Tragédie de Makala : 129 morts de trop !

Tragédie à la prison centrale de Makala, intrusion au cabinet du Ministre d’Etat en charge de la Justice et Garde des sceaux. En l’espace de 24 heures, soit dans la nuit du dimanche au lundi, Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, a basculé dans l’horreur. Le bilan officiel annonce 129 morts et des blessés, alors que des ONG de la Société civile évoquent un bilan plus lourd que ça. Qu’importe ! Le plus évident est qu’une attaque, «tentative d’évasion», selon le Porte-parole du Gouvernement, «acte de sabotage», selon le Garde des sceaux, a fait mort d’hommes au cœur de la capitale. Autant les circonstances de ce carnage doit être établi, l’opinion attend également que les responsabilités soient établiesà différente échelle du pouvoir.

Dans la nuit du dimanche au lundi, Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, a été le théâtre d’une tragédie sans précédent. En l’espace de 24 heures, un événement tragique a secoué la nation, laissant derrière lui un bilan officiel de 129 morts et de nombreux blessés. Cependant, des ONG de la société civile avancent un chiffre bien plus élevé, soulignant l’ampleur de cette catastrophe.

L’incident a été qualifié de «tentative d’évasion» par le porte-parole du gouvernement, tandis que le Garde des sceaux a évoqué un «acte de sabotage». Ces déclarations témoignent de la confusion qui règne autour des circonstances de cette attaque. Ce qui est indéniable, c’est que cette intrusion au cabinet du Ministre d’Etat en charge de la Justice et Garde des sceaux a causé mort d’hommes au cœur de la capitale.

RECIT D’UN DRAME 

Rien ne pouvait présager des événements tragiques de la nuit du 1er au 2 septembre à la prison centrale de Makala, le plus important établissement pénitentiaire de la RDC. Pourtant, aux alentours de 1 heure du matin, des coups de feu ininterrompus ont retenti, annonçant une tentative d’évasion massive parmi les 15.000  de la prison construite à l’époque coloniale pour accueillir dix fois moins de pensionnaires. Comme il y a sept ans, le 17 mai 2017, le sang a coulé à Makala.

Si l’on s’en tient au bilan officiel annoncé par le ministre de l’Intérieur, 129 prisonniers qui tentaient de s’évader auraient succombé sous les balles de la police et des militaires de garde, bien que des sources indépendantes font état d’un nombre plus élevé de morts et de blessés. La tragédie de Makala était d’autant plus imprévisible que le nouveau ministre de la Justice Constant Mutamba a entrepris de désengorger les prisons, les dotant de matelas et, dit-on, fournissant trois repas par jour aux détenus. Geste spontané ou entreprise préalablement organisée, la tuerie de Makala restera dans les anales comme l’une des bavures les plus meurtrières de l’histoire des établissements carcéraux du Congo d’après l’indépendance. Et comme il est coutumier, il sera impossible d’établir les responsabilités.

C’est aux alentours de 1 heure du matin ce lundi 2 septembre que les détenus de Makala ont alerté sur les événements qui se déroulaient dans la quasi-totalité des pavillons de la prison centrale de Makala. Contrairement aux règles pratiquées ailleurs au monde, les prisonniers disposent en effet de téléphones et sont constamment en communication avec l’extérieur.

Leurs appels ont naturellement eu un écho immédiat sur les réseaux sociaux, certains internautes relayant presque en temps réel les images insoutenables de corps étalés à même le sol, des cris et des crépitements de balles des gardiens.

«EVASION» OU «SABOTAGE» 

Le Ministre de la Communication et Médias et Porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qui séjourne en Chine dans la suite du chef de l’Etat qui participe au sommet Chine-Afrique a été le premier à annoncer «une tentative d’évasion» à la prison de Makala.

Au fil des heures, des informations contradictoires circulent alors, dont celle fournie par le vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba. Arrivé sur les lieux, l’ancien directeur de cabinet de l’ancien président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso annonce un bilan de deux morts. Il est contredit quelques heures plus tard par le VPM et ministre de l’Intérieur Jacquemin Shabani qui, lui, annonce le chiffre macabre de 129 morts, dont une trentaine par balles et les autres par étouffement dans la précipitation à s’extraire de la prison. Un nombre indéterminé de femmes détenues auraient également été violées.

A ce stade, le ministre Shabani n’a pas révélé la source qui aurait confirmé la nature des décès dès lors qu’aucune autopsie n’avait été pratiquée. Il va de soi que d’autres informations soutiennent qu’au-delà du chiffre officiel, le bilan serait plus lourd, avoisinant  1000 victimes, selon l’enquête préliminaire de Human Right Watch.

Il n’en reste pas moins que la tuerie de Makala aura fit des morts de trop. Elle et intervenue le jour même où étaient enterrées à Goma les dépouilles de 200 victimes de l’agression rwandaise, et à quelques semaines seulement du massacre de Kilwa (Haut-Katanga) et de Luilu (Lualaba).

Les mobiles de la mutinerie n’étant pas connus bien que les autorités évoquent « un sabotage » du fait que le courant électrique était coupé et que le générateur de secours était tout aussi neutralisé, rien n’exonère pourtant les forces de l’ordre d’avoir usé d’une force disproportionnée face à des détenus désarmés qu’elles auraient aisément maîtrisés sans faire usage d’armes létales.

Pour l’instant, les détails de cette attaque restent flous, mais il est impératif que les circonstances de ce carnage soient établies. L’opinion publique attend des réponses claires et des mesures concrètes pour que les responsabilités soient établies à différents niveaux du pouvoir.

La tragédie de Makala soulève des questions cruciales sur non seulement la sécurité dans les établissements pénitentiaires, mais aussi le respect de la dignité humaine dans un pays qui se veut démocratique.

Econews