Suspension des vols Congo Airways à partir du 15 octobre : une fin tragique

Lancée en 2014 par Matata Ponyo Mapon, alors Premier ministre, la compagnie aérienne nationale, Congo Airways, est au bord de la faillite. L’entreprise vit ces derniers instants. Parti de quatre avions (deux A320 et deux Bombardiers), Congo Airways tourne difficilement avec un seul aéronef. Avec des comptes au rouge, plombée par une dette commerciale colossale et des charges d’exploitation incompressibles, un personnel qui accuse sept à dix mois d’arriérés de salaire, un mouvement de grève couve dans l’entreprise. Par conséquent, le seul aéronef, encore en activité, devait être cloué au sol, consacrant la mort tragique d’une entreprise qui a fait rêver à son lancement en 2014.
Le personnel de la compagnie aérienne Congo Airways est en colère. Pour cause : les agents et cadres de cette entreprise, lancée avec pompe en 2014, avec Matata Ponyo Mapon, alors premier ministre, assistent à une mort programmée de leur entreprise.
Dans une correspondance, adressée le 5 octobre 2022, à Mme la ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, le personnel de Congo Airways, regroupé au sein du Collectif des agents de Congo Airways (CGA), lui fait part d’une «annonce d’un mouvement de grève et suspension des vols».
«Nous, agents/salariés de Congo Airways vous annonçons notre volonté commune d’un appel à la grève de tous les employés de l’entreprise sur toute l’étendue de la République ce 15 octobre 2022 selon l’article 39 de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006 disposant que +le droit de grève est reconnu et garanti+», lit-on dans cette correspondance. Ils précisent que «cette mobilisation prendra la forme d’une suspension des vols à compter du 15 octobre 2022 à partir de 7 H00 (heure locale de Kinshasa) jusqu’au 17 octobre 2022 à 16 H00 (heure locale de Kinshasa) décidé par les responsables de l’ensemble du personnel / salariés de Congo Airways », estimant que « cette décision concerne l’ensemble du personnel de Congo Airways et a pour cause, la préservation des droits professionnels ».
Dans la même correspondance, le Collectif prend le temps de rappeler à Mme la ministre de l’Emploi la liste de leurs revendications.
Selon le Collectif, «Congo Airways a plus de six années d’exploitation avec plus de 500 agents alors que parler du Syndicat reste un sujet tabou au risque d’être licencié (pourtant garantie par la Constitution en son article 38). Madame la ministre, nous vous prions d’autoriser la descente des inspecteurs au sein de Congo Airways pour voir si nous ne remplissons pas les critères d’installer un syndicat ».*
Quant à la deuxième revendication, le Collectif l’exprime en ces termes : «Parlant de 7 mois d’arriérés de salaire pour ceux qui ont les contrats Congo Airways et de plus de 15 mois pour les agents sous-traités, la Direction Générale de Congo Airways s’est donné le luxe de payer le 13ème mois et la collation à quelques bons visages d’une poignée de mains. Ce qui rend malade, c’est cet égoïsme de nous demander de serrer nos ceintures pendant qu’il y a une sélection délibérément nocturne de payer les uns et de tuer les autres». Il va plus loin en révélant : «Madame la ministre, en ce moment où nous parlons, certains de nos collègues chauffeurs passent nuit dans des véhicules séparés de leurs familles, faute de loyer. Nos bagagistes, nos hôtesses et pilotes font du bénévolat. Ceux qui travaillent aux comptoirs, des dispacheurs, des manutentionnaires (les derniers à toucher les avions), des TMA et le reste de ceux qui travaillent dans la production comme dans l’administration et dans la gestion des affaires courantes grincent les dents».
Le Collectif exprime enfin son désarroi : «Madame la ministre, nous avions cru en vous, au ministre de Transport, aux députés élus du peuple, à la volonté du Gouvernement de sauver Congo Airways d’entre les mains des destructeurs, mais hélas, notre voix ne s’est pas fait entendre. Voyez et constatez l’engagement de plusieurs cadres de commandement avec des salaires exorbitants (qu’elles sont les vraies motivations ?) alors que la caisse de l’entreprise saigne».
En lançant cette alerte, le Collectif espère que Mme la ministre de l’Emploi se déploiera pour «arrêter cette éruption volcanique de maltraitance volontaire à notre égard et d’augmentation du risque d’accident» qui couve dans Congo Airways.
Six ans après son lancement, Congo Airways traverse une zone de fortes turbulences. On n’est plus qu’au bord de la faillite. C’est un rêve brisé. Son initiateur en 2014, Matata Ponyo Mapon, doit sûrement avoir un cœur qui saigne.

Econews