considérée comme une provocation à la jeunesse longtemps frustrée et marginalisée ».

S’adressant directement au Président de la République, ces jeunes expliquent leur démarche en ces termes : «Par votre initiative, vous avez au mois de novembre 2022 organisé une journée de réflexion sur la jeunesse, suivie de la journée ‘Meet the Président’ en date du 30 octobre 2023 à la cité de l’Union Africaine sans oublier que plusieurs fois, vous vous êtes exprimé avec détermination pour donner de l’emploi par l’entreprenariat aux jeunes congolais. Grâce à vos actions salutaires, aujourd’hui, nous félicitons l’ARSP pour avoir, pour la première fois, dans l’histoire de la sous-traitance, procédé à une attribution équitable et juste des marchés au sein d’une entreprise principale en l’occurrence Tenke Fungurume Mining, en sigle TFM ».

«Cette expérience, la première dans l’histoire de l’entreprenariat, nous permet d’accéder à d’importantes ressources financières susceptibles de diversifier nos activités et d’engager des milliers de nos compatriotes dans des emplois sûrs, nous permettant ainsi de soutenir efficacement les différents piliers de votre deuxième mandat», notent-ils.

Tirs à volonté sur la FEC

Aussi, ont-ils décidé, malgré leurs «appartenances à plusieurs corporations», d’apporter tout leur appui à l’ARSP, s’insurgeant, par la même occasion, contre « la démarche de la FEC tendant à privatiser les recommandations aux seuls membres de cette structure qui cherche à avoir à elle seule les 100% des marchés au détriment des sous-traitants affiliés à d’autres corporations. Pourtant, de l’analyse de la liste partielle de 25 sous-traitants recommandés afin d’assurer l’exécution de grands marchés au sein de l’entreprise TFM, il ressort clairement que les membres de différentes corporations se sont tous retrouvés, la FEC et son président Robert Mulumba y compris, ce qui permet de matérialiser la vision du chef de l’Etat».

S’opposant à cette forme de discrimination que tente d’imposer la FEC, ces jeunes entrepreneurs attirent ainsi «l’attention de toute l’opinion nationale et internationale sur les manœuvres de mauvaise augure de la FEC qui est, en réalité, un arbre qui cache la forêt étant donné que plusieurs néocolonialistes dont d’importants groupes miniers en mal de positionnement combattent votre vision telle que matérialisée par le ministère de l’Entrepreneuriat. Par ailleurs, nous profitons de l’occasion pour révéler à votre meilleure attention que la FEC n’est qu’une association d’entreprises principales déguisées aussi en sous-traitants ».

Rappelant leur participation au contrôle de la sous-traitance dans le secteur privé, lancé récemment par l’ARSP, ces jeunes entrepreneurs notent que la FEC ne peut pas s’arroger le monopole de ce secteur, étant entendu, disent-ils, que : « La FEC, au regard de la loi congolaise n’est qu’une ASBL comme tant d’autres; L’appartenance à la FEC n’est pas une condition sine qua non pour avoir accès aux marchés de la sous-traitance; La FEC n’est pas la seule structure regroupant des entrepreneurs sous-traitants au Congo, il en existe plusieurs dizaines dont la nôtre; En matière de sous-traitance, la FEC se positionne comme juge et partie, donc ne peut nullement être le meilleur interlocuteur pour traiter de la question. Il s’ensuit qu’au travers de sa chambre des mines, elle joue le rôle de syndicat pour protéger parfois les intérêts mesquins des entreprises donneuses d’ordre qui n’ont jamais accepté de céder les activités de la sous-traitance aux entreprises éligibles».

A l’ARSP, ces jeunes demandent de «signer des protocoles d’accord avec toutes les corporations des entrepreneurs afin de formaliser leur collaboration ».

Ils estiment qu’à ce titre la FEC ne peut pas imposer sa loi à l’ARSP. «Nous unissons nos voix pour exprimer fermement notre opposition à l’oligarchie de la FEC qui cherche à dominer le secteur de la sous-traitance, tout comme dans d’autres domaines de la vie économique », lancent ces jeunes entrepreneurs, plus que déterminés à barrer la route à la FEC.

Econews