Dix jours après l’arrestation de Salomon Idi Kalonda, dit SK Della, les renseignements militaires sont passés à la vitesse supérieure en procédant vendredi à la perquisition des résidences aussi bien à Kinshasa qu’à Lubumbashi de Moïse Katumbi et de son conseiller spécial, toujours en détention aux locaux de l’ex-Demiap. Dans la Société civile, des voix s’élèvent, dénonçant des irrégularités qui vont à l’encontre des principes de droit. Dans un communiqué conjoint, signé vendredi à Kinshasa, ces Organisations de la Société civile «s’inquiètent de la volonté manifeste des services de sécurité de la République Démocratique du Congo d’arrêter, sur la base des dossiers montés de toutes pièces, les opposants, les journalistes et les défenseurs des droits humains à l’approche des élections générales dans le pays», dénonçant, par ailleurs, «l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques en cette même période».
Des unités de l’Etat-major des renseignements militaires (EMRM, ex-Demiap) ont procédé jeudi à la perquisition simultanée des résidences de Moise Katumbi et de son conseiller spécial, Salomon Idi Kalonda, dit SK Della, aussi bien à Kinshasa qu’à Lubumbashi. Si l’objet de la perquisition n’a pas été rendue possible, dans l’entourage du chairman d’Ensemble de la République, on soupçonne déjà cette nette volonté d’inculper Moïse Katumbi, après l’arrestation, il y a plus d’une semaine, de son plus proche collaborateur, Salomon SK Della, accusé d’avoir tenté de porter atteinte à la sûreté nationale.
Tout porte donc à croire que Moïse Katumbi serait la cible finale de l’enquête que conduisent les renseignements militaires. La perquisition vendredi – à son absence d’ailleurs – est la preuve que l’étau se resserre autour du leader d’Ensemble pour la République.
Selon des témoignages concordants, plusieurs agents des renseignements militaires ont fait irruption, jeudi matin, dans la résidence kinoise de Moïse Katumbi ainsi que dans celle, voisine, de Salomon Idi Kalonda, son bras droit. Situées dans le quartier GB, ces résidences ont été fouillées en l’absence des deux personnes concernées, qui y logent toutefois leurs équipes. Moïse Katumbi, qui a passé plusieurs semaines à Kinshasa, se trouvait à Lubumbashi, son fief, au moment des faits.
Mais, l’on rapporte que l’un de ses collaborateurs, Francis Kalombo, était présent au moment de la perquisition de sa résidence de Kinshasa.
«Ils ont mené une perquisition irrégulière en l’absence du propriétaire ou de ses avocats. Ils n’ont rien trouvé», a déclaré Francis Kalombo, l’un des avocats et porte-parole de Katumbi, cité par Anadolu Agency.
Les militaires ont ensuite perquisitionné la villa de son conseiller spécial, Salomon Kalonda, accusé de détention illégale d’arme à feu et de munitions de guerre, d’incitation des militaires à commettre des actes contraires à leur devoir et d’atteinte à la sûreté de l’État.
La même opération a été exécutée dans l’une des résidences de Kalonda à Lubumbashi, sa ville d’établissement.
A Kinshasa, le secrétaire général d’Ensemble pour la République, Dieudonné Bolenge-tenge, a, au cours d’une conférence de presse, fait part d’un «harcèlement politique» orchestré contre Moïse Katumbi sur fond d’agissements «innommables» du pouvoir en place.
Indignation dans la Société civile
Au sein de la Société civile, ces perquisitions sont mal perçu. Ainsi, une vingtaine d’Organisations de la Société civile ont unanimement condamné jeudi ces opérations qui, selon elles, traduisent la «volonté manifeste des services de sécurité d’arrêter, sur la base de dossiers montés de toutes pièces, les opposants, les journalistes et les défenseurs des droits humains», à l’approche des élections.
Sur le compte twitter de son ONG, Me Georges Kapiamba, président d’ACAJ (Association congolaise pour l’accès à la justice), se dit tout aussi indigné de ces perquisitions : «Les perquisitions que les agents de renseignements militaires conduisent actuellement dans les résidences de Moïse Katumbi (à Kinshasa) et Salomon Idi Kalonda (à Lubumbashi) en absence de ces derniers et leurs mandataires spéciaux, sont amplement irrégulières…». Et de préciser : «Notre position est fondée exclusivement sur l’article 17 de la Constitution et l’article 22 du Code de procédure pénale. Les OPJ et Officiers du Ministère public doivent respecter tous les droits garantis aux citoyens par ces dispositions légales, et ce, au nom de l’Etat de droit».
Francis N.