Le Président Félix Tshisekedi était invité par le gouvernement provincial du Kasaï Central pour donner le coup d’envoi du projet d’urgence pour la résilience urbaine de Kananga. Objectif : lutter contre les érosions au chef-lieu du Kasaï Central.
Financés à hauteur de 100 millions USD, ces travaux sur le site de la SNCC, Monusco et au PK 706 s’inscrivent dans le cadre du Projet d’urgence et de résilience urbaine de Kananga (PURUK). Il s’agit de construire de gros collecteurs, de stabiliser des talus et de planter des espèces antiérosives.
Présente à cette cérémonie, la vice-présidente de la Banque mondiale, Victoria Kwakwa, dont l’institution a financé le PURUK, a affirmé que le partenariat BM-RDC est très important pour leur institution. La Banque mondiale finance plusieurs autres projets d’intérêt communautaire dans l’espace Grand Kasaï.
Il n’a rien fait
Mais sous le ciel gris de Kananga, l’accueil de Félix Tshisekedi est de saison. Froid et maussade ! L’enthousiasme des premiers jours du quinquennat a laissé place à l’amertume. A Kananga, la capitale du Kasaï Central, comme à travers le pays, tout manque. Et les effets d’annonce de la Banque mondiale n’y font rien ! Les routes sont cabossées, l’eau et l’électricité font défaut et les prix prennent l’ascenseur. Quelques calicots rappelaient à Félix Tshisekedi que les travaux du barrage de Katende sont toujours au point mort. Encore un espoir évanoui et une promesse non tenue ! Les courageux qui brandissaient ces banderoles ont été malmenés par la police et agents de la sécurité. L’exaspération grandit au sein de la jeunesse.
Sur le plan politique, dans le Kasaï Central, les choses ne vont pas mieux. De grandes figures emblématiques du régime originaires de la province croupissent en prison quand elles ne sont pas dans l’opposition ou en exil. Le sentiment de discrimination et de victimisation est réel. De quoi réveiller les rancœurs des Lulua de Kananga face aux Luba de MbujiMayi qui affichent avec arrogance tous les symboles du pouvoir dont ils revendiquent une possession sans partage.
À Kananga, les Lulua gardent au cœur le sort réservé à François Beya. Traîné injustement dans la boue, humilié par le clan Tshisekedi, le plus fameux des chefs de l’intelligence congolaise, vit aujourd’hui en exil entre la France et la Belgique. Fortunat Biselele, Jean-Marc Kabund, Mike Mukebayi ne sont pas logés à meilleure enseigne. L’ancien conseiller privé de Tshisekedi, l’ancien président de l’UDPS et le député proche de Moïse Katumbi rongent leur frein dans la prison centrale de Makala en attendant leur procès. Bien que dans des camps opposés, tous trois partagent en commun une province d’origine et la haine que leur portent les amis et courtisans de Félix Tshisekedi.
Une province rebelle ?
A Kananga, tout le monde sait que Delly Sesanga, originaire de Luiza, après une très courte lune de miel, est carrément entré en dissidence ouverte avec le pouvoir kasaïen en annonçant sa candidature à la présidentielle de décembre prochain. Si on ajoute à la liste des mécontents Claudel Lubaya, les observateurs de la vie politique congolaise relèvent que le Kasaï Central pourrait bien vite être rangé parmi les provinces opposées à Félix Tshisekedi. Elle est loin l’image d’un grand Kasaï totalement acquis au fils d’Etienne Tshisekedi ! Bien entendu la fraude de Denis Kadima et les intimidations répétées de Peter Kazadi devraient faire l’affaire pour le candidat Tshisekedi.
Après l’accueil frileux de Kananga, Félix Tshisekedi a mis le cap sur Mbuji-Mayi où il participe au jubilé d’argent de l’évêque du diocèse éponyme, Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda. Ce dernier a été nommé évêque auxiliaire de Mbuji-Mayi par le pape Jean-Paul II, le 14 Juin 1998, alors qu’il n’avait que 44 ans. onze ans plus tard, le pape Benoît XVI le nomme évêque titulaire de Mbuji-Mayi.
A Mbuji-Mayi, Félix Tshisekedi a pris part, dimanche 25 juin au stade Kashala-Bonzola, à la messe d’action de grâces, en présence des prêtres et des chrétiens de toutes les églises diocésaines.
Le court séjour dans le chef-lieu du Kasaï Oriental a coïncidé avec la projection d’une manifestation de colère des membres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti au pouvoir, pour exiger la démission du gouverneur Kabeya Matshi Abidi, aussi membre du parti au pouvoir, accusé de mégestion et d’incompétence.
En début de semaine, le Président Félix Tshisekedi devrait effectuer le déplacement du Lualaba. Cette visite présidentielle est attendue au moment où rien ne va plus entre le Chef de l’Etat et son prédécesseur Joseph Kabila et Moïse Katumbi. Entre la perquisition de la résidence de Moïse Katumbi à Kinshasa, l’arrestation de Salomon Idi Kalonda, bras droit de l’ancien gouverneur du Katanga, l’agression des évêques catholiques à Kasumbalesa, l’enlèvement et l’arrestation du commandant en charge de la sécurité de Joseph Kabila, la perquisition et le saccage de la résidence de Dunia Kilanga, secrétaire national du PPRD chargé de la mobilisation et propagande par «des hommes lourdement armés» dans la nuit du mercredi au jeudi 22 juin à Kinshasa, rien ne va plus entre Félix Tshisekedi et les deux leaders katangais.
Flanqué de Dany Banza, Jacques Kyabula, Fifi Masuka, Ghislain Nyembo, tous des seconds couteaux, le candidat Tshisekedi aura fort à faire pour calmer la tension et la colère des Katangais.
En tout état de cause, Tshisekedi n’a aucunement l’intention de chercher l’apaisement. Comme pour narguer son prédécesseur, Félix Tshisekedi a décidé d’inaugurer en grande pompe l’usine de production de germanium à STL que Joseph Kabila avait récupéré des mains du groupe Forrest.
Pour les Katangais, la coupe est pleine. Au Katanga, le Chef de l’Etat est déterminé à effacer toute trace de son prédécesseur. De la centrale hydroélectrique de Busanga au siège de l’Assemblée provinciale de Kolwezi en passant par l’aérogare ainsi que la résidence présidentielle flambant neuve, Félix Tshisekedi veut imposer sa griffe et sa paternité sur toutes les réalisations initiées par Joseph Kabila et Richard Muyej.
Tout comme à Lubumbashi, la rivalité entre les Kasaïens et les Katangais montent à Kolwezi. «On va regarder ses frères de sang qui vont aller l’accueillir», murmure un étudiant. A la veille de la tournée katangaise de Félix Tshisekedi, les feux sont au rouge.
«Sans nul doute, le régime en place se radicalise dans la dérive dictatoriale, sème la terreur et intimide tous ceux qui ont une opinion contraire», a dénoncé le secrétaire permanent du PPRD, Ramazani Shadary. Reste à savoir où s’arrêteront les intimidations, menaces et arrestations des opposants en général et des Katangais en particulier. Parmi ces derniers, certains jurent qu’ils n’ont pas encore dit leur dernier mot !
Avec lecongoquonaime.com