Le gouvernement est formel : la pénurie de maïs qui menace de famine les populations du Grand Katanga et de l’espace Kasaï est le fait d’un seul individu ; un homme d’affaires parmi ceux qui briguent la plus haute fonction de l’Etat à la présidentielle de décembre 2023. Le même individu est par ailleurs accusé d’être le candidat, pire, homme lige du Rwandais Paul Kagamé dans son projet machiavélique de balkanisation de la RD Congo. Ces graves accusations ont été portées à la connaissance du public dans la journée du lundi 8 mars.
D’abord par le ministre des Finances intervenant sur… une chaîne de télévision locale. Nicolas Kazadi n’a pas mis des gants : c’est bien Moïse Katumbi qui aurait exercé des pressions sur le gouvernement zambien, amenant ce dernier à geler ses exportations de farine de maïs vers les provinces du sud congolais, obtenant de surcroît une interdiction du droit de transit des cargaisons de maïs en provenance d’autres pays d’Afrique australe par le poste frontalier de Kasumba-lesa. L’influent ministre des Finances a en outre affirmé que l’opposant Katumbi est le candidat qui est soutenu par Paul Kagamé, le chef de l’Etat rwandais dont les troupes sont présentes dans l’Est de la RD Congo, en appui au mouvement rebelle du M23.
Dans la soirée, c’était au tour de son collègue en charge de la Communication et Mé-dias, porte-parole du gouvernement d’en remettre une couche. Sans citer de noms, mais dans un langage qui ne prêtait à aucune équivoque et empreint d’élégance, Patrick Muyaya a renchéri sur la question, allant jusqu’à s’étonner que ceux qui avaient dirigé la province du Katanga avant son démembrement pendant plus d’un lustre n’aient pas posé des jalons d’une agriculture qui eût mis les populations à l’abri de carences récurrentes de produits alimentaires de première nécessité. Annonçant dans la foulée l’affectation de 100 mille hectares de terres arables dans chaque province au profit d’agriculteurs nationaux.
A quelques jours des marches de protestation projetées le samedi 13 mai par le quatuor Katumbi, Matata, Sessa-nga et Fayulu, la disette qui menace dans les provinces septentrionales du pays est du pain bénit pour le régime en place qui trouve là un bouc émissaire parfait. Avec le risque du retour de la manivelle, l’opinion s’interrogeant déjà sur «la puissance» de cet homme, capable de paralyser le commerce extérieur d’un Etat voisin souverain.