Validation et endossement du document de Projet d’appui à l’atteinte des jalons de la LOI CAFI – RDC (2021 – 2031)

Au FONAREDD (Fonds National REDD), l’heure est à la validation et l’endossement, sous la supervision de son secrétaire exécutif, Bavon N’Sa Mputu Elima, du document de Projet d’appui à l’atteinte des jalons de la loi CAFI (Initiative pour la forêt d’Afrique Centrale) – RDC, pour la période 2021-2031. Vendredi 2 février à Elaïs Hôtel (Kinshasa), des experts étaient en réunion pour franchir cette étape.

C’est au cours d’un atelier organisé par le Fonds National REDD (FONAREDD) que les Secrétaires généraux, les chefs des entités (Directeurs généraux et Coordonnateurs), et les délégations des ministères et entités concernés ont analysé le document – Projet harmonisé par le Secrétariat exécutif du FONAREDD dans ses principales composantes suivantes : Agriculture, Aménagement du territoire, Forêt, Plan, Mines, Hydrocarbures,  ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives),  ACE (Agence congolaise de l’environnement).

Cet atelier avait un double objectif, à savoir Présenter les grandes lignes du document de projet (PRODOC) d’appui aux jalons de la LOI 2 retenues pour chaque ministère sectoriel (Aménagement du territoire, agriculture, plan et Environnement et Développement durable, Mines, Hydrocarbures) et entités spécialisées (ITIE, ACE); Procéder à l’endossement du document de projet d’appui à la réalisation jalons de la LOI 2 de 2023 à 2025 des ministères sectoriels et entités spécialisées.

Les jalons pris en compte dans la conception et la finalisation de ce PRODOC (document de programme) sont ceux à mettre en œuvre en 2023, 2024 et 2025 par les ministères sectoriels et entités spécialisées.

Suite à des discussions fructueuses, qui ont permis l’inclusion de commentaires dans le document projet, les parties prenantes au processus ont validé et endossé le document de projet d’appui à l’atteinte des jalons de la LOI 2 (jalons de 2023 à 2026).

Il convient de se souvenir que lors de la signature de la LOI 2, la RDC s’était engagée à œuvrer, en partenariat avec CAFI, dans l’objectif d’arrêter et inverser la perte de forêts et la dégradation des terres d’ici 2031, tout en assurant un développement durable en faisant la promotion d’une transformation rurale inclusive.

Le cadre du projet

Il y a lieu de rappeler que le programme d’appui aux jalons a été prévu dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième lettre d’intention (LOI 2 RDC-CAFI) en vue de permettre au gouvernement congolais d’honorer ses engagements de réaliser certains jalons qui étaient prévus aux différentes échéances de 2023 à 2025.

Etant donné que des partenaires spécifiques de mise en œuvre n’ont pas été identifiés pour accompagner les différents ministères à mettre en œuvre, dans les délais convenus, les jalons qui incombent à leurs ministères et entités spécialisées (ITIE et ACE notamment) respectifs, il a été convenu qu’un document de programme (PRODOC) unique, sous la direction du Secrétariat exécutif du Fonds National REDD (SE FONAREDD), soit préparé pour ce faire. C’est ainsi que ce PRODOC prend sa raison d’être et est aligné dans la programmation Fast-Track.

A cet effet, une retraite a été organisée à Zongo (Kongo Central), du 20 au 25 juillet 2023, avec les ministères sectoriels et les entités spécialisées impliqués dans la mise en œuvre des jalons de la deuxième lettre d’intention RDC-CAFI 2021-2031. La retraite avait, notamment pour objectif de procéder à la revue des commentaires du rapport de suivi des jalons de la LOI 2 et la formulation du document de projet (PRODOC) d’appui à la réalisation des jalons de la LOI 2 de 2023 à 2025 des ministères sectoriels et entités spécialisées susmentionnés.

Bien avant, un exercice préliminaire avait été déployé en plusieurs séances par le Secrétariat exécutif du FONAREDD avec les différents ministères et qui avait abouti à l’écriture de la première version narrative de chaque chapitre du PRODOC et aussi à la finalisation des modalités de mise en œuvre et de la gouvernance du programme en identifiant et tenant compte de la matrice des risques. La retraite avait donc permis la révision de la partie narrative du PRODOC et du budget proposé par les ministères sectoriels ensemble avec le Secrétariat exécutif du FONAREDD.

Il revenait ensuite au Secrétariat exécutif du FONAREDD d’harmoniser aussi bien la partie narrative que budgétaire du PRODOC pour l’ensemble des ministères sectoriels et des entités spécialisées concernés étant donné que les besoins exprimés par ces derniers étaient au-delà des fonds disponibles, ce qui a nécessité plus de temps pour trouver les équilibres. Ainsi, les ministères et entités concernés sont conviés à prendre part à la présentation du PRODOC réaménagé prévu d’être soumis au prochain Comité de Revue des Programmes (CRP) du FONAREDD pour sa validation.

Des défis à la taille de la forêt

La RDC est le géant forestier de la région. Sa forêt tropicale, qui couvre plus de 130 millions d’hectares, est la deuxième plus vaste au monde. Mais la RDC est aussi  un pays économiquement vulnérable, politiquement instable et parmi les plus pauvres du monde (Indice 2020 du Développement humain). Une grande partie de sa population vit dans une pauvreté multidimensionnelle : 15,5 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, 2,3 millions d’enfants souffrent de malnutrition modérée et 1,1 million d’enfants souffrent de malnutrition sévère.

Mais la forêt de la RDC est menacée de disparition. La RDC est le troisième pays tropical au monde en termes de pertes de forêts après le Brésil et l’Indonésie, avec 14,6 millions d’hectares perdus entre 2001 et 2019. Les raisons de cette perte de ces forêts y sont pourtant différentes : cette perte est due en RDC à la pauvreté et à un besoin local en terres et produits forestiers (agriculture sur brûlis à petite échelle et charbon de bois), besoin exacerbé par une forte croissance démographique. Au Brésil ou en Indonésie, par contraste, la perte de forêts est principalement causée par la culture de matières premières agricoles et l’élevage (soja, bœuf, huile de palme).

Toute solution proposée pour endiguer la perte de forêts en RDC doit donc aussi s’attacher à réduire la pauvreté. Concrètement, il s’agit de trouver des réponses collectives à des questions telles que : Comment assurer la sécurité alimentaire et augmenter substantiellement la production agricole sans détruire la forêt, elle-même nécessaire au maintien des pluies dont dépendent les récoltes ? Comment offrir des solutions de cuisson modernes et électrifier les villes dans un pays où plus de 90 % de la population n’a pas accès à l’électricité et dépend donc de la biomasse ? Comment développer le territoire national, dont 60 % est couvert de forêts, d’une manière qui soit socialement équitable, écologiquement durable et qui fournisse les infrastructures nécessaires à l’émergence économique ?

Pour répondre à ces défis, la RDC a adopté en 2012 sa stratégie-cadre nationale REDD+, visant à stabiliser le couvert forestier à 63,5 % à partir de 2030, et à le maintenir par la suite. Le partenariat de CAFI avec la RDC a débuté en 2015, quand – à la suite de sa stratégie cadre – le Gouvernement a adopté son Plan d’investissement national REDD+. Sur cette base, une Lettre d’intention a été convenue avec CAFI pour cinq ans (2016-2020) et 18 programmes ont été progressivement financés, via la capitalisation du Fonds National REDD+ (FONAREDD) de la RDC.

Le 2 novembre 2021, le Gouvernement de la RDC et CAFI, représentés respectivement par Félix Tshisekedi, Président de la RDC et Boris Johnson, Premier ministre du Royaume-Uni, ont renouvelé leur partenariat en endossant une seconde Lettre d’intention pour la période 2021-2031. Dans cet accord, les parties s’engagent à l’atteinte de nombreux objectifs et la mise en œuvre d’une série de mesures, et une allocation de 500 millions de dollars en provenance du Fonds Fiduciaires CAFI sur la période 2021-2026, selon une approche basée sur les résultats.

Grâce à ce nouveau partenariat pluriannuel, la RDC vise d’abord à plafonner sa perte de couverture forestière à sa moyenne sur 2014-2018 et à s’assurer que la déforestation continue de diminuer par la suite. Il intègre par ailleurs des objectifs de restauration du couvert forestier très ambitieux afin d’en compenser les pertes résiduelles, en lien avec le Défi de Bonn.