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Le «oui mais» à l’Ukraine
Le principal sujet abordé au sommet de Vilnius : la réponse de l’Alliance à la guerre de la Russie en Ukraine.
«L’Ukraine est prête à rejoindre l’Otan. Nous attendons que l’Otan soit prête à accueillir l’Ukraine », a déclaré plusieurs fois Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Son pays réclame aussi d’intégrer l’Otan une fois la guerre terminée. Les pays d’Europe de l’Est soutiennent l’Ukraine dans sa demande. Selon eux, cela dissuaderait la Russie de lancer de nouvelles offensives dans la zone à l’avenir.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, est plus mesuré : « Il n’est pas possible pour un Etat d’adhérer à notre alliance de défense lorsqu’il est en guerre, rappelle-t-il. L’une des conditions pour l’adhésion est que tous les différents frontaliers soient réglés ».
Liens renforcés
Les Etats-Unis et l’Allemagne ne comptent pas définir tout de suite une feuille de route détaillée, même si l’Ukraine pourrait bénéficier d’une sorte de procédure accélérée, en n’étant pas obligée notamment de se plier au «Membership action plan», qui pose certaines réformes comme conditions préalables à une adhésion.
Dans un premier temps, l’Alliance atlantique entend aussi renforcer les liens avec Kiev en mettant sur pied un Conseil Otan-Ukraine ainsi qu’un plan pluriannuel qui permette à l’Ukraine de se rapprocher des standards militaires occidentaux.
En marge du sommet, le Royaume-Uni, la France, les Etats-Unis et l’Allemagne pourraient aussi promettre à l’Ukraine de bénéficier pendant plusieurs années de livraisons d’armes supplémentaires.
Un accord multilatéral de coopération militaire pourrait être signé qui s’inspire de celui qui relie les Etats-Unis à Israël, par exemple.
Les Etats-Unis suggèrent par ailleurs de livrer à Kiev des bombes à sous-munitions. Ce type d’armements soulève des problèmes éthiques, car le «Processus d’Oslo » a été lancé en 2008 pour les interdire.
L’Ukraine argumente cette demande par le manque de munitions à sa disposition pour contrer l’offensive russe.
Sur ce point, les Etats d’Europe de l’Ouest sont réticents, tandis que les pays frontaliers de la Russie y sont plutôt favorables.
La semaine dernière (le 6 juillet), Human Rights Watch a publié un rapport selon lequel « des armes à sous-munitions ukrainiennes auraient tué des civils ». La Russie aussi a utilisé ce type d’armes dans plusieurs villes ukrainiennes. HRW appelle les Etats du monde à ne pas livrer aux parties en conflit ces armes qui font de nombreuses victimes civiles.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé à la mi-journée [10.07.23] que la Russie considèrerait une adhésion de l’Ukraine à l’Otan comme une «menace» et que celle-ci aurait des conséquences «très, très négatives sur l’ensemble de l’architecture de sécurité européenne ».
Adhésion de la Suède à l’Otan ?
Autre dossier épineux : l’adhésion de la Suède à l’Otan. Pour qu’un Etat puisse rejoindre l’Alliance, il faut que ses membres soient unanimement d’accord.
Or, la Turquie s’oppose à l’adhésion de la Suède. Officiellement, Recep Tayyip Erdogan reproche au pays scandinave de maintenir un embargo sur la vente d’armes à la Turquie et surtout son soutien au mouvement kurde PKK, considéré par Ankara comme une organisation terroriste.
Mais ce refus permet aussi à la Turquie d’utiliser ce levier pour réclamer à l’Union européenne la réouverture des négociations pour son adhésion, lesquelles sont au point mort depuis 2020.
Le président turc fait valoir qu’il pourrait alors changer d’idée sur la Suède, comme il l’a fait pour la Finlande.
Financement de l’Otan
Côté budget enfin, 11 pays membres de l’Alliance sur 31 devraient atteindre ou dépasser les 2% de leur PIB consacrés aux dépenses militaires d’ici à 2024. C’était un engagement pris en 2014, suite à l’invasion de la Crimée par la Russie.
Désormais, ces 2% seront un minimum imposé. Mais plusieurs Etats estiment qu’ils mettront plusieurs années avant de pouvoir atteindre cet objectif.
Avec DW