La survie de l’accord RDC – FMI passe par une «une meilleure hiérarchisation des dépenses », rappelle le ministre des Finances

Plus que trois revues à franchir pour que la République Démocratique du Congo boucle l’accord conclu en juillet 2021 avec le Fonds monétaire international (FMI). Si les trois premières revues ont été conclues avec une note satisfaisante, le Gouvernement garde encore son souffle pour la 4ème revue, en attendant la décision, fin juin 2023, du Conseil d’administration du FMI. Pour l’instant, les enjeux sont tels que le Gouvernement doit maintenir le cap pour ne pas chavirer. Vendredi en Conseil des ministres, le sujet a été soumis au débat par le ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Le Gouvernement sait néanmoins la voie à suivre. La survie de l’accord RDC – DLI passe par «une meilleure hiérarchisation des dépenses, la révision à la baisse des dépenses en biens et services et le maintien d’une masse salariale au niveau prévu dans le Budget en vue de soutenir l’investissement et de réduire les pressions inflationnistes », a fait part au Conseil des ministres Nicolas Kazadi. Dans un contexte électoral et de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, le défi est énorme.
Si l’année 2022 s’est terminée avec des recettes en hausse, celle de 2023 a vu toutes les bonnes tendances s’inverser dans le sens de la baisse. Pour les trois premiers mois de l’année 2023, la machine interne de mobilisation des recettes présente des signes d’essoufflement, alors que les dépenses sont en flèche dans un contexte de financement du cycle électoral et de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Dans ces conditions, l’accord conclu en juillet 2021 entre la RDC et le FMI est visiblement en danger.
Au Gouvernement, on est bien conscient de ce danger. Et on commence déjà à craindre le pire.
Vendredi en Conseil des ministres, la question a été en bonne place dans les discussions. Le Président de la République a été le premier à l’inscrire dans sa communication, avant que le ministre des Finances ne revienne sur les attentes de la 4ème revue du programme avec le FMI et financement de certains projets liés aux infrastructures
Pour l’essentiel, il y a lieu d’indiquer qu’au terme de deux semaines d’échanges, la mission du FMI, conduite par Mme Mercedes Vera-Martin, et la partie gouvernementale ont clôturé le cadrage macroéconomique 2022, fixé les cibles du Programme pour l’année 2023 et discuté des mesures des reformes à mettre en œuvre pour permettre à la République Démocratique du Congo d’accéder au nouveau Fonds de Résilience et de Durabilité. Un accord au niveau des services a été obtenu, en attendant sa confirmation par le Conseil d’administration du FMI, prévu le 28 juin prochain.
Selon le compte-rendu de la réunion du Conseil des ministres du vendredi 5 mai 2023, «cet accord confirme, une fois de plus, les performances de croissance économique exceptionnelle à 8,9% en 2022 et la gestion macroéconomique prudente assurée par le Gouvernement sous l’impulsion du Président de la République. Il donnera lieu à un cinquième décaissement de plus de 200 millions USD d’appui à la balance des paiements».

La grande inconnue : les dépenses
S’agissant cependant des perspectives pour 2023, une attention particulière a été portée sur l’accélération des dépenses dans un contexte préélectoral et de conflit armé dans l’Est du territoire. A ce propos, le Gouvernement est bien conscient que «cette situation exige une meilleure hiérarchisation des dépenses, la révision à la baisse des dépenses en biens et services et le maintien d’une masse salariale au niveau prévu dans le Budget en vue de soutenir l’investissement et de réduire les pressions inflationnistes ».
Aussi, le Gouvernement a-t-il promis de «procéder à une stricte limitation des paiements en espèces aux guichets de la Banque Centrale du Congo, laquelle est également soumise au plafond de 10.000 USD par retrait conformément à la Loi», promettant également d’«accélérer la réforme de la Fonction publique en vue de la maîtrise de la masse salariale, la mise en œuvre du cadre de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ».

Les instructions du Président de la République
Entre-temps, les discussions en rapport avec l’accès de la RDC au Fonds de Résilience et de Durabilité du FMI se poursuivent en vue d’une conclusion rapide, confirme le Gouvernement.
Premier à aborder ce sujet dans sa communication, le Président de la République a encouragé l’ensemble du Gouvernement, et en particulier les membres de la Troïka politique qui pilote le programme conclu avec le FMI, pour les efforts entrepris, dans un contexte difficile, ayant permis d’aboutir à cette revue de manière satisfaisante. A cet effet, il a exhorté les membres du Gouvernement «à la solidarité et à la continuité dans l’effort afin de donner la chance à notre pays d’achever ce programme avec satisfaction l’année prochaine».
S’agissant de la coopération avec la Banque mondiale, le Chef de l’Etat a attiré l’attention sur «la nécessité de préserver la qualité de notre collaboration avec cette institution qui a permis de multiplier par quatre notre portefeuille de projets en quatre ans, soit de deux (2) milliards USD à plus de huit (8) milliards USD, dont la moitié est composée de dons», rappelant que «les deux appuis budgétaires récemment approuvés par la Banque mondiale l’ont été en contrepartie des réformes auxquelles notre pays a souscrit de plein gré. Il est donc hors de question que soient entreprises des actions qui paraîtraient comme une régression par rapport à nos engagements ».
Au regard de bonnes perspectives macroéconomiques attendues en 2023, en dépit de la persistance du conflit dans l’Est du pays, et de la crise russo-ukrainienne, le Président de la République a demandé au Gouvernement de «ne ménager aucun effort pour poursuivre les réformes en cours et des politiques budgétaires et monétaires crédibles afin de consolider la stabilité du cadre macroéconomique».

Point sur les travaux du Centre financier de Kinshasa
Par la même occasion, le ministre des Finances a également présenté l’état d’avancement des travaux de construction du Centre Financier de Kinshasa, du Centre de Congrès de Kinshasa et du siège de l’Office des Routes, projets couverts par les contrats (Engineering, Procurement, Construction and Financing) avec une entreprise turque.
Le coût total des projets se chiffre à 290 millions USD pour environ 150.000 mètres carrés de surface, soit un coût moyen de 1.900 USD par mètre carré incluant la construction, l’équipement et l’ameublement. Les montants préfinancés par le constructeur ont déjà été partiellement remboursés à concurrence de 110 millions USD.
Le ministère des Finances a négocié un financement de 157 millions USD dont 127,5 millions USD auprès de la TDB (Trade & Development Bank) et 30 millions USD auprès de Frontera Capital Group Limited. Ces financements, à caractère commercial, n’enfreignent pas les clauses du Programme Economique du Gouvernement avec le Fonds monétaire international et n’affectent pas la viabilité de la dette publique de la République Démocratique du Congo au regard des indicateurs d’endettement à fin 2022 qui chiffrent le ratio d’endettement (Dette/PIB) à 17%.

Econews