Union sacrée de la nation : l’AFDC-A de Bahati crie à l’injustice et menace de reconsidérer sa participation

L’Union sacrée de la nation (USN) semble encore loin d’émerger des turbulences qui la secouent depuis la mise en place du Gouvernement Suminwa. Après la fronde qui a éclaté au sein du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, c’est désormais l’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC-A), dirigée par Modeste Bahati Lukwebo, qui exprime son mécontentement.

Actuel 2ème vice-Président du Sénat, Modeste Bahati n’hésite pas à rappeler aux acteurs politiques l’importance de son groupe au sein de la majorité, se positionnant dans le carré d’As des forces politiques de l’Assemblée nationale. Dans la perspective de nomination de nouveux mandataires dans les entreprises du Portefeuille de l’Etat, l’AFDC-A exige une reconnaissance claire de son poids politique lors des discussions sur le partage des responsabilités.

Les avertissements de Bahati ne passent pas inaperçus: il insiste sur la nécessité d’une contrepartie significative en retour de son influence au sein du gouvernement. Sous cette pression, ses différentes fédérations – huit de la ville de Kinshasa et d’autres en provinces – envisagent sérieusement de reconsidérer leur participation à la majorité. Une question brûlante reste en suspens : l’AFDC-A est-elle réellement prête à quitter le navire ou s’agit-il d’une manœuvre tactique pour obtenir davantage dans les prochaines négociations autour des entreprises du Portefeuille de l’Etat ?

LE BATON…

«Eu égard au respect aux résultats obtenus après élections de 2023 et toutes les consultations auprès de l’informateur et même de la Première Ministre, il en était sorti qu’il fallait disposer de dix députés nationaux pour occuper un ministère », commence, par rappeler, dans leur déclaration, les présidents de huit fédérations de l’AFDC-A/Kinshasa.

«L’AFDC-A ayant gagné 13 sièges de sénateurs, 40 députés nationaux, 77 provinciaux et 94 conseillers communaux, ceci la place comme la deuxième force politique après l’UDPS et sa mosaïque de partis politiques. Par voie de conséquence politique et juridique, l’AFDC-A devrait en toute équité aligner au moins quatre ministères consistants au lieu de deux ministères dépouillés de l’essentiel sans explication et sans la moindre considération », se plaignent-ils.

Par conséquent, ces fédérations demandent, en premier lieu, aux décideurs de l’Union sacrée, «la réparation» de l’injustice dont elles estiment leur formation politique victime. «Ça ne sera que justice », clament-elles. Avant de se tourner vers le bureau politique du parti : «Au directoire de notre parti de clarifier notre position actuelle au sein de l’Union sacrée de la nation et de réévaluer notre partenariat en son sein ».

Sans verser dans la démagogie, l’AFDC-A se tient prête à toute éventualité : rester dans l’Union sacrée ou quitter ?

Aussi, ces fédérations demandent-elles au directoire de «préparer tous les organes et tous les militants du parti à toute éventualité », exprimant la nécessité d’un congrès pour définir une position commune du parti.

A cet effet, les chefs de ces fédérations sollicitent «avec empressement la tenue d’un congrès extraordinaire en vue de statuer sur cette grave situation ».

…Et La Carotte

Cependant, l’AFDC-A n’écarte pas un compromis en interne au sein de l’Union sacrée. Les huit fédérations terminent leur déclaration sur un ton conciliant : «Aux partenaires politiques de l’Union sacrée de la nation de considérer à juste titre le poids politique de notre regroupement et de nous rétablir dans nos droits mérités ».

A tout prendre, cette situation soulève des interrogations sur la stabilité de l’USN et sur ses prochaines manœuvres politiques. Les dissensions au sein de la majorité pourraient bien nuire à l’efficacité du gouvernement Suminwa, déjà mis à l’épreuve par des vents de contestation. Dans un contexte où le pays a besoin d’une direction unie et cohérente, ces tensions internes mettent en lumière les fragilités de l’Union sacrée.

Pour l’heure, le climat reste tendu et les scénarios alternatifs se multiplient, laissant présager des développements intéressants au sein de la sphère politique congolaise. Les prochaines semaines pourraient révéler si l’AFDC-A choisit de manœuvrer pour renforcer sa position ou si elle prendra le risque de se retirer du jeu politique en cours.

Hugo Tamusa