L’Hôtel de ville de Kinshasa n’autorisera plus de marches politiques au centre-ville et sur le boulevard Lumumba, spécialement sur le tronçon compris entre l’aéroport de N’Djili et le pont Matete. Ainsi en a décidé le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, au terme d’une réunion tenue le 25 septembre 2021 à laquelle ont pris part différents responsables des partis et regroupements politiques. Comme mobile de ces restrictions, le gouverneur Ngobila fait mention de «la sécurisation des citoyens, la fluidité du trafic et la protection des personnes et de leurs biens».
A Kinshasa, l’autorité urbaine a imposé des «zones neutres» où ne seront plus autorisées l’organisation des marches politiques. Il s’agit spécialement du centre-ville de Kinshasa et du tronçon du boulevard Lumumba compris entre l’aéroport international de N’Djili et le pont Matete.
Au terme d’une réunion de concertation, samedi 25 septembre, avec les représentants des partis et regroupements politiques, le gouverneur de la ville-province de Kinshasa justifie cette décision par la nécessité de «sécurisation des citoyens, fluidité du trafic et protection des personnes et de leurs biens ».
Cette décision fait certainement suite aux incidents qui ont émaillé la dernière marche de LAMUKA, principale plateforme de l’opposition, organisée à Kinshasa le 15 septembre 2021. C’est aussi une façon pour l’Hôtel de ville d’étouffer dans l’œuf la prochaine marche politique de LAMUKA, annoncée pour le 29 septembre prochain.
A ce jour, LAMUKA n’a pas encore reçu l’autorisation de l’Hôtel de ville de Kinshasa pour cette marche.
D’après Prince Epenge, l’un des communicateurs de LAMUKA, cité par actualité.cd, le gouverneur de la ville de Kinshasa a été saisi depuis le 17 septembre 2021.
«A LAMUKA, nous sommes des patriotes, des légalistes. Nous avons rempli notre part de devoir constitutionnel. LAMUKA avait déjà saisi Ngobila depuis le 17 septembre. Cela fait sept jours depuis qu’il est saisi conformément à l’article 26 de la constitution. Nous lui avons indiqué l’itinéraire, nous commencerons au Quartier 3, dans la commune de Masina, nous allons cheminer par l’Echangeur vers le boulevard Lumumba (1ère rue Limete) jusqu’à la place Triomphale. Le gouverneur est au courant de tout cela. Mais ce qui nous étonne est que malgré les sept jours passés, il n’a pas toujours pris acte», a dit Prince Epenge. Ce n’est pas une raison, pense-t-il, d’annuler cette marche.
«La Constitution nous dit d’informer, mais contrairement à ce qu’il a fait avec la marche de l’Union sacrée, ses membres ont marché il y a de cela deux jours et il a pris acte deux jours seulement après le dépôt de leur requête, la police leur a tenu compagnie. Ils ont commencé aussi à Tshangu, ils ont cheminé jusqu’à l’Assemblée nationale. Ngobila n’a pas encore répondu officiellement, mais pour nous, cela ne pose pas problème, nous avions rempli notre part d’obligation constitutionnelle conformément à l’article 26 et Ngobila doit aussi remplir sa part puisque l’article 12 de la Constitution nous dit que tous les Congolais sont égaux devant la loi», a ajouté M. Epenge.
Avec ces nouvelles restrictions, on attend voir l’autorité urbaine appliquer la même rigueur aussi bien pour les partis de l’opposition que ceux de l’Union sacrée de la nation.
D’ores et déjà, hier dimanche, CDR (Convention pour la République et la démocratie), le parti politique de Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, président de l’Assemblée nationale, a bravé la menace de l’Hôtel de ville de Kinshasa en conviant ses partisans à une manifestation politique au stade de Masina, dans le quartier chaud de Tshangu, sur le boulevard Lumumba. Devant une foule immense, Mboso a lancé un vibrant appel de soutien aux institutions politiques du pays.
A peine annoncées, les restrictions de Gentiny Ngobila sont déjà foulées aux pieds. Qu’en sera-t-il avec la marche de LAMUKA de ce mercredi 29 septembre ?
Francis M.