Élisabeth Tshala Muana Muidikayi… Décédée à Kinshasa ce jour (10 décembre 2022). Durant toute sa carrière musicale, elle a valablement défendu le rythme « mutuashi » (et la langue tshiluba), au point qu’elle sera surnommée « La Reine du Mutuashi ». Ici sa biographie.
Tshala Muana est née à Élisabethville (Lubumbashi) en mai 1958. Deuxième d’une fratrie de dix enfants, elle est la fille d’Amadeus Muidikayi (militaire) et d’Alphonsine Bambiwa Tumba (mère au foyer). En 1964, à peine âgée de 6 ans, elle perd son père, assassiné à Watsha.
C’est durant son adolescence qu’elle se lance en musique, à Kinshasa. En 1976, elle est danseuse dans le nouveau groupe de M’Pongo Love, mais quitte le groupe deux ans plus tard et enregistre un disque avec un groupe dénommé « Minzoto Wella Wella ».
Tshala Muana va par la suite intégrer le groupe d’Abeti Masikini en tant que danseuse, faisant partie de ses nombreuses « tigresses » (comme on appelait les danseuses d’Abeti Masikini).
C’est en 1981 que la carrière musicale de Tshala Muana décolle. Elle quitte le Zaïre pour la Côte d’Ivoire. A Abidjan, elle chante dans un groupe dirigé par le musicien ivoirien Jimmy Hyacinthe. L’année suivante, elle enregistre un 45 tours de douze pouces, à Paris.
« Amina », une chanson pop chantée en français, accompagne « Tshebele », un morceau basé sur le rythme « Mutuashi » des Baluba du sud du Zaïre. Le disque et les concerts en Côte d’Ivoire et dans les pays voisins contribuent à élargir sa popularité.
En 1984, Tshala Muana s’installe à Paris, qui est déjà devenu un centre de production de la musique zaïroise. Elle enregistre son premier album, « Kami », avec l’arrangeur camerounais Aladji Touré, puis deux autres, « Mbanda Matière » et « M’Pokolo » avec le guitariste Rigo Star
Tshala Muana a écrit la plupart de ses propres chansons et, contrairement à la plupart des zaïrois qui chantent en lingala et jouent la rumba et son dérivé accéléré (le soukous), Tshala Muana va se focaliser sur le rythme « mutuashi » et chanter dans sa langue maternelle.
Tshala Muana livrera ses chansons avec un contralto chaleureux, et en concert, elle ajoutera un jeu de jambes agile. Après s’être établie à Abidjan et à Paris, Tshala Muana revient à Kinshasa en 1986 pour se présenter à nouveau avec une série de concerts.
Malgré un accueil enthousiaste, le déclin économique du Zaïre rend presque impossible le maintien d’une carrière dans ce pays. Tshala gardera sa base à Paris, sortant des albums au rythme de près d’un par an et effectuant des tournées périodiques en Europe et en Afrique.
Le label américain Shanachie a publié une compilation de ses enregistrements sur CD, Soukous Siren, en 1991, bien que la plupart des contenus soient basés sur le rythme mutuashi. Tshala a également continué à enregistrer de nouveaux titres, mais à un rythme plus lent.
En 1997, après avoir passé une vingtaine d’années en Europe, Tshala Muana décide de rentrer au pays (à l’avènement de LD Kabila). Elle va alors s’engager en politique et siégera, 2000 à 2002, comme députée au sein de l’Assemblée constituante (un parlement de transition).
Lorsque Joseph Kabila créé le PPRD en 2002, Tshala Muana devient présidente de la Ligue des femmes du parti. En 2011, elle va même se représenter aux législatives dans la circonscription de Kananga, mais ne parviendra pas à se faire élire.
Tshala Muana a écrit la plupart de ses propres chansons et, contrairement à la plupart des zaïrois qui chantent en lingala et jouent la rumba et son dérivé accéléré (le soukous), Tshala Muana va se focaliser sur le rythme « mutuashi » et chanter dans sa langue maternelle.
L’artiste ne meurt jamais. Les notes, les paroles, la réflexion qu’il laisse après lui sont la continuité de son être et de sa manière d’être. Son corps ne peut que se reposer. Merci Mamou Nationale Tshala Muana.
Econews