Tragédie de la prison centrale de Makala : la sinistre «main noire » est de retour !

Les interrogations persistent sur la tentative d’évasion à la prison centrale de Makala en RDC. Les familles, sans nouvelles de leurs proches, ont été appelées à se rendre dans les morgues pour tenter de les identifier. Absent du pays au moment de cette tragédie, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, est revenu sur ce drame, lundi en réunion extraordinaire du Conseil des ministres, « n’excluant pas l’hypothèse d’une main noire tendant à saper les efforts du Gouvernement.»

La gravité des événements survenus à la prison centrale de Makala a justifié la tenue, pour la première fois, d’un Conseil extraordinaire des ministres le lundi 9 septembre. Le nombre élevé de victimes (officiellement 131 à ce jour parmi les prisonniers), les dégâts considérables causés aux infrastructures carcérales et surtout la communication gouvernementale hasardeuse autour de l’événement ont déterminé le chef de l’Etat à prendre des mesures énergiques tout en rappelant à l’ordre les membres du gouvernement Suminwa invités à adopter des méthodes cohérentes et coordonnées. Félix Tshisekedi a par ailleurs invité à une réflexion sur la possibilité de la création d’un Service du renseignement pénitentiaire appelé à anticiper et à prévenir la répétition de ce type d’incident non seulement à Makala, mais dans tous les établissements pénitentiaires à travers le pays.

LES GARDE-FOUS

Comme on pouvait s’y attendre, les événements sanglants à la prison centrale de Makala,  la nuit du 1er au 2 septembre 2024, ont occupé une place déterminante au cours du premier  Conseil des ministres extraordinaire de lundi dernier, présidé par le Président de la République. D’emblée, Félix Tshisekedi a condamné cet événement inacceptable tout en rappelant que toute vie est sacrée et mérite toute son attention.

Dans cette perspective, le gouvernement est invité à « prendre toutes les dispositions nécessaires pour parachever le rétablissement complet l’ordre à la prison centrale de Makala. Les forces de défense et de sécurité, en association avec les équipes régulières de la prison  doivent assurer un contrôle total et permanent de la situation afin de prévenir toute nouvelle tentative du genre.»

En attendant, le Président de la République a notamment demandé que lui soit soumis «endéans une semaine», les conclusions de l’enquête en cours qui devrait déterminer les causes exactes de cet incident. Cette enquête devra aussi établir les responsabilités, et des sanctions seront appliquées aux fauteurs de troubles, qu’ils soient internes ou externes à l’établissement carcéral, renseigne le compte-rendu diffusé par le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.

ENCORE UNE PROBABLE «MAIN NOIRE !»   

Le chef de l’Etat n’a pas non plus exclu l’hypothèse d’une «main noire» tendant à saper les efforts du gouvernement, dès lors qu’il a été observé une autre tentative maîtrisée à Bunia (Ituri) en date du 7 septembre. Il a recommandé une vigilance accrue de la part des forces de défense et de sécurité, précise le compte-rendu de la réunion.

Les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont été invités à lancer immédiatement, autour des autres acteurs du secteur, une réflexion sur la  possibilité de créer un Service national du renseignement pénitentiaire. Celui-ci devrait être en mesure d’anticiper et de prévenir de telles tragédies et aura pour mission de coordonner efficacement la surveillance et la sécurité au sein des établissements pénitentiaires.

NON À UN INDIVIDUAISME POPULISTE

Le chef de l’Etat est revenu sur la gestion chaotique de la communication gouvernementale dans les heures qui avaient suivi la tentative d’évasion massive à la prison centrale de Makala. «Je voudrais souligner, en faisant mienne le rappel à l’ordre de Mme la Première ministre sur ce sujet, que l’action gouvernementale doit être coordonnée et ordonnée. L’individualisme n’est pas un atout ; au contraire, nous payons tous le prix des dérapages populistes individuels. Cet état de choses est inacceptable et ne devrait plus se répéter en matière de gestion de crises », a-t-il martelé.

La Première ministre  a été engagée à y veiller scrupuleusement et à faire respecter cette cohésion.  Bien évidemment, tous les regards ont été tournés en direction du vice-ministre de la Justice Samuel Mbemba qui, aux premières heures de lundi 1er septembre, alors que les forces de sécurité s’employaient à restaurer un semblant d’ordre dans la prison dévastée, que les bâtiments incendiés fumaient encore et que le nombre de victimes n’était pas encore déterminés, déclarait qu’il y avait eu deux morts seulement et qu’aucun détenu ne s’était évadé. Il sera contredit quelques heures plus tard par son titulaire Constant Mutamba qui lui, annoncerait 129 morts dont 24 par balles et les autres ayant trouvé la mort «par étouffement» et une cinquantaine de blessés.

Econews