Trente ans après les pillages généralisés qui avaient mis à terre l’économie congolaise, sonnant le compte à rebours d’un régime mobutiste agonisant, Kinshasa dispose depuis le samedi 10 juin d’une usine de montage automobile des autobus de marque Mercedes-Benz dont les installations ont été inaugurées par le chef de l’Etat. Les nostalgiques se souviennent des chaînes de montage de Masina (General
Motors) d’où sortaient, entre autres, les célèbres pick-up Kimalu-Malu et de Limete-Kingabwa (camions Iveco) pillées de fond en comble.
Progressivement, et le pays se relevant doucement, des concessionnaires ont fait leur réapparition sur les cendres de la non moins célèbre Azda (Agence zaïroise de distribution automobile) immortalisée dans une chanson de Franco Lwambo Makiadi. Et ce, jusqu’à la ruée des modèles japonais, coréens et chinois venus concurrencer les «ancestrales» Ford, Peugeot, Citroën et les allemands…
Mercedes-Benz (déjà !) et autres Magirus Deutz. Les nouveaux venus disputant aux marques traditionnelles, et à chaque nouvelle législature, le vaste marché de fourniture de cylindrées de luxe aux parlementaires et membres des gouvernements qui se sont succédé dans la plus pure des traditions d’une prédation institutionnalisée.
Les bus qui seront montés à Limete sont destinés dans un premier temps à fournir la société publique Transport au Congo (Transco) dont les deux premiers lots d’environ 500 véhicules acquis jadis auprès d’une chaîne de montage Mercedes-Benz établie en Egypte accusent des signes de fatigue.
En implantant son usine de montage à Kinshasa, l’Indien Harish, déjà présent dans le BTP et le secteur hospitalier, frappe un coup de maître. La conclusion d’un contrat de fourniture de bus importés en pièces détachées lui ouvre la voie vers des conditions avantageuses à l’importation dont les immanquables exonérations douanières aux termes, semble-t-il, des facilités accordées par le Code des investissements.
Les décideurs ne doivent pas tomber non plus dans le piège de la généralisation du montage local de l’électroménager, des meubles, des vélos et motos produits en Chine, en Inde ou en Corée, systématiquement importées sous mention de «pièces détachées», échappant de fait à une taxation normale. Et la mention « Fabriqué en RDC» n’induit pas nécessairement un transfert de technologies, tant que des mécaniciens congolais ne seront pas formés aux techniques complexes d’emboutissage des tôles ou de la production locale des châssis.
Econews