Mercredi noir à Kinshasa où une vingt-cinq de personnes ont trouvé la mort après le détachement d’un câble électrique haute tension au marché de Matadi Kibala. Un drame de plus qui a endeuillé la ville de Kinshasa, alors que, sur la Route nationale n°1, un accident de la circulation a fait une dizaine de morts dans la commune de la N’sele. Quant au drame de Matadi Kibala, tous les officiels congolais, dont le Président de la République, le Premier ministre, des ministres sectoriels et le gouverneur de la ville de Kinshasa, ont défilé sur le lieu du sinistre pour s’enquérir de la situation. Après cette catastrophe, il s’agit maintenant d’établir les responsabilités pour que pareil accident ne se reproduise pas. Et en cette matière, ce ne sont pas les dispositions légales qui manquent. Depuis 1993, un arrêté du ministre des Affaires foncières pose des restrictions sur le lotissement au niveau des lignes électriques à haute tension. Tout récemment, en décembre 2020, l’actuel ministre des Affaires foncières, Aimé Molendo Sakombi, est revenu sur les mêmes restrictions, en confirmant les dispositions de l’arrêté de 1993. Malheureusement, on a laissé faire, jusqu’à ce que des paisibles Congolais soient emportés par le sectionnement d’un câble électrique.
A la suite de la tragédie du marché Matadi Kibala, des interrogations fusent de partout concernant l’indemnisation des familles éplorées. Pendant que les victimes des marchés pirates de Pompage et Type K, attendent toujours d’être indemnisées, un autre dossier s’ajoute à la charge de l’Etat. Il s’agit de celui relatif au drame survenu au marché Matadi Kibala ayant causé la mort d’au moins vingt-six personnes selon le bilan officiel. Bien que le gouvernement ait décidé de prendre en charge les frais d’inhumation, les familles éplorées risquent d’attendre longtemps pour être indemnisées. Et pourtant, le meurtre du marché Matadi Kibala aurait pu être évité si le gouvernement avait vite exécuté les instructions du chef de l’Etat relatives à la modernisation de différents marchés de la capitale et la délocalisation de ce marché. Il y a ensuite la défectuosité d’équipements. Et enfin, l’occupation anarchique due au non-respect des servitudes de la SNEL malgré l’arrêté interministériel d’interdiction portant le n°0021 du 29 octobre 1993. La responsabilité incombe donc à l’Etat, à la SNEL et la population elle-même.
Sous une pluie diluvienne, la coupure, mercredi 2 février 2022, d’un câble électrique à haute tension de la Société nationale d’électricité (SNEL) a causé la mort de vingt-cinq personnes, à majorité des vendeuses au marché Matadi Kibala situé dans la commune de Mont-Ngafula.
Aussitôt informé, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est personnellement rendu sur le lieu du drame pour s’enquérir de la situation.
Tout en ayant compris le danger qu’elle court à cet endroit, la population a accepté que ce marché soit délocalisé.
Absence de planification
En effet, la problématique de la position actuelle du marché « Matadi Kibala » a été l’un des points évoqués, vendredi 7 janvier 2022, au cours de la 35ème réunion du conseil des ministres.
Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui présidait personnellement ce conseil, a, à cette occasion, attiré l’attention des membres du gouvernement sur la localisation et le fonctionnement actuel de ce marché qui causent un engorgement inacceptable de la route nationale n°1, sur l’axe Kinshasa-Matadi.
Conformément à sa volonté de doter toutes les grandes villes du pays d’infrastructures modernes fonctionnelles favorisant le dynamisme économique, le chef de l’Etat a demandé au gouvernement de mettre en place une équipe de travail chargée de réaliser une étude de faisabilité en vue de la construction d’un grand centre logistique et la délocalisation de l’actuel marché de Matadi Kibala qui permet de faire le stockage et la commercialisation des produits agricoles.
Malheureusement, le gouvernement ne fait aucun signe de vie. C’est en réagissant par rapport au drame que le Premier ministre va promettre de se pencher sur le problème du marché Matadi Kibala.
Pour sa part, la SNEL attribue la tragédie de Matadi Kibala au non-respect des lois de la République en rappelant l’arrêté n°0022 qui détermine le nombre de mètre à respecter de part et d’autre d’une ligne de haute tension. Il y a 25 mètres à droite de la ligne et 25 mètres à gauche de la ligne. Et les activités ne peuvent avoir lieu qu’en dehors de cet espace.
Au-delà de la responsabilité de l’Etat, un ingénieur géomètre et topographe ayant requis l’anonymat accable la SNEL qui ne prend pas ses dispositions pour sécuriser la population en se dotant d’équipements modernes. «S’il y avait des paratonnerres sur chaque poteau, je crois que l’impact devrait s’enfuir sur le sol. Les dispositions sécuritaires sont importantes pour la SNEL en ce qui concerne aussi les zones constructibles, surtout là où il y a des marécages. C’est le cas de Kinshasa, une ville marécageuse », a-t-il souligné.
Selon l’ingénieur-géomètre, la SNEL doit donc disposer d’éléments techniques afin que la sécurité soit garantie partout où il y a le passage des lignes à haute tension ou à basse tension ou encore ordinaires. La population a aussi sa part de responsabilité pour son refus de quitter cet endroit.
Veron K.