De tout temps, les nominations à la direction des entreprises publiques sont accueillies dans l’indifférence générale. Ni le profil de nouveaux animateurs, ni leurs engagements démagogiques à tirer du fossé leurs entreprises respectives n’ont jamais trompé personne.
Dans la plupart des cas, les nouveaux dirigeants héritent d’un personnel pléthorique impayé depuis de nombreux mois. Passée la période d’euphorie marquée de remerciements au chef de l’Etat et les réceptions organisées en leur honneur par des associations de circonstance des originaires,…
se dévoile alors la triste et dure réalité : les «experts » doivent affronter les incohérences mana-gériales d’un système politique fait de corruption, de népotisme et de malversations systémiques. Très vite, ils font face à des grèves bruyantes avec cercueil de rigueur dans la cour de la Direction générale. Ils sont alors symboliquement enterrés.
En principe, les dernières nominations au Fonds national d’entretien routier (Foner), à la Société nationale d’électricité (Snel) et à la Régie des eaux (Regideso) ne devraient pas déroger à la tradition. Les trois secteurs au caractère stratégique indéniable ne sont pas exempts de reproche. Loin de là.
En dehors de quelques routes d’intérêt national ou régional, le Foner ne semble pas considérer comme prioritaires les voies de communication « cachées » au fin fond des provinces ; celles dont la probabilité qu’elles soient empruntées un jour par les hautes autorités du pays est nulle.
Avec moins de 10% de desserte de la RD Congo en électricité, la Snel fait du sur place tandis que ses abonnés dans les grandes villes doivent composer avec « les jeux de lumière» et des délestages devenus une part malsaine de leur quotidien.
Quant à la Régie des eaux, elle devrait se poser la question de savoir pourquoi la ville de Kinshasa, bâtie sur les bords de l’un des plus importants fleuves d’Afrique et du monde, voit sa population recourir à l’eau insalubre des puits de fortune et des forages pour s’approvisionner en eau. Comme pour sa cousine la Snel, son rendement, en dehors des discours enflammés, reste anecdotique.
Les nouveaux mandataires ont été recrutés, dit-on, après satisfaction au concours organisé naguère par le Copirep avec l’appui de la Banque mondiale. Peut-être une raison de leur accorder le bénéfice du doute et leur consentir un délai de grâce.