Trilatérale de Kinshasa sur les forêts tropicales : Tshisekedi obtient l’accord de principe du Brésilien Lula

Invité à Belèm (Brésil), les 8 et 9 août 2023, au sommet régional sur l’Amazonie, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a avancé l’idée de la tenue dans les tout prochains jours à Kinshasa d’une rencontre trilatérale entre la République Démocratique du Congo, le Brésil et l’Indonésie autour de la protection des forêts tropicales du monde. Si aucune date n’a encore été adoptée pour la tenue de cette trilatérale, le président brésilien Lula a néanmoins donné son accord de principe, disposé à faire le déplacement de Kinshasa pour débattre de cette question.
C’est hier jeudi que le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a regagné Kinshasa, après avoir assisté à Belèm, au Brésil, au sommet régional sur l’Amazonie, organisée à l’initiative du président brésilien Lula da Silva.
Invité spécial de ce sommet, aux côtés du président Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville, ce sommet a été l’occasion pour les pays de l’Amazonie de se mettre d’accord sur les moyens et les actions à mettre en œuvre pour sauver ce premier massif forestier du monde, sérieusement menacé par la déforestation.
Pour la RDC, pays qui abrite près de 60% du massif forestier du bassin du Congo, l’occasion était bien propice pour mettre sur la table des discussions la nécessité de renforcer la synergie entre le Brésil, la RDC et l’Indonésie autour du sauvetage des forêts tropicales mondiales.
Ainsi, au cours des entretiens qu’il a eus avec son homologue brésilien, le Président Tshisekedi s’est proposé d’accueillir dans les tout prochains jours à Kinshasa une trilatérale qui devrait regrouper le Brésil, la RDC et l’Indonésie autour du plan de sauvetage de trois forêts tropicales mondiales.
Un projet qui a apparemment séduit le président brésilien qui a donné son accord de principe, en attendant que toutes les parties trouvent un compromis autour d’une date précise.
«Au sujet de la trilatérale de Kinshasa, le président Lula a donné son accord de principe et sollicité un peu plus de temps de préparation. La date exacte sera confirmée par voie diplomatique après concertation des experts des trois pays concernés », a rapporté la direction de communication de la Présidence congolaise.

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Le sommet de Belèm a réuni du beau monde, dont Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzaville

L’idéal du sommet de Kinshasa
En effet, le sommet trilatéral vise à «créer une dynamique pour mieux défendre les intérêts de l’humanité et des peuples, à réduire la pauvreté et à créer les conditions d’une croissance socio-économique ».
Depuis novembre 2022, les trois pays précités ont décidé de travailler en synergie, de parler d’une même voix sur la sauvegarde de leurs pays et de favoriser le développement de leurs populations qui vivent de ces forêts.
Pour sa part, le ministre indonésien des Investissements et Affaires maritimes, Luhut Binsar Pandjaitan, a, à l’issue de l’audience lui accordée à Belém par le Président Tshisekedi, confirmé la participation de son pays au sommet trilatéral de Kinshasa, tout en réaffirmant la détermination de trois pays à faire un front commun et à travailler ensemble pour la sauvegarde de leurs forêts tropicales, poumons de l’humanité, et trouver une juste compensation en faveur de leurs populations.
Le sommet de Kinshasa mettra en lumière le bassin du Congo, deuxième du monde après l’Amazonie et dont plus de 60% couvre le territoire national de la RDC. Avec la déforestation accélérée de l’Amazonie, le bassin du Congo est en passe de prendre la première place de ce trio, notent les experts.
Le bassin du Congo, un trésor !
Intervenant mercredi au sommet de Belèm, le Président Tshisekedi s’est longuement étendu sur la grandeur du massif forestier du bassin du Congo, dont une grande partie se trouve sur le territoire de la République Démocratique du Congo.
«En effet, la République Démocratique du Congo est le deuxième massif forestier du monde. Avec ses 155 millions d’hectares de forêts qui couvrent l’équivalent de 67 % du territoire national, mon pays représente à lui seul près de 10 % des forêts tropicales du monde; près de 38% des forêts africaines et environ 60 % de celles du Bassin du Congo », a expliqué le président Félix Tshisekedi, dans son intervention. Et d’ajouter : «Egalement, près de 24,5 gigatonnes de gaz à effet de serre quotidiennement, dont les 3/4 sont concentrés sur 43 % de la superficie du pays».
Félix Tshisekedi a également démontré que les forêts de la RDC hébergent une faune et une flore riches et endémiques, qui jouent un rôle fondamental dans la régulation du système climatique mondial, au même titre que la forêt amazonienne.
«A cet énorme massif forestier, s’ajoutent de vastes étendues de tourbières, couvrant environ 101.500 km2 du territoire national. Son atout principal demeure sa capacité d’absorption de carbone qui se chiffre à près de 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 4 % des émissions mondiales », a expliqué le Chef de l’Etat.
«Ses tourbières constituent un stock naturel de plus de 30 Gigatonnes de dioxyde de carbone, l’équivalent de plus de deux ans d’émissions mondiales de gaz à effet de serre», a-t-il poursuivi.
Pour le président Félix Tshisekedi, «le sommet sur le bassin amazonien vient agrémenter et mettre en lumière le pas décisif marqué par la République Fédérative du Brésil, la République d’Indonésie et la République Démocratique du Congo qui, à travers l’adoption d’une approche globale et collaborative, ont abouti, le 14 novembre 2022, à Bali, à la Déclaration conjointe sur la Coopération autour de la forêt tropicale et l’action climatique », entre les trois pays précités.
«L’Alliance Trilatérale pour la Coopération sur les forêts tropicales et l’action climatique ainsi consacrée à Bali nous servira désormais de cadre de concertation, de partage d’expériences, d’échanges et d’actions sur les questions cruciales relatives à la forêt et à la biodiversité. À ce titre, elle pourra formuler des propositions concertées, notamment celles ayant trait aux marchés de crédit carbone », a conclu le Président Tshisekedi.
Avec ses trois forêts tropicales, l’Amazonie pour le Brésil, le bassin du Congo pour la RDC et le massif forestier Bornéo-Nékong pour l’Indonésie, ces pays pèsent énormément dans la mise en œuvre de la stratégie mondiale de lutte contre le changement climatique. La trilatérale de Kinshasa, dont la date reste à fixer, devait donc renforcer leurs liens pour exiger une juste contrepartie dans leur effort de lutte contre le changement climatique.

Econews