Au crépuscule de son mandat à la tête de la RD Congo, le chef de l’Etat congolais entame ce 24 mai son voyage le plus prestigieux et le plus chargé d’une symbolique que la profusion de ses périples euro-afro-américains n’atteindra sans doute jamais. Une visite d’Etat hors normes tant dans la longueur exceptionnelle d’une visite de cinq jours que par le contenu même des matières à débattre.
Le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, rédigé dans la plus sirupeuse des langues de bois diplomatiques, a beau s’étendre longuement sur le fait que…
la RDC est un pays important en Afrique avec lequel la Chine entretient une amitié de longue date; que depuis plus d’un demi-siècle les deux parties se soutiennent mutuellement sur des questions liées à leurs intérêts fondamentaux et à leurs préoccupations majeures; que le président Tshisekedi attache de l’importance aux relations avec la Chine et soutient activement le développement des relations Chine-RDC, etc., ce n’est là que la manifestation du respect ancestral dont savent se faire prévaloir les descendants de l’Empire du Milieu.
Seulement, et ce contrairement aux déplacements habituels de Félix Tshisekedi à l’étranger à la recherche de la paix pour son pays déchiré, son voyage à Beijing s’apparente à une opération de déminage. Depuis les hautes sphères en effet, et jusque dans la plus modeste des chaumières, les oreilles résonnent de la nécessité maintes fois exprimée par les dirigeants congolais de « revisiter » les conventions conclues entre le régime précédent et Beijing dans un partenariat qu’on disait alors win-win, la RD Congo mettant à la disposition d’un groupe d’entreprises chinoises des concessions minières contre la construction d’infrastructures. Un partenariat que le régime Tshisekedi, l’Inspection générale des Finances en tête, n’a eu de cesse de dénoncer, considérant «le déséquilibre patent» au profit de la partie chinoise. Une posture qui a quelquefois déchaîné des passions que l’ambassade de Chine à Kinshasa n’a eu de cesse de tempérer avec une patience toute orientale. Les disciples de Confucius et de Lao Tzeu n’ayant pas leur pareil, à savoir attendre leur heure, en bons lecteurs de l’Art de la guerre, qui leur a appris comment l’on gagne des batailles sans combattre.
Opération de déminage donc pour Tshise-kedi qui certainement aura fourbi ses armes face à un adversaire redoutable. Son mérite sera de prouver à ses compatriotes qu’à Beijing, il n’aura pas entraîné le pays, avec lui, de Charybde en Scylla.
Econews