Le pape François a ordonné samedi 21 cardinaux issus de quatre continents, dont la majorité seront appelés à élire un jour son successeur qui aura donc de fortes chances de partager sa vision d’une Église plus progressiste. Dix-huit des 21 nouveaux cardinaux ont moins de 80 ans et sont donc actuellement éligibles pour voter en tant que «cardinaux électeurs» lors du prochain conclave. Ils font également partie des 99 cardinaux électeurs créés par François, représentant environ les trois quarts du total.
En ce samedi 30 septembre, place Saint-Pierre, le Pape François a présidé son 9ème consistoire ordinaire au cours duquel 21 nouveaux cardinaux ont été créés. Dans son homélie, le Successeur de Pierre a mis en lumière le récit de la Pentecôte du Livre des Actes des Apôtres, invitant les nouveaux cardinaux à ressembler à «un orchestre représentant la symphonie et la synodalité de l’Église».
Fidèles chrétiens, familles, différentes délégations venus des quatre coins du monde entier, près de 12.000 personnes ont pris part à la cérémonie solennelle du 9ème consistoire ordinaire du pontificat de François depuis son élection en 2013. Ce samedi 30 septembre, 20 nouveaux cardinaux présents issus de quatre continents, ont reçu leur barrette des mains du Saint-Père, qui dans son homélie a tout d’abord relevé «une surprise» dans le récit de la Pentecôte, dans laquelle il dit avoir reconnu avec joie l’humour de l’Esprit Saint. Elle consiste «dans le fait que normalement, nous, pasteurs, lorsque nous lisons le récit de la Pentecôte, nous nous identifions aux Apôtres».
Des diplomates, de proches conseillers et des hommes de terrain: le pape François a créé samedi 21 cardinaux issus de quatre continents, dont la majorité seront appelés à élire un jour son successeur.
Le collège cardinalice s’élargit
Dans une Eglise catholique en pleine réflexion sur son avenir, les profils de ces «promus» reflètent les priorités fixées par Jorge Bergoglio qui a progressivement dessiné un Sacré Collège moins occidental.
Neuvième Consistoire ordinaire depuis l’élection du jésuite argentin en 2013, cette cérémonie solennelle s’est tenue samedi matin sur la place Saint-Pierre de Rome, sous un grand soleil.
Vêtus de leur soutane rouge, les nouveaux cardinaux se sont agenouillés devant le pape pour recevoir la barrette – une toque quadrangulaire pourpre – et un anneau cardinalice.
«Courage! », «En avant! », a glissé le pape en souriant pour les encourager, sous les acclamations des milliers de fidèles, certains agitant des drapeaux de leur pays.
Parmi les 21 prélats appelés à assister le pape dans le gouvernement de l’Eglise, 18 – ceux qui sont âgés de moins de 80 ans – participeront au conclave appelé à élire le prochain pape.
Devant des cardinaux «originaires de toutes les parties du monde », François a comparé le collège cardinalice à un «un orchestre symphonique» où «la diversité est indispensable » mais où «chaque musicien doit écouter les autres ».
«Rupture»
Sensible aux «périphéries » et aux communautés minoritaires, François cherche à promouvoir le clergé de pays en développement aux plus hauts rangs de l’Eglise, s’affranchissant de l’usage consistant à distinguer systématiquement certains archevêques titulaires de grands diocèses.
«Il cherche des cardinaux qui correspondent à l’époque. Ce sont des gens qui ont tous fait un pas par rapport à l’Eglise d’autrefois, qui assurent positivement une rupture », explique à l’AFP un observateur avisé du Saint-Siège. «Il aime les évêques qui sont dans l’action ».
La liste des nouveaux cardinaux issus de 15 nationalités reflète ainsi des régions où l’Eglise est en expansion, comme l’Amérique latine et l’Afrique, avec la promotion des archevêques de Juba (Soudan du Sud), du Cap (Afrique du Sud) et de Tabora (Tanzanie).
L’Asie, qui a vu sa représentation croître en 10 ans, est représentée par l’évêque de Penang (Malaisie) et celui de Hong Kong, Stephen Chow Sau-Yan, vu comme pouvant jouer un rôle important pour améliorer les relations difficiles entre l’Eglise et Pékin.
Parmi les nouveaux entrants figurent deux Français, portant à six le nombre d’électeurs de l’Hexagone: l’évêque d’Ajaccio, Mgr François Bustillo, 54 ans, un Franciscain d’origine espagnole, et Christophe Pierre, 77 ans, nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) aux Etats-Unis après une riche carrière diplomatique.
Quelque 800 fidèles corses ont fait le déplacement pour assister à la cérémonie.
En tant que nonces, «nous sommes des intermédiaires, des serviteurs. Comme cardinal, je pense que ça ne changera pas », a déclaré Mgr Pierre à l’AFP, tout en reconnaissant sentir «un certain poids sur les épaules ».
L’archevêque italien Pierbattista Pizzaballa est quant à lui le premier patriarche de Jérusalem en exercice – plus haute autorité catholique d’Orient – créé cardinal.
La ligne de François
L’Europe, dont la représentation a baissé en dix ans, est cette fois en bonne place avec huit représentants, dont le Portugais Américo Aguiar, 49 ans et benjamin de la liste.
L’Italien Claudio Gugerotti (d) et l’Américain Robert Prevost arrivent au Consistoire pour la création de 21 nouveaux cardinaux sur la place Saint-Pierre, le 30 septembre 2023 au Vatican
L’Italien Claudio Gugerotti (d) et l’Américain Robert Prevost arrivent au Consistoire pour la création de 21 nouveaux cardinaux sur la place Saint-Pierre, le 30 septembre 2023 au Vatican AFP Tiziana FABI
A noter également, la distinction de trois proches du pape membres de la Curie, le «gouvernement » central du Saint-Siège: l’Italien Claudio Gugerotti, l’Argentin Victor Manuel Fernandez et l’Américain Robert Prevost.
La nomination des cardinaux est scrutée par les observateurs, qui y voient une indication sur la possible ligne du futur chef spirituel de l’Eglise catholique et de ses 1,3 milliard de fidèles revendiqués.
D’autant que le pape de 86 ans, qui se déplace désormais en fauteuil roulant, a laissé la «porte ouverte » à une renonciation, à l’image de son prédécesseur Benoît XVI, si sa santé déclinante le justifiait.
François a désormais choisi 99 cardinaux électeurs sur le total actuel de 137, soit près des trois quarts, tandis qu’environ 22% ont été créés par Benoît XVI et 6% par Jean-Paul II.
Cette répartition pourrait peser sur la majorité des deux tiers nécessaire pour élire un nouveau pape en augmentant la probabilité qu’il partage les idées de François, même si l’élection d’un pape est toujours imprévisible, comme le dit un vieux dicton romain: «Celui qui entre pape au conclave en ressort cardinal ».
Avec TV5 Monde