Thomas Lubanga et Floribert Ndjabu, respectivement, coordonnateur et coordonnateur adjoint de Task Force, ainsi que deux colonels de l’armée congolaise sont toujours retenus par la milice Codeco, malgré la libération de trois autres membres de Task Force. Les ravisseurs exigent notamment la fin de l’état de siège, la libération des prisonniers et une amnistie. Pour prouver sa bonne foi, plusieurs dizaines de détenus assimilés aux combattants de la Codeco ont été relâchés par les autorités congolaises à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri. Les négociations sont toujours en cours. Une cellule de crise a été installée à Bambu, à cet effet. Elle est pilotée par Pitshou Iribi, porte-parole de cette structure et coordonnateur intérimaire.
Entre Kinshasa et les miliciens de la Codeco (Coopérative pour le développement du Congo), les négociations ne sont pas rompues. Après le professeur Jean-Baptiste Dhechuvi, la Codeco vient de libérer trois autres otages, membres de la Task Force, mis en place par le Président de la République pour jeter les bases des pourparlers directs avec ces miliciens. Cependant, la Codeco garde toujours en détention Thomas Lubanga et Floribert Ndjabu, respectivement, coordonnateur et coordonnateur adjoint de Task Force.
C’est depuis le 16 février 2022 que des membres de la Task Force ont été pris en otage par la milice Codeco au camp Yalala, dans le secteur de Walendu-Djatsi, en territoire de Djugu (Ituri).
Après pratiquement cinquante jours de détention, la cellule de crise s’est battue sans relâche avec d’autres partenaires pour trouver un arrangement d’avec les ravisseurs.
A en croire Pitchou Iribi, porte-parole de la Cellule de négociation, également son coordonnateur intérimaire, la Task force note une évolution significative dans le processus de négociation avec les miliciens de la Codeco. Pour preuve, après la libération du professeur Jean-Baptiste Dhechuvi, la cellule de crise a obtenu, lundi dernier, celle de trois autres membres de la Task force, a confirmé, sans donner trop de détails, Pitchou Iribi. Il s’agit, notamment du général Germain Katanga, président de l’UNADI (Union des associations culturelles pour le Développement de l’Ituri) et du chauffeur Blaise.
Cette libération intervient deux semaines après celle du professeur Jean-Baptiste Detchuvi, le premier otage libéré de huit membres de la Task Force.
Confiant, Pitchou Iribi rassure qu’il ne reste que quelques modalités pour obtenir la libération définitive de tous les otages.
«Des problèmes à régler sont en train d’être résolus. Je suis à Bunia pour le traitement car je suis tombé malade il y a de cela quelques jours. Je pourrai rentrer à Kinshasa voir mon médecin pour quelques jours au cas où mon état de santé s’aggrave. S’il y a amélioration, je rejoindrai mon poste », a-t-il indiqué.
A Bunia, l’attente reste grande. La population se pose des questions, car ça fait environ cinquante jours que Thomas Lubanga et ses compagnons sont entre les mains de leurs ravisseurs. Néanmoins, sur place à Bunia, on note une avancée significative dans le processus de négociations.
A ce jour, plus de soixante présumés éléments de la Codeco dont les dossiers étaient encore en suspens ont été libérés pour insuffisance de preuves, a-t-on appris.
En même temps, quatre membres de la Task force sur les sept, pris en otage par la Codeco, restent en captivité à Petsi, un village du secteur de Walendu-Djatsi. Il s’agit du coordonnateur Thomas Lubanga, son adjoint Ndjabu Floribert, les colonels Lobo Désire et Lobo Pisi.
Difficile reconversion
Thomas Lubanga et Germain Katanga, deux anciens chefs de guerre, connus pour avoir été les premiers condamnés de l’histoire de la Cour pénale internationale (CPI) au début des années 2000, ont décidé de se reconvertir en offrant leurs services au Gouvernement congolais pour des négociations directes avec la Codeco.
Et c’est en pleine mission auprès de la milice Codeco qu’ils ont été capturés, en février dernier, dans le territoire de Djugu, quartier général de la milice.
Depuis lors, Kinshasa négocie leur libération, mais les miliciens ont posé des conditions.
En plus d’une amnistie pour ses combattants et leur intégration dans l’armée régulière, la milice Codeco a demandé la levée de l’état de siège instauré depuis dix mois en Ituri mais également un arrêt des opérations militaires dans la même province.
Des demandes difficiles à satisfaire pour Kinshasa qui exclut pour le moment une libération des otages par la force.
Selon le ministre de la Défense nationale, les négociations évoluent toutefois positivement. Il se montre même optimiste et affirme que ces pourparlers pourraient connaître prochainement une issue heureuse. Les négociations sont menées depuis deux semaines à distance. Les autorités ont désigné comme médiateur un autre ancien chef de guerre.
Depuis leur capture, les otages ont été conduits à Gutsi, l’un des bastions de la milice. Ce week-end, les images des captifs ont été partagées sur les réseaux sociaux en guise de preuves de vie. Thomas Lubanga et deux autres otages seraient malades et sans traitement, d’après une source gouvernementale.
Pour la milice Codeco, si les émissaires ont été retenus, c’est parce que l’armée, sur ordre du gouverneur militaire, avait procédé à des bombardements sur une localité proche du lieu où se tenaient les pourparlers. Accusation rejetée par le chef politico-militaire.
Tighana Masiala