Un Premier ministre Ne Kongo en téléchargement, Simon Kimbangu Kiangani chez Tshisekedi : les dessous d’une rencontre

C’est une visite rarissime que celle effectuée par le chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste, sa Divinité Simon Kimbangu Kiangani, mardi à la Cité de l’Union africaine où il a été recu par le président de la République. Rarissime, car en règle générale, ce sont plutôt les dirigeants politiques qui prennent le chemin de Nkamba, dans le Kongo Central, à la recherche non seulement de bénédictions en tout genre, mais aussi dans le dessein de s’assurer le soutien de la forte communauté kimbanguiste disséminée dans les 26 provinces du pays. Que Sa divinité fasse le schéma inverse, il y a une bonne raison de s’interroger. L’importance de la visite est à mesurer à l’aune des enjeux politiques de l’heure, au moment où l’opinion nationale retient son souffle dans l’attente de la nomination d’un Premier ministre et, dans la foulée, de la formation du Gouvernement. Au-delà des discours stéréotypés des services du protocole, il ne fait pas de doute que Simon Kimbangu Kiangani aurait, sinon recommandé un nom en particulier à la Primature, mais au moins il serait resté dans la sagesse de laisser le Président de la République exercer son pouvoir discrétionnaire tout en restant focus sur le Kongo Central. Un Premier ministre Ne Kongo n’est plus une hypothèse à exclure, alors que tout se décide cette semaine.

Le Président de la Républi-que, Félix Tshisekedi, s’est entretenu, le mercredi 13 mars à la Cité de l’Union africaine, avec sa Divinité Simon Kimbangu Kiangani, chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste.

Au menu de l’entretien : l’état de la guerre d’agression dans l’Est du pays.

Simon Kimbangu Kiangani a affirmé «prier et invoquer» Dieu pour le retour rapide de la paix, invitant par ailleurs les fidèles kimbanguistes à faire de même. Il a saisi l’occasion pour féliciter le chef de l’Etat pour sa réélection.

Et bien entendu, il a remercié le chef de l’Etat pour la journée fériée du 6 avril qui consacre les sacrifices du prophète Simon Kimbangu pour l’éveil de la conscience africaine.

C’est du moins la substance de la rencontre, à en croire les sources proches de la présidence de la République.

LES NON-DITS

Mais au regard des enjeux politiques en cours, il est quasiment certain que les deux personnalités ne se sont pas limitées à un échange de bonnes manières et d’encouragements réciproques dans le respect des règles rigides du protocole d’État. Il n’est donc pas hasardeux de se projeter en avant dans une vision prospective et de mettre en phase l’audience accordée au chef spirituel de l’Eglise kimbanguiste et l’imminence de la nomination du futur Premier ministre.

D’autant plus que le déplacement de Simon Kimbangu Kiangani est intervenu vingt-quatre heures à peine après la publication par la Cour constitutionnelle de la liste définitive des 447 députés nationaux élus, et que l’informateur Augustin Kabuya met la dernière touche à la définition d’une majorité parlementaire dont serait issu le chef de l’Exécutif.

Des recoupements effectués dans les milieux kimbanguistes ont laissé entendre à Econews que le chef spirituel aurait certainement plaidé en faveur de la désignation d’un Premier ministre originaire du Kongo Central, un Ne Kongo qui serait issu de l’un des territoires de cette entité longtemps «négligée».

D’ores et déjà des noms circulent dans le milieu fermé des Kimbanguistes, dont les plus cités sont ceux de Daniel Mukoko Samba, ancien ministre du Budget, et d’André Wameso, directeur de cabinet adjoint du Chef de l’Etat en charge des questions économiques. L’un et l’autre viennent en plus d’être élus députés nationaux et jouiraient d’une confiance relative au sommet de l’Etat et présenteraient des profils idoines pour diriger le Gouvernement.

POUR UNE ROTATION GÉOPOLITIQUE

Cette thèse est confortée, selon ses tenants, par un souci d’équité fondé sur une rotation géopolitique et un équilibre régional lors des nominations des premiers ministres en particulier et des membres du gouvernement en général.

En effet, le chef de l’Exécutif sortant, Sama Lukonde, est originaire de l’ex-Katanga. Il avait été précédé, en ordre croissant par un autre Katangais, le professeur Ilunga Ilunkamba.

Avant eux s’étaient succédé Bruno Tshibala, Samy Badibanga (Kasaï), Augustin Matata Ponyo (Maniema), Adolphe Muzito et Antoine Gizenga (Bandundu). Le temps est donc arrivé pour qu’un Ne Kongo prenne les rennes du premier gouvernement du second et dernier mandat de Félix Tshisekedi.

Cependant, les Ne Kongo ne seraient pas intéressés par la seule Primature.

Des tractations en cours pour l’occupation du perchoir à l’Assemblée nationale seraient également dans la ligne de mire des cercles Ne Kongo qui rappellent à chaque occasion qu’aucun d’entre eux n’a occupé ce poste depuis les premières élections démocratiques de 2006.

La question aurait cependant été laissée à l’arrière-plan de l’entrevue entre Félix Tshisekedi et Simon Kimbangu Kiangani, dont l’intérêt de l’occupation de la Primature par un Ne Kongo est primordial.

ECONEWS