Mercredi à l’Assemblée nationale, le ministre des Postes, Téléphones, Nouvelles techniques de l’information et de la communication (PTNTIC), Augustin Kibassa Maliba, a eu la vie sauve grâce à une majorité parlementaire qui a refusé de céder au charme d’une opposition, le FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila, qui a décidé d’en découdre avec le porteur de la taxe RAM (Registre d’appareils mobiles) – une perception controversée qui passe mal dans l’opinion publique. Kibassa s’est certes tiré des griffes de l’Assemblée nationale, mais il a pris le soin de désigner le fusible, en tout cas celui qui devra subir le martyr pour calmer la colère des élus nationaux. Il s’agit de l’ARPTC (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications au Congo).
La population congolaise a assisté impuissante à un jeu de cache-cache entre deux adversaires politiques déterminés chacun à marquer des points pour sa famille politique respective. A l’Assemblée nationale, la dernière bataille qui a opposé l’Union sacrée de la nation au Front commun pour le Congo (FCC) autour de la taxe RAM a finalement tourné à l’avantage de la majorité parlementaire.
Les députés de l’Union sacrée de la nation ne se sont donc pas détournés de la ligne tracée, lundi dernier, lors de la réunion stratégique du Fleuve Congo Hôtel à laquelle ont pris part le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, son 1er vice-président, Jean-Marc Kabund-a-Kabund, et le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Une aubaine pour le ministre des PTNTIC, Augustin Kibassa Maliba, qui s’en est tiré sans égratignures.
Comme d’aucuns l’attendaient, l’Union sacrée, plate-forme chère au Président Félix Tshisekedi, à travers sa majorité parlementaire, est parvenu à tirer Kibassa du chaudron de l’Assemblée nationale.
C’est à l’issu d’une messe « noire » de trois heures (20 heures à 23 heures) dite lundi 11 octobre 2021 au Fleuve Congo Hôtel par la coordination de l’Union sacrée, Kabund-a-Kabund et Mboso Nkodia en tête, contre les utilisateurs des téléphones mobiles qui se plaignent du prélèvement à la source de la taxe RAM par les opérateurs des communications que tout devrait se décider sur le dossier RAM.
Au cours de la messe noire du Fleuve Congo Hôtel, Jean-Marc Kabund avait déjà prévenu : «Dans le dossier RAM, il n’y a pas que la technique, c’est aussi la politique. Si aujourd’hui nous disons arrêtons ce RAM, qui va gagner… ? ».
L’Union sacrée de la nation a fait la sourde oreille aux revendications de la population qui ne jure que par la suppression de cette taxe, dite illégale et illicite.
Dans l’opinion publique, l’idéologie du Président de la République, Felix Tshisekedi, autour du slogan «le peuple d’abord» est mise à mal. Mercredi dernier, l’Union sacrée a nettement démontré que ses intérêts passent avant tout.
Le FCC de Kabila peut beau crier, Augustin Kibassa s’est tiré de la plus belle manière en prenant soin de désigner le coupable : l’ARPTC (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications au Congo).
Kibassa en Ponce Pilate
Comme Ponce Pilate de la bible, Augustin Kibassa a nié toute son implication dans la mise en œuvre de la taxe RAM, se disant prêt à porter le dossier devant le Conseil des ministres pour son avis final. A ce propos, des experts du secteur des télécommunications notent que la taxe RAM a été instituée par le décret de l’ancien Premier ministre, Ilunga Ilunkamba, n°20/005 du 09 mars 2020 modifiant et complétant le décret n°0012/15 du 20 février 2012 fixant les modalités de calcul et les taux des revenus des prestations de l’Autorité de Régulation de la Poste et des télécommunications (ARPTC).
Pour l’instant, s’il y a des enquêtes, Kibassa désigne déjà par où commencer. C’est encore et toujours à l’ARPTC, ne se disant pas gestionnaire des fonds générés par ce qu’il appelle non pas une taxe mais «une rémunération desprestations de l’ARPTC».
«En ce qui concerne la gestion des revenus du RAM, devrais-je encore une fois affirmer du haut de cette tribune, main sur le cœur, que le ministre des PTNTIC n’est pas gestionnaire des revenus tirés du RAM », a-t-il déclaré mercredi devant la représentation nationale.
Poursuivant sa ligne de défense, Augustin Kibassa a tenu à préciser que : «Compte tenu de son statut légal comme service public jouissant de son autonomie administrative et financière, le ministre de PTNTIC ne peut en aucun cas s’immiscer dans la gestion de l’ARPTC ». Et d’ajouter : «Compte tenu de nombreuses questions soulevées par les honorables députés sur la gestion des fonds perçus dans le cadre du RAM et pour la clarification de celle-ci, nous sommes d’avis que l’initiative d’une enquête parlementaire relevant des prérogatives de cette auguste assemblée ne serait pas mal venue ».
En attendant l’avis du Conseil des ministres, le ministre des PTNTIC a tenu à calmer les ardeurs de l’Assemblée nationale. « Soyez rassurer que le gouvernement mettra tout en œuvre pour apporter des solutions idoines aux cris de détresse des compatriotes exprimés à travers ses représentants légitimes que vous êtes (…) A la demande de l’option de suppression du RAM, Je me suis remis de manière officielle à la décision du gouvernement».
Tighana M.