Ils sont venus, ils ont vu et sont repartis, promettant de prendre en charge les obsèques. ‘‘Ils’’, ce sont les officiels de haut rang arrivés au marché Matadi Kibala, lieu du drame qui a emporté, mercredi dernier, vingt-cinq personnes par électrocution. Des câbles de la ligne haute tension de la Société nationale d’électricité (SNEL) ayant cédé pour se retrouver dans les flaques d’eau de pluie qui ont envahi ce lieu de négoce.
Le Président de la République, le Premier ministre, certains membres du Gouvernement, le gouverneur de la ville de Kinshasa, le bourgmestre de la commune de Mont Ngafula et des…
… responsables de la SNEL, dont le directeur général, sont allés constater les dégâts et compatir au malheur qui frappe les familles éplorées.
Il y a lieu de déplorer le fait que les corps ont été transportés à bord des taxis-bus et bus, faute d’ambulances devant provenir de l’Hôtel de ville ou de la commune où fonctionne ce marché. Et il faut également relever le fait que le Gouvernement ne doit pas se transformer en service funèbre. Il est d’ailleurs appelé à anticiper, planifier et décider de ce qu’il convient de faire.
Le Président de la République a décidé que ce marché soit délocalisé. Ce que le chef du Gouvernement ne pouvait qu’accepter. Le contraire aurait étonné. Cependant, ce n’est pas la première fois que cette délocalisation est envisagée pour éviter d’exposer les gens à d’éventuels accidents de la circulation. Le Gouvernement est condamnable pour son manque d’anticipation et l’absence de sa ferme volonté d’exécuter la décision prise. Alors que plusieurs accidents de la circulation, avec mort d’hommes et dégâts matériels importants, sont souvent enregistrés à cet endroit.
La SNEL a également sa part de responsabilité dans ce drame de Matadi Kibala. Elle cherche des faux-fuyants pour accuser l’Etat d’autoriser à construire sur les emprises ou en dessous de lignes à haute tension. Cet établissement public foule aux pieds la loi 0022 du 29 octobre 1993 qui détermine le nombre de mètres à respecter (25 m) de part et d’autre de la ligne haute tension. Comme on le voit, la SNEL est alertée pour le non-respect des dispositions sécuritaires. Sinon, on n’aurait peut-être pas connu ce mercredi noir à Matadi Kibala.
On ne peut passer sous silence la responsabilité des habitants, propriétaires ou non, de ces constructions anarchiques. Qui, en dépit du danger qu’ils courent, continuent à y rester.
C’est dire que la culpabilité incombe à tout le monde : l’Etat, la SNEL et la population.
Econews