8% de croissance en 2023, mais… : le FMI craint des «risques à la baisse accrus en lien avec le conflit armé dans l’Est, avec les incertitudes à l’approche des élections»

Les équipes du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI) vient de boucler une mission d’une semaine en République Démocratique du Congo. Si le FMI se félicite de la bonne santé de l’économie congolaise qui se montre « résiliente » dans une conjoncture particulière agitée, autant en interne qu’au niveau mondial, il projette cependant une croissance de 8% à fin 2023, légèrement à la baisse par rapport à 8,5% de l’année 2022.
La pression sur l’économie congolaise est telle que le FMI invite les autorités congolaises à ne pas lâcher prise. «La croissance est projetée à 8% en 2023, mais avec des risques à la baisse accrus en lien avec le conflit armé dans l’Est, avec les incertitudes à l’approche des élections, l’effet persistant de la guerre en Ukraine ou encore les chocs potentiels sur les termes de l’échange. Dans ce contexte, le maintien de politiques macroéconomiques prudentes contribuera à renforcer la résilience aux chocs externes. Des recettes supplémentaires permettraient de constituer des marges de manœuvre budgétaires, tandis que des prix à l’exportation plus favorables aideraient à augmenter le niveau des réserves internationales », note la mission du FMI, conduite par Mme Mercedes Vera-Martin.
Pilier des actions prévues dans le cadre de l’accord triennal conclu en juillet 2021 avec la RDC, le FMI rappelle à la Banque Centrale du Congo de «rester vigilante et proactive pour assurer la stabilité des prix tout en continuant à constituer des réserves pour renforcer la résilience externe », estimant que « les réformes visant à renforcer le cadre de la politique monétaire et la gouvernance de la banque centrale contribueront à améliorer la gestion de la liquidité et l’efficacité de la politique monétaire. La nouvelle loi sur les banques commerciales aidera à mettre en œuvre des réformes ambitieuses pour renforcer la résilience du secteur bancaire et promouvoir l’inclusion financière ».
Voici, en intégralité, le communiqué des experts du FMI, après leur dernière mission à Kinshasa.
Econews
Les services du FMI achèvent leur visite en République démocratique du Congo
• La croissance du PIB réel a été révisée à la hausse à 8,5 % en 2022 grâce à une production plus forte du secteur minier, et elle devrait rester élevée en 2023.
• Les perspectives favorables pour 2023 sont assombries par des risques à la baisse accrus en lien avec l’escalade du conflit armé à l’Est, avec les incertitudes propres à une année électorale, l’impact continu de la guerre en Ukraine et avec de potentiels chocs négatifs sur les termes de l’échange.
• Faire avancer les réformes structurelles reste crucial pour maintenir la stabilité macroéconomique dans un environnement difficile et pour soutenir une croissance plus élevée, plus durable et inclusive.
Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Mercedes Vera Martin a effectué une visite à Kinshasa, du 8 au 14 février 2023, pour discuter des évolutions économiques récentes, des perspectives économiques et des progrès des réformes soutenues par la Facilité élargie de crédit (FEC) en cours.
«Des données préliminaires montrent une croissance réelle du PIB en 2022 nettement plus forte que prévu. La croissance est désormais estimée à 8,5 %, avec une production minière plus forte qu’anticipé (croissance d’environ 20 %) qui a plus que compensé la révision à la baisse de la croissance hors secteur minier (de 3,9 à 3,2 %). L’inflation a atteint 13,1 % fin 2022, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des transports. Des données préliminaires suggèrent aussi que le déficit du compte courant s’est creusé en 2022, en raison d’une forte croissance des importations et d’une dégradation des termes de l’échange. Malgré cette détérioration, la Banque Centrale du Congo (BCC) a déclaré des réserves internationales brutes de 4,6 milliards de dollars, environ 300 millions de dollars de plus que projeté auparavant. On estime que le solde budgétaire global s’est détérioré en 2022 en raison de l’augmentation des dépenses liées à la situation sécuritaire et au remboursement d’arriérés.
La croissance est projetée à 8% en 2023, mais avec des risques à la baisse accrus en lien avec le conflit armé à l’Est, avec les incertitudes à l’approche des élections, l’effet persistant de la guerre en Ukraine ou encore les chocs potentiels sur les termes de l’échange. Dans ce contexte, le maintien de politiques macroéconomiques prudentes contribuera à renforcer la résilience aux chocs externes. Des recettes supplémentaires permettraient de constituer des marges de manœuvre budgétaires, tandis que des prix à l’exportation plus favorables aideraient à augmenter le niveau des réserves internationales.
Les efforts de mobilisation des recettes et la maîtrise des dépenses courantes, en renforçant la chaîne des dépenses et en mettant en place des garanties adéquates, restent essentiels pour créer un espace budgétaire pour faire face à la situation sécuritaire. Cela requiert des dépenses sociales supplémentaires compte tenu de la détérioration de la situation humanitaire avec l’augmentation de l’insécurité alimentaire et celle du nombre de déplacés internes. Plus généralement, les réformes de la gestion des finances publiques, y compris la mise en place du compte unique du Trésor et le renforcement du système de passation des marchés publics et de gestion des investissements publics, contribueront à améliorer le processus budgétaire et sa crédibilité, à renforcer la gouvernance budgétaire et à améliorer la capacité d’absorption et l’efficacité des dépenses. De plus, le début de la mise en œuvre de la stratégie d’apurement des arriérés domestiques renforcera la crédibilité du gouvernement.
La BCC devrait rester vigilante et proactive pour assurer la stabilité des prix tout en continuant à constituer des réserves pour renforcer la résilience externe. Les réformes visant à renforcer le cadre de la politique monétaire et la gouvernance de la banque centrale contribueront à améliorer la gestion de la liquidité et l’efficacité de la politique monétaire. La nouvelle loi sur les banques commerciales aidera à mettre en œuvre des réformes ambitieuses pour renforcer la résilience du secteur bancaire et promouvoir l’inclusion financière.
L’amélioration du climat des affaires et la mobilisation des investissements, essentielles à la diversification économique et à une croissance tirée par le secteur privé, reposent sur des efforts continus visant à renforcer le cadre anti-corruption, à rationaliser le système fiscal, à continuer d’améliorer la transparence dans le secteur minier et à publier les bénéficiaires effectifs des marchés publics attribués. La nouvelle loi pour la Lutte Anti-Blanchiment et contre le Financement du Terrorisme et le plan d’action avec le Groupe d’action financière contribueront à renforcer l’intégrité financière.
«Les conclusions de cette visite vont éclairer la préparation de la mission pour la quatrième revue dans le cadre de l’accord FEC, provisoirement programmée en avril à Kinshasa. L’équipe du FMI remercie les autorités et leurs équipes techniques pour des discussions franches et constructives et se réjouit de poursuivre son engagement en faveur de la République démocratique du Congo ».
Département de la communication du FMI