Procès en appel du double assassinat de Chebeya et Bazana : de nouvelles figures à la barre

Dans le procès en appel sur le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, rouvert à la Haute Cour militaire, c’est le retour à la case départ. La Haute Cour exige la comparution de certaines personnes, avant de se prononcer.

Le procès du double assassinat de Floribert Chebeya et de Fidele Bazana est loin d’être terminé. Les audiences se poursuivent dans le procès en appel des assassins des deux membres de l’ONG «La Voix des sans voix », tués en juin 2010. Les différents témoins cités par le prévenu Paul Mwilambwe sont passés à la barre à la Haute Cour militaire de Kinshasa. Tous ont quasiment nié avoir joué un rôle dans l’exfiltration de Mwilambwe. Les parties civiles se disent déçues par leurs témoignages.

A défaut de prononcer son verdict, la Haute Cour militaire veut convoquer d’autres personnes.

Alors qu’elle avait pris l’affaire en délibéré, la Haute cour militaire a donc décidé de réouvrir les débats, le vendredi 25 mars 2022. La raison ? Cette juridiction souhaite être éclairée au sujet de l’infraction de désertion mise à charge de Paul Milambwe et exige la comparution de certaines personnes suivant la suggestion des parties civiles. Il s’agit du général Ponde, auditeur des FARDC au moment des faits, de Douglas Numbi, bourgmestre de la commune de Selembao au moment des faits et actuel bourgmestre de Limete, du commissaire supérieur Mbayo Walenga, de Consul Numbi, directeur de cabinet de l’administrateur général de l’ANR au moment des faits, de Me Mike Mike Likombe ainsi que du général Zalwa Katanda.

Les parties civiles avaient sollicité aussi la comparution de l’ancien Président de la République Joseph Kabila, mais la Haute Cour militaire ne l’a pas repris dans la liste des personnes appelées à comparaître.

Procès à rebondissement

Plusieurs témoins ont été rappelés à la barre dans ce long procès en appel. Dernier à comparaître le mercredi 13 avril 2022, le colonel Mbayo wa Lenge. A la barre, l’homme vêtu en tenue policière, a reconnu avoir appartenu au collège juridique du général John Numbi, mais il a nié avoir joué un quelconque rôle dans l’exfiltration de Paul Mwilambwe, que ce soit depuis les bâtiments de la justice militaire vers l’ANR et ensuite de Kinshasa vers Lubumbashi.

Un témoignage relativement similaire à celui des autres témoins qui l’ont précédé, notamment l’ancien auditeur général militaire Ponde, l’agent de l’ANR Consul Numbi ou encore le général Djadjidja.

Pour les parties civiles, il est impérieux de confronter tous les témoins entre eux et avec le prévenu Mwilambwe, comme l’a indiqué Maître Elie Mbikayi Mwamba. Par ailleurs, elles ont du mal à comprendre «… que des personnes qui détiennent certaines vérités les cachent et viennent mentir devant la Haute cour militaire. Inadmissible et inacceptable ! ». Pour cette raison, les parties civiles ont formulé une requête devant la Haute cour militaire pour que ces personnes reviennent à la barre pour la double confrontation. Requête à laquelle a accédé la Haute cour militaire. La confrontation a donc lieu ce vendredi 15 avril 2022.

«À l’issue des interrogatoires lors de ce procès en appel, on a finalement compris que le général fugitif John Numbi est bien le donneur d’ordre », a affirmé le colonel Longwango. Et de charger «Daniel Mukalay wa Mateso, le planificateur qui a directement coopéré avec Christian Kenga Kenga dans l’exécution de ce projet macabre. Jacques Mugabo et Doudou Ilunga, eux, ont avoué avoir tué sur ordre de la hiérarchie », a relevé l’auditeur général.

Tighana M.