La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a appelé dimanche à «rester vigilant» face à «l’incertitude» encore « élevée» dans le secteur financier après les mesures prises par les économies avancées pour calmer les tensions sur les marchés.
Les institutions financières et les chefs d’Etat ont beau vouloir rassurer sur la solidité du système bancaire après les mesures prises pour tenter de mettre fin aux turbulences bancaires observées depuis quinze jours aux Etats-Unis et en Europe, les incertitudes sur le secteur financier sont loin d’être levées pour Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). Ce dimanche à Pékin, lors du Forum sur le développement de la Chine, elle a déclaré que les risques pour la stabilité financière s’étaient accrus et, face à «l’incertitude » encore «élevée», elle a appelé à «rester vigilant».
En Europe, le rachat de Credit Suisse par UBS, piloté par les autorités suisses, tout comme les récentes mesures de banques centrales pour améliorer l’accès aux liquidités, ont permis d’éviter la panique mais sans parvenir à ramener la stabilité sur les marchés. Les valeurs bancaires sur les places boursières européennes ont ainsi encore chuté vendredi, notamment Deutsche Bank (près de 10%)
Ralentissement de la croissance mondiale
Les récentes déclarations de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), réaffirmant la résilience du système bancaire, et celles du président français Emmanuel Macron ou du chancelier allemand Olaf Scholz, qui se voulaient rassurantes, n’ont pas su calmer les esprits. Le président américain Joe Biden a lui affirmé vendredi à Ottawa (Canada) que les «banques se portaient plutôt bien» et qu’il ne voyait rien «sur le point d’exploser». Il a toutefois reconnu qu’il faudrait «un peu de temps pour que les choses se calment ».
Kristalina Georgieva a réitéré sa prévision d’une année 2023 encore difficile, avec une croissance mondiale ralentie en deçà de 3% en raison des séquelles de la pandémie de coronavirus, de la guerre en Ukraine et du durcissement des politiques monétaires. Même si les perspectives pour 2024 sont meilleures, la croissance mondiale restera bien en deçà de sa moyenne historique de 3,8% et les perspectives pour la croissance mondiale restent faibles, a-t-elle avancé. Le FMI, qui a prévu une croissance mondiale de 2,9% cette année, doit publier de nouvelles prévisions le mois prochain.
Kristalina Georgieva estime que les responsables politiques des économies avancées ont réagi de manière décisive aux risques de stabilité financière à la suite de faillites bancaires mais qu’il fallait rester vigilant.
«Nous continuons donc à suivre de près l’évolution de la situation et à évaluer les implications potentielles pour les perspectives économiques et la stabilité financière mondiales », a-t-elle déclaré, ajoutant que le FMI accordait une attention particulière aux pays les plus vulnérables, notamment les pays à faible revenu où le niveau d’endettement est élevé.
Elle a également mis en garde contre la fragmentation géoéconomique qui pourrait diviser le monde en blocs économiques rivaux, entraînant « une division dangereuse qui laisserait tout le monde plus pauvre et moins sûr ».
Avec La Tribune.fr