A la conquête du Grand Bandundu, le sénateur Matata Ponyo Mapon, leader du Leadership et Gouvernance pour la Développement (LGD), n’a pas lésiné sur les moyens. Malgré qu’on ait mis des bâtons dans les roues sur sa route, lui interdisant d’organiser une matinée politique à Kenge, dans la province du Kwango, jusqu’à le mettre en confrontation, samedi à Kikwit, dans la province du Kwilu, avec un rassemblement politique de l’UDPS, le parti au pouvoir, Matata Ponyo fait carton plein dans le Grand Bandundu, prêchant le leadership et la gouvernance comme passage obligé pour ouvrir la voie du progrès à la République Démocratique du Congo.
Très critique vis-à-vis du régime Tshisekedi dont il s’est positionné comme un des farouches opposants, dans la lignée de Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Delly Sesanga, Matata Ponyo a décidé d’aller à la conquête du Congo profond pour fendre son offre politique, bâtie sur le leadership et la gouvernance pour le développement. Candidat à la présidentielle de décembre 2023, Matata s’assume et tient à le faire connaître.
A cet effet, le président national du parti politique Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD) effectue une tournée dans le Grand Bandundu.
C’est au lendemain du sit-in organisé, jeudi dernier, par l’Opposition devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à Kinshasa, que Matata Ponyo a entamé sa tournée dans l’ex-province du Bandundu. Dans sa suite, une forte délégation des cadres de son parti politique.
Les premières épreuves
Première étape et premières épreuves de la tournée : la ville de Kenge, chef-lieu de la province du Kwango. A son arrivée à 9 h 30, il lui est signifié que la conférence qu’il devait tenir à 10 h dans une salle de la place est interdite par le gouverneur de province sur instruction de Kinshasa. Les cadres et militants du LGD et les étudiants qui se trouvaient déjà dans la salle sont éconduits par la police, qui prend le soin de fermer les portes de la salle. La tension monte d’un cran.
Accompagné d’une foule nombreuse, Matata Ponyo arrive sur place. Il calme la foule et ne se fait pas prier pour passer un message non pas de malédiction parce que les autorités locales ne veulent pas de sa présence, mais un message d’espoir à une population à qui on a caché la lumière depuis longtemps.
Kenge tombé sans bataille
Ainsi, improvisant un meeting, il prêche brièvement l’évangile du leadership et de la gouvernance. «Le leadership, a-t-il expliqué, est un élément fondamental du changement. Parce qu’il faut que Kenge change. Et pour que Kenge change, il faut un leadership. Il faut une gouvernance de qualité». La foule est soulagée et calme sa colère envers le gouverneur de province. Le message est passé. Kenge est tombé sans bataille sous le contrôle du LGD.
Le sénateur du Maniema a profité de l’occasion pour dénoncer «la dictature qui s’installe en RDC». C’est la preuve, soutient-il, que le régime en place «a peur qu’on puisse montrer la lumière aux fils de Kenge», voulant «maintenir les filles et fils de Kenge dans l’obscurité, dans l’obscurantisme qui n’amène jamais le leadership et la gouvernance de qualité». Aussi, a-t-il balayé d’un revers de main l’argument d’insécurité évoqué comme prétexte pour empêcher sa communion avec le peuple du Kwango.
Le leader du LGD a quitté Kenge avec le ferme engagement de sa population d’adhérer à ses idéaux pour un changement positif de la province et du pays.
Le rétropédalage du maire de Kikwit
«Le maire de la ville de Kikwit dit avoir reçu des instructions de la hiérarchie pour que je n’entre pas dans la ville de Kikwit. C’est inimaginable», alerte Matata Ponyo sur son compte twitter, avant de promettre que «conformément à la Constitution qui garantit à tout citoyen congolais le mouvement dans l’ensemble du pays, je vais y aller».
Comme promis, il est arrivé avec sa délégation en début de soirée à Kikwit et ses équipes poursuivent les discussions avec les autorités locales qui, après avoir échoué à lui interdire l’accès dans la ville, font tout pour l’empêcher de rencontrer ses militants et sympathisants lors d’une conférence prévue le lendemain.
Sous pression, le maire UDPS de Kikwit, Ngiama Katshiaka, cède et autorise l’activité du président national du LGD et celle du parti Ensemble pour la République en même temps qu’une activité de l’UDPS, avec le risque d’éventuels affrontements entre militants de ces différentes formations politiques, les sites choisis étant proches.
Samedi 27 mai, c’est en mode mobilisateur que Matata Ponyo s’est présenté devant des milliers de personnes venues l’écouter. La salle louée pour la circonstance a refusé du monde, de même que l’espace vert sollicité. Hommes, femmes, jeunes et vieux l’ont écouté religieusement, certains assis à même le sol, l’essentiel étant d’écouter.
Former la population à la culture électorale
L’ancien Premier ministre déroule son message, expliquant aux Kwilois la nécessité de s’inscrire dans la voie du changement en votant des hommes et des femmes qui se soucient réellement des problèmes du Congolais moyen.
A Kwilu, Matata a triomphé. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans le fief du Parti lumumbiste unifié (Palu), «l’homme à la cravate rouge» a fait carton plein.
Devant la presse locale, il a résumé son message en ces termes : «La population du Kwilu en a marre. Elle veut se libérer. La population de Kwilu a besoin d’un leadership de qualité. Elle a besoin d’une gouvernance de qualité. La jeunesse a besoin du progrès. Elle a besoin du développement. Voilà pourquoi nous sommes venus. Et le message que nous avons passé, c’est ce message-là. Appelez cette fois-ci la population de Kikwit, de Kwilu à élire des hommes et des femmes capables d’améliorer leurs conditions de vie. Et voilà pourquoi le maire de la ville m’a interdit de venir ici, parce qu’il savait que c’est ce message que je vais passer et c’est ce message-là que le peuple de Kikwit veut entendre. Et, nous n’allons plus blaguer sur cette question. Nous devons informer et former la population pour qu’elle élise les meilleurs… Pas ces gens-là qui veulent les tromper avec des tricots, avec des promesses irréalisables».
Ce message patriotique et interpellateur a été reçu cinq sur cinq par la population du Kwilu qui, à l’instar de celle du Kwango, est prête à accompagner Matata Ponyo à la conquête du graal suprême, c’est-à-dire l’accès au Palais de la Nation.
R. Djanya (CP)