Soixante-douze heures après le tête-à-tête entre le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et les quatre candidats à la présidentielle et ténors de l’opposition (Fayulu, Matata, Sesanga et un représentant de Moïse Katumbi), c’était au tour de l’ancien premier ministre Adolphe Muzito et président du parti politique Nouvel Elan à faire le déplacement du Fleuve Congo Hôtel, le lundi 3 juillet 2023, à l’invitation de Denis Kadima, président de la CENI. C’était l’occasion pour le leader de Nouvel Elan de répéter de vive voix au chef de la centrale électorale des griefs qu’il martèle à longueur de tribunes et de déclarations informelles au pays et à l’étranger.
D’entrée de jeu, Adolphe Muzito a relevé le caractère non représentatif du Bureau de la CENI constitué, selon lui, de membres issus d’une même obédience politique. Celle-ci étant dominée et subissant les diktats de l’UDPS, le parti présidentiel. Dans ces conditions, il est illusoire d’espérer un processus électoral apaisé dont la transparence serait fortement discutable. L’idéal, a soutenu le président du parti politique Nouvel Elan, serait de faire table rase et de constituer un Bureau sur une base consensuelle au sein duquel l’opposition serait représentée conformément aux prescrits constitutionnels.
Le second écueil à des élections équitables est l’établissement par la CENI d’un fichier des électeurs incomplet. En décidant d’organiser à tout prix les élections sans avoir organisé l’enrôlement des électeurs dans les territoires de Rutshuru et de Masisi au Nord-Kivu, occupés par la «rébellion» du M23, appuyée par les RDF (Rwanda Defence Force), ou le territoire de Kwamouth dans la province de Mai-Ndombe en proie à un conflit communautaire opposant les ethnies Yaka et Teke qui a fait à ce jour près de 2 mille morts.
A ce sujet, Adolphe Muzito propose que soient impliquées les églises catholique et protestante afin de mener les opérations d’enrôlement dans les territoires en question, compte tenu de leurs expériences respectives en la matière.
Le financement pose problème
Le financement des élections, à cinq mois des échéances, reste l’un des obstacles majeurs. En affirmant que la CENI attendrait incessamment du gouvernement un versement de 100 millions de dollars US sur les 500 millions attendus, Denis Kadima a eu bien du mal à convaincre son hôte. Ce dernier, estimant que dans le meilleur des cas, cette somme venait à être entièrement réunie par le ministère des Finances, il y a de fortes chances qu’une partie conséquente soit affectée aux impératifs sécuritaires, le CENI se contentant de la portion congrue.
C’est dans ces conditions que l’ancien Premier ministre propose au préalable une réunion de toutes les parties prenantes au processus électoral «afin d’assumer collectivement» les conséquences qui découleraient de cette situation inédite. En clair, convenir d’un commun accord sur une refonte du calendrier électoral, consacrant «le glissement».
Voici en encadré le plan de sortie de crise soumis lundi au président de la Céni par Adolphe Muzito, leader du Nouvel Elan.
Econews