Un amphithéâtre et des véhicules sans appel d’offres : l’IGF retombe dans ce qu’elle combat

S’étant illustrée par de graves révélations sur la mégestion des finances publiques, l’Inspection générale des finances (IGF) voit aujourd’hui tous ces actes être passés au crible. Quand l’IGF condamne des méthodes qui facilitent le détournement de deniers publics, elle est en même temps dans l’obligation de prêcher par l’exemple en se mettant à l’abri de tout soupçon. Et lorsque le patron de l’IGF, Jules Alingete, a convié le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à l’inauguration d’un amphithéâtre, suivie d’une annonce fracassante d’une commande d’une centaine de véhicules pour les inspecteurs des finances, on est en droit de se poser des questions sur la procédure de passation des marchés actionnée au niveau de l’IGF. Tout s’est-il passé dans les normes ? L’IGF n’est-elle pas passée par le gré à gré, une pratique qu’elle dénonce parce qu’étant, selon elle, une source de détournements de fonds publics. Au patron de l’IGF de fixer l’opinion publique.

Un amphithéâtre construit sur fonds propres, selon le patron de l’Inspection générale des finances (IGF), Jules Alingete Key. Puis, la commande d’une centaine de véhicules pour le compte des inspecteurs des finances. C’est en tous les grandes réalisations qu’aligne le patron de l’IGF, ce gendarme financier qui s’est doté de la mission de traquer tous les fossoyeurs par la dénonciation des pratiques qui frisent la mégestion des finances publiques.

Ainsi, quand l’IGF convie le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à l’inauguration d’un amphithéâtre qui porte son nom, l’opinion publique s’est directement penchée sur la procédure engagée en termes de passation de ce marché public. Et plus tard, quand la même IGF annonce avoir conclu avec une banque de la place une commande d’une centaine de véhicules 4×4 pour le compte de ses inspecteurs, on peut tout autant se poser des questions sur les contours exacts de ces marchés.

Comment en est-on arrivé à la construction de cet amphithéâtre ? Y a-t-il eu un appel d’offres pour sélectionner l’entreprise chargée d’exécuter ces travaux ? Parce qu’il s’agit d’un service public, en l’occurrence l’IGF, est-ce que la Direction générale de contrôle des marchés publics a été associée à la procédure de passation des marchés ? Autant de questions sur lesquelles on aimerait bien voir Jules Alingete s’exprimer pour dissiper tout malentendu.

Et les mêmes questions se posent également sur la commande des véhicules en faveur des inspecteurs des finances. Pour un marché qui dépasse la barre d’un (1) million de dollars américains, l’IGF s’est-elle pliée à la procédure en vigueur en obtenant toutes les autorisations de l’autorité approbatrice ?

A ce niveau, on ne peut pas se lancer dans les conclusions hâtives. Mais, il faut reconnaître néanmoins quand il s’agit de l’IGF, qui se fait passer maître dans la traque des détourneurs de deniers publics, il y a de bonnes raisons de s’interroger.

Devoir d’exemplarité

En effet, l’IGF est la cheville ouvrière de la lutte contre la corruption pour l’instauration de la bonne gouvernance. Selon son patron, l’un des griefs récurrents reprochés à nos responsables des ministères du gouvernement et entreprises publiques réside dans le non-respect de la procédure de passation des marchés publics. À ce propos, l’IGF, étant la structure de contrôle, doit faire preuve d’exemplarité.

L’IGF a construit un amphithéâtre inauguré récemment par le Chef de l’état. De même, L’IGF vient d’acquérir plus d’une centaine de jeeps pour la mobilité de ses inspecteurs.

Pour faire de la bonne pédagogie, l’IGF aurait pu, par rapport à ces deux dossiers de marchés publics, mettre sur la place publique les éléments de la régularité des procédures.

Faute de cette publicité volontaire et pédagogique, l’opinion est en droit de s’interroger sur la régularité de ces deux marchés publics.

L’adage de «l’arroseur arrosé» peut-il être de mise? En tout cas, on n’est pas loin de cette hypothèse.

L’appel d’offres pour la construction d’un amphithéâtre et l’achat de véhicules a-t-il bénéficié de la publicité requise ?

En cas de marché de gré à gré, les différents ANO (Avis de non objection) ont-ils été régulièrement obtenue ?

L’IGF, étant rattachée à la présidence de la République, qui a été l’autorité contractante et l’autorité approbatrice pour ces deux marchés ? Des questions qui attendent la réponse du «flic financier en chef», Jules Alingete, pour lever toute équivoque.

Econews