Entre Kinshasa et Kigali, il y a une accumulation des nuages qui annonce une grande tempête. Après des mois de noces, les deux capitales de la région des Grands Lacs se regardent en chiens de faïence. Pour cause, il y a le réactivisme des rebelles du M23 qui a fini par amener Kinshasa à regarder de plus près ce qui se passe chez son voisin rwandais.
A Kinshasa, on n’hésite pas à nommer Kigali comme instigateur du retour en force des rebelles du M23. Sur le champ des opérations, la reconstitution des faits a été telle que Kinshasa ne se fait plus de doute sur la main noire de Kigali.
Décidément, les deux pays, qui affichaient jusqu’alors devant le grand public une amitié sincère et parfaite, se détestent désormais. Et le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, qui pensait avoir trouvé en son homologue Paul Kagame un bon allié dans la région, a fini par déchanter.
En réalité, quand il s’agit de défendre sa sécurité – c’est ce qui est toujours dit depuis Kigali – ou protéger ses intérêts, le Rwanda ne se gêne pas de déployer les gros moyens. Généralement, c’est la voie de la guerre qui est choisie en suscitant une rébellion dans la partie Est de la RDC. Ça a été toujours ainsi depuis la guerre, dite de libération de 1996, menée à partir des territoires ougandais, rwandais et burundais. «Chassez le naturel, il revient au galop », dit-on.
Il ne faut pas être myope pour ne pas comprendre qu’il y a bel et bien des tensions en l’air entre Kinshasa et Kigali. Retranché à Kigali, Paul Kagame a boycotté, à deux reprises, des rencontres où l’on discutait les grands dossiers de la sous-région des Grands Lacs.
A Oyo, au Congo-Brazzaville, le président rwandais n’a pas été aperçu à la quadripartite initiée par le président Denis Sassou Nguesso, tout comme à Kinshasa où le président rwandais a décliné l’invitation au sommet sur le Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, dont le pays est pourtant cosignataire.
Kigali ne joue plus au cachotier dans la situation de crise qui le lie désormais à Kinshasa. Les deux pays ne se côtoient plus. La belle amitié de l’époque se conjugue au passé, laissant place à l’animosité.
Pour Félix Tshisekedi, la déception est grande. Son désir de jeter un nouveau pont avec Kigali a fondu comme neige au soleil. Il doit maintenant composer avec un voisin gênant avec qui il ne partage plus la même vision dans la région des Grands Lacs.
Econews
