Une coalition est née à Lubumbashi : Matata, Katumbi, Sesanga et Fayulu unis contre Tshisekedi

Quatre opposants, tous candidats déclarés à la présidentielle du 20 décembre 2023, ont donné, vendredi à Lubumbashi, le signal de départ d’actions communes pour contrer le Président de la République, Félix Tshisekedi, et lui barrer la route d’un éventuel deuxième mandat à la magistrature suprême.

«Nous décidons d’unir nos idées et forces pour mener des actions communes en vue d’obtenir l’organisation dans les délais constitutionnels d’élections transparentes, impartiales, inclusives et apaisées », ont affirmé les quatre leaders dans une déclaration commune.

Les signataires sont Martin Fayulu (ECiDé), déjà candidat à la présidentielle de 2018, l’ancien gouverneur du Grand Katanga Moïse Katumbi (Ensemble pour la République), l’ex-Premier ministre Augustin Matata (LGD) et le député national Delly Sesanga (ENVOL).

A Lubumbashi, trois absences de taille ne sont pas passées inaperçues. La première est celle du prix Nobel de la paix 2018, Dr Denis Mukwege, initialement annoncé à Lubumbashi. Les deux autres sont le président de la République honoraire, Joseph Kabila, et Adolphe Muzito, leader du Nouvel Elan. Si ces deux derniers se réclament aussi opposants à Félix Tshisekedi, ils n’ont pas, pour l’instant, été associés à la dynamique créée vendredi à Lubumbashi.

Quoi qu’il en soit, l’annonce du conclave de Lubumbashi est interprétée comme les prémices d’une possible nouvelle plateforme, voire, à terme, d’une candidature commune face au président sortant, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à sa réélection. A ce jour, plus d’une dizaine de personnes ont annoncé leur intention de se présenter à la présidentielle de décembre prochain, qui est un scrutin à un seul tour.

Malgré la déclaration commune, les quatre leaders ne sont pas alliés jusque-là, se dit-on dans leurs rangs. Mais, dans leur déclaration commune, très dure à l’égard du pouvoir du Président Félix Tshisekedi, ils ont annoncé leur intention de mener ensemble « une série d’actions », « au nom de la population congolaise meurtrie, qui se sent abandonnée dans des conditions de plus en plus intenables face à des autorités congolaises qui s’enrichissent de manière scandaleuse ».

Pour éviter tout malentendu autour de la déclaration commune de Lubumbashi, Ensemble pour la République, le parti politique de Moïse Katumbi, précisait sur son compte twitter : «Il s’agit de la Patrie et non des individus ! Que vive la République Démocratique du Congo forte, unie et indivisible ».

«La première activité sera une grande marche le 13 mai prochain à Kinshasa», ont-ils indiqué, destinée à « dénoncer l’insécurité grandissante, la vie chère et la misère du peuple, le processus électoral chaotique ».

Sur son compte twitter, Salomon SK Della, l’un des fidèles lieutenants de Moïse Katumbi, annonce déjà les couleurs de la nouvelle dynamique de Lubumbashi : «Guerre, insécurité, pauvreté et vie chère, corruption… Face à la situation catastrophique de la RDC, les Congolais doivent se mobiliser pour avoir le droit d’élire dans la transparence des dirigeants compétents. Rendez-vous le 13 mai à Kinshasa pour exiger de vraies élections ! »

Econews

Déclaration commune de Lubumbashi

Nous, signataires de la présente déclaration, Animés par la volonté de sauvegarder l’unité et la souveraineté de notre Nation et bâtir un État de droit fondé sur une véritable démocratie dans le respect de nos diversités; Considérant l’injustice, l’impunité, le népotisme et le tribalisme devenus un mode de gestion par excellence du pouvoir politique actuel;

Considérant la dégradation dramatique de la situation sécuritaire, économique, sociale et politique du pays, causée essentiellement par le déficit chronique de leadership et de gouvernance des animateurs des institutions en place;

Attendu que l’insécurité généralisée règne sur l’ensemble du territoire national et que les violences et les tueries dans le Grand Kivu et l’Ituri qui s’étendent maintenant sur les autres parties du pays, notamment dans le Haut-Katanga, le Mai-Ndombe, le Kwilu et la partie Est de Kinshasa procèdent principalement de la défaillance de l’État et de la volonté de certains pays voisins de déstabiliser notre pays pour piller les ressources naturelles de la RDC en cherchant à la balkaniser à leur profit;

Considérant d’une part, la volonté affichée et inacceptable du pouvoir politique en place de violer constamment la Constitution et les lois du pays, et d’autre part, d’instrumentaliser les institutions exécutive, parlementaire, judiciaire, fiscale et policière en vue d’écarter des candidats déclarés ou non à l’élection présidentielle notamment par des propositions de lois discriminatoires, de limiter leurs déplacements à l’intérieur et à l’extérieur du pays ou de les priver des moyens de financement de leur campagne;

Convaincu que la révision de la loi électorale ainsi que la désignation des membres de la Commission électorale indépendante (CENI) et de la Cour constitutionnelle se sont déroulées en violation flagrante de la Constitution, des lois et règlements en vigueur ;

Convaincu que le processus d’identification et d’enrôlement des électeurs en cours est un fiasco qui ne peut nullement conduire aux élections transparentes, impartiales et apaisées;

Convaincu que le niveau de corruption et de détournement des fonds publics par les acteurs politiques a atteint des proportions inquiétantes et endémiques;

Considérant le train de vie scandaleux des institutions et des hommes politiques, le pillage systématique des ressources naturelles, l’exploitation frauduleuse des richesses du pays par une poignée d’individus et la détérioration du cadre macro-économique qui se manifeste notamment par l’accumulation des arriérés des salaires, la dépréciation accélérée du franc congolais par rapport aux devises étrangères et la flambée des prix, particulièrement des produits de base, avec comme conséquence la misère croissante de la majorité de la population;

Relevant que les institutions actuelles sont incapables de répondre efficacement aux défis sécuritaires, politiques, économiques et sociaux qui plombent le développement socio-économique du pays;

Réaffirmant que seuls les institutions et les dirigeants légitimes et compétents issus des élections crédibles peuvent mobiliser la population et les partenaires du pays pour assurer son intégrité territoriale, bâtir un État de droit où les Congolais pourront vivre en paix et instaurer la bonne gouvernance;

De ce qui précède,

Nous déclarons solennellement notre attachement sans faille à la Constitution et aux lois du pays ainsi qu’à leur application stricte et par conséquent nous nous opposons catégoriquement à tout projet de révision constitutionnelle à quelques mois des élections;

Conscients de nos droits et devoirs sacrés fixés à l’article 63 de la Constitution pour la défense de l’intégrité territoriale face à l’agression actuelle, nous ne ménagerons aucun effort pour que la RDC reste unie et indivisible.

Ainsi, nous exigeons :

1. La désignation consensuelle des animateurs des organes de la CENI;

2. La révision de la loi électorale; 3. La recomposition de la Cour constitutionnelle;

4. La fin de l’instrumentalisation des institutions politiques, judiciaires et fiscales contre les candidats présidents;

5. La fin des arrestations arbitraires hommes politiques, journalistes, activistes de la société civile – et la libération de tous les prisonniers politiques;

6. La fin des tueries dans le Grand Kivu, en Ituri, dans le Grand Katanga, dans le Grand Bandundu et à l’Est de Kinshasa;

7. La conduite urgente d’un audit externe des opérations d’identification et d’enrôlement en cours en vue de la production d’un fichier électoral intègre reflétant les réalités démographiques de chaque circonscription électorale; 8. La présence des observateurs nationaux et internationaux pendant tout le processus électoral:

Au nom de la population congolaise meurtrie qui se sent abandonnée dans des conditions de plus en plus intenables face à des autorités congolaises qui s’enrichissent de manière scandaleuse, nous décidons d’unir nos idées et forces pour mener des actions communes en vue d’obtenir l’organisation, dans les délais constitutionnels, des élections transparentes, impartiales, inclusives et apaisées.

Nous appelons la population congolaise à résister, à exercer une vigilance citoyenne et à ne plus assister impuissante à la déliquescence de la République et au pillage de ses ressources;

Dans ce cadre, nous, signataires de la présente déclaration, nous nous engageons à demeurer solidaires dans l’unité d’idées et d’actions pour faire aboutir la lutte du peuple congolais pour un véritable État de droit et demandons à toutes les Congolaises et à tous les Congolais qu’ils soient au pays ou dans la diaspora, à toutes les forces politiques acquises au changement ainsi qu’à la Société Civile à se mobiliser afin de prendre le destin de notre pays en mains.

En conséquence, une série d’actions sera mise en oeuvre pour faire aboutir nos revendications qui sont l’expression du peuple congolais tout entier. La première activité sera une grande marche le 13 mai prochain à Kinshasa pour dénoncer:

1. L’insécurité grandissante;

2. La vie chère et la misère du peuple; 3. Le processus électoral chaotique

Il s’agit de la Patrie et non des individus !

Que Vive la République Démocratique du Congo forte, unie et indivisible !

LUBUMBASHI, LE 14 AVRIL 2023

LES SIGNATAIRES

Martin FAYULU MADIDI

Moise KATUMBI CHAPWE

Augustin MATATA PONYO

Delly SESANGA HIPUNGU