C’est dans les installations de l’Inspection générale des finances (IGF) que l’Etat congolais a entamé, mercredi à Kinshasa, la renégociation de la convention de collaboration signée en 2008 entre la République Démocratique du Congo et un groupement d’entreprises chinoises, communément appelée contrat chinois. L’option avait été levée, vendredi dernier, en Conseil des ministres après le rapport de l’IGF. Si la RDC n’a aucune intention de faire table rase de ce contrat, Kinshasa est néanmoins déterminé à corriger les graves déséquilibres répertoriés par l’IGF. Pour la révisitation de ce contrat chinois, le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshisekedi, a préféré confier la mission à son cabinet, zappant superbement le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Néanmoins, les discussions, pilotées par Guylain Nyembo, directeur de cabinet du Président de la République, a fait appel à quelques membres du Gouvernement, dont le ministre d’Etat en charge de la Justice et celui des ITP (Infrastructures et Travaux publics).
C’est parti avec la révisitation du contrat chinois, cette convention de collaboration signée sous le régime Kabila en 2008 entre l’Etat congolais et un Groupement d’entreprises chinoises.
Répondant à l’appel de l’IGF (Inspection générale des finances), le Président de la République, Félix Tshisekedi, avait exprimé, vendredi dernier en Conseil des ministres, le désir de revisiter ce contrat pour en corriger les imperfections.
Si, par principe, l’on s’attendait à ce que le Gouvernement pilote ce processus de révisitation, le Chef de l’Etat a préféré confier son pilotage à son cabinet. C’est donc Guylain Nyembo, son directeur de cabinet, qui se charge, depuis mercredi, de présider la Commission qui siège à cet effet, à laquelle a été associé Jules Alingete, patron de l’IGF. Ça ne sera donc pas le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, qui va discuter avec la partie chinoise, encore moins l’un de ses ministres, mais plutôt Guylain Nyembo.
Qu’est-ce qui explique ce choix ? Difficile à expliquer. On sait néanmoins que, dans son pouvoir discrétionnaire, le Président de la République a levé l’option de confier cette mission à son cabinet, sous la direction de Guylain Nyembo.
Depuis mercredi, la Commission siège dans les installations de l’IGF, là où sont parties toutes les révélations qui justifient la révisitation de ce contrat, quinze ans après sa signature.
Au premier jour des discussions, la parole a été accordée à Jules Alingete pour présenter les grandes lignes de son rapport.
«Nous avons présenté le disfonctionnement et le déséquilibre que le Gouvernement devrait examiner éventuellement pour entamer, sous la houlette du Président de la République, Félix Tshisekedi, des négociations avec la partie chinoise pour arriver à obtenir le rééquilibrage souhaité par l’autorité» a indiqué, au terme de sa présentation, Jules Alingete Key.
De prime abord, la partie congolaise a tenu à dissiper certains malentendus. A Kinshasa, dit-on, l’idée n’est pas de faire table rase sur tout ce qui a été conclu en 2008. Il s’agit de «rééquilibrer» ce contrat pour que la RDC en tire aussi sa part, suivant le principe mines contre infrastructures.
Faisant suite aux conclusions de la mission d’évaluation de l’IGF sur l’exécution de la Convention de collaboration, signée le 22 avril 2008 entre la République Démocratique du Congo et le Groupement d’entreprises chinoises constitué par China Railways Corporation et SINOHYDRO, le Président de la République avait rappelé, vendredi dernier en Conseil des ministres, que «celles-ci font état, entre autres, de cas de non-respect des dispositions des contrats, de l’inexécution des engagements contractuels et de subjectivité de certains actes posés par les parties».
Il avait souligné «le caractère inquiétant de cette situation déplorable tant, d’une part, pour le développement du secteur minier qui constitue à ce jour, la locomotive qui tire la croissance économique de notre pays, du fait de la diversité des minerais exploités qui répondent à une forte demande mondiale, mais dont les valorisations commerciales lors des exportations n’intègrent pas une grande valeur ajoutée; et d’autre part, par la lenteur du dynamisme que devrait normalement connaître le programme de construction des infrastructures dont notre pays a grandement besoin pour l’éclosion de son potentiel tant humain qu’économique».
Face à cet état de choses, le Président de la République avait alors évoqué «l’impérieuse nécessité d’une révisitation de cette convention dans le sens d’un rééquilibrage des avantages visant à garantir les intérêts de la République Démocratique du Congo dans l’exploitation de la SICOMINES S.A.», confiant ce travail à son cabinet de «réunir toutes les parties prenantes afin de préparer les éléments qui seront versés dans les discussions avec les partenaires chinois lors des travaux de la Commission mixte qui auront lieu très prochainement ».
Tighana M.