Visiblement, le complot international contre la République Démocratique du Congo a atteint une autre dimension. Intervenant lundi à la COP27, qui se tient en Egypte, le président français Emmanuel Macro a superbement ignoré la RDC, malgré son trésor de biodiversité et son puits de carbone, vantant, sans raison le Rwanda et le Kenya, dans la promotion des énergies renouvelables. Tout se passe comme si les «grands» de ce monde ont déjà scellé le sort de la RDC. Pour eux, à l’instar de la France, la RDC n’existe pas comme Nation. A ce titre, on ne la compte pas dans la lutte contre le dérèglement climatique. Quand on veut parler de la part de l’Afrique dans cette lutte, on préfère couvrir d’éloges le Rwanda qui n’a pour seul apport dans ce combat que ses collines. Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a une bonne raison d’appeler le peuple congolais à se mobiliser pour défendre sa souveraineté. En Egypte, Emmanuel Macron a dit tout haut ce qui se trame contre la RDC au profit du Rwanda, la prunelle de leurs yeux.
La COP27 se poursuit en Egypte. Présentée comme une «COP27 africaine» pour une «justice climatique», ce forum a vu défiler lundi sur sa tribune les «grands» de ce monde, dont le président français Emmanuel Macron.
Dans son discours, Emmanuel Macron a détaillé ses propositions pour faire face aux pertes et dommages dus au réchauffement climatique. Et lorsqu’il s’est agi de parler des efforts fournis par des Etats africains dans cette bataille, pas un mot sur la RDC, malgré son trésor de biodiversité et son puits de carbone. En lieu et place, le chef de l’Etat français a préféré plutôt faire l’éloge du Rwanda de Paul Kagame, le même qui arme les terroristes du M23, dans les «stratégies très ambitieuses sur les énergies renouvelables ». Pas un mot sur la RDC qui se prive de sa riche biodiversité pour continuer à servir de poumon de la planète.
Pour le président français, seul le Rwanda fait plus en matière de lutte contre le changement climatique. En français facile, il n’y a pas un autre mot : c’est de l’ingratitude pure et simple. Car, malgré tous les efforts que fournit la RDC, à Paris, on estime que Kigali fait plus que Kinshasa.
C’est la preuve de plus qu’il y a un vrai complot international contre la RDC. Décidément, le Congo bashing tourne en plein régime. Et à Charm-el Cheik, Emmanuel Macron a joué sa partition, prouvant qu’entre la RDC et le Rwanda, Paris a fait le choix de vendre à l’international l’image de Kigali.
Le président français reconnaît, en même temps, que «les injustices du monde dans lequel nous vivons sont devenues insoutenables… Les crises aggravent cette injustice ».
En méconnaissant le rôle de la RDC dans la lutte contre le changement climatique, Emmanuel alimente curieusement les injustices qu’il dénonce. Paradoxe !
Les promesses de Paris
Toujours est-il qu’au deuxième jour de la COP27, en Egypte, Emmanuel Macron a été le premier chef d’État d’un pays riche à prendre la parole, en l’absence notable des États-Unis et de la Chine, lors du World Leaders Summit, qui s’est poursuivi, le mardi 8 novembre 2022. Et le président français a multiplié les annonces, en débordant largement sur le temps imparti à chaque pays. Il a notamment dédié une partie de son discours à la question du financement des pertes et dommages, qui pour la première fois de l’histoire des COP, a été mise à l’agenda des négociations officielles de la COP27.
«La confiance s’effrite entre le Nord et le Sud », a-t-il déclaré. «Nous avons besoin d’un grand choc de financements concessionnels (à conditions préférentielles, NDR) et il est au cœur du débat qu’avec raison beaucoup de leaders ont mis sur la table autour des pertes et préjudices. Ils nous ont tous vu, nous les pays les plus riches, au moment de la pandémie, mobiliser des financements exceptionnels. Et ils nous disent que ce qui leur arrive est exceptionnel mais qu’on revient au business as usual. Ils ont raison, ça ne peut pas être le business as usual », a-t-il lancé à la tribune de la COP27.
Il a annoncé le lancement d’un nouveau groupe de travail avec la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, qui a, cette année encore prononcé, un discours extrêmement marquant. « Nous avons créé un vaccin en deux ans, nous sommes allés sur la lune. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même pour le changement climatique ? », a-t-elle déclaré.
Ce groupe des sages de haut niveau sur les financements innovants pour le climat regroupant des organismes comme le FMI, la Banque mondiale et l’OCDE, devra faire des recommandations sur des solutions concrètes d’ici le printemps prochain.
«Il s’agit de débloquer l’accès à de nouvelles liquidités, à de nouvelles capacités de prêt pour des pays y compris à revenu intermédiaire qui sont touchés par ces chocs et de proposer des solutions qui prennent en compte la vulnérabilité climatique de beaucoup de pays. (…) Il s’agit aussi de changer nos règles, les règles de nos grandes banques internationales, de nos banques de développement, du FMI, de la Banque mondiale et de nos grands prêteurs, en disant que ce qu’on vous demande sur la dette, les remboursements et les garanties quand vous êtes victime d’un accident climatique, on doit en quelque sorte le suspendre et le prendre en compte. C’est ça le sujet des pertes et préjudices », a déclaré Emmanuel Macron.
Le chef de l’État français s’est également longuement attardé sur la question de la biodiversité, «indissociable de celle du changement climatique». Il a annoncé le lancement d’un programme de préservation positive à trois semaines de la « COP15 Biodiversité » qui se tiendra à Montréal, au Canada. Ce programme doit permettre d’établir des « contrats politiques et financiers avec des pays disposant d’importants écosystèmes naturels ». La Colombie, le Gabon ou encore les Philippines font partie des premiers signataires. Un «One Forest Summit », à l’instar du «One Planet Summit » et du «One Ocean Summit », organisés par la France, se tiendra à Libreville, au Gabon, en mars 2023.
Selon un rapport publié ce mardi 8 novembre, les pays en développement (hors Chine) et les marchés émergents auront besoin chaque année de 2.400 milliards USD d’ici à 2030, pour atteindre leurs objectifs environnementaux.
«L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif », a déclaré Antonio Guterres à la centaine de dirigeants mondiaux, réunis pour la première séance plénière officielle de la COP27. Parmi les pistes évoquées pour trouver de nouveaux financements, il y a notamment la mise en place d’une taxe mondiale sur les bénéfices des entreprises pétrolières et gazières, ardemment défendue par les petits Etats insulaires.
Hugo Tamusa