En visite en Chine, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, a plaidé, samedi 29 juillet, pour davantage d’investissements chinois en France. Un discours aux antipodes de la position de certains pays occidentaux, qui s’inquiètent de leur dépendance économique au géant asiatique.
Il s’agissait ce samedi 29 juillet du premier dialogue économique et financier de haut niveau franco-chinois tenu physiquement depuis la pandémie de Covid-19. «Je vous le dis avec beaucoup de franchise: les investisseurs chinois sont les bienvenus en France », a lancé Bruno Lemaire.
Après le sommet «Choose France» en mai, et un nouveau montant record d’investissements étrangers annoncés, le ministre de l’Economie veut aller encore plus loin. Et tend la main aux investisseurs chinois, sans ambages.
S’exprimant lors du dialogue économique et financier de haut niveau franco-chinois, une rencontre bilatérale annuelle co-animée cette année avec He Lifeng, vice-Premier ministre chinois chargé des questions économiques et financières, Bruno Le Maire a notamment cité les domaines des «véhicules électriques, des batteries et de la transition énergétique». Rien d’étonnant, alors que l’entreprise chinoise XTC vient notamment d’investir avec le géant nucléaire français Orano dans les batteries à Dunkerque. Ou qu’une usine de batteries du sino-japonais Envision est prévue à Douai d’ici 2024.
La souveraineté de la France à préserver
A un détail près : ces propos interviennent alors que plusieurs pays occidentaux, notamment l’Allemagne, affirment au contraire vouloir réduire leur dépendance économique à la Chine. Et que certains grands groupes, comme Stellantis dans l’automobile, dénoncent la concurrence à bas coûts de l’industrie chinoise.
Une position que le ministre de l’Economie a d’ailleurs mentionné dans ses prises de parole. «Après le Covid, il est naturel que toutes les nations développées cherchent à avoir plus d’indépendance dans leur chaîne de valeur pour pouvoir faire face à une éventuelle nouvelle crise», a ainsi plaidé Bruno Le Maire. Mais «ce choix ne doit pas nous empêcher de renforcer aussi nos coopérations dans les domaines qui sont nécessaires. Nous voulons accueillir des investissements chinois majeurs sur le territoire français […] en regardant ce qui est du domaine de la souveraineté et ce qui n’est pas du domaine de la souveraineté ».
Message entendu par le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, qui a dit espérer que la France «fournira un environnement commercial plus équitable, juste et non discriminatoire» aux entreprises de son pays. Il assure par ailleurs que les investissements chinois ont permis ces dernières années la création en France de 50.000 emplois.
Direction la «SiliconValley chinoise»
Les deux pays ont également discuté ce samedi de stabilité financière mondiale, de financement durable des économies en développement, de changement climatique, de sécurité alimentaire ou encore de biodiversité. Paris dit par ailleurs avoir plaidé pour un «rééquilibrage» de la relation économique, car le déficit commercial de la France vis-à-vis de la Chine était de près de 54 milliards d’euros en 2022.
Enfin, des avancées sur certains dossiers ont été annoncées par Bruno Le Maire, notamment sur les certifications dans l’aéronautique ou sur les cosmétiques, avec la création dans ce domaine d’un groupe de travail pour se pencher sur les questions de propriété intellectuelle et de sécurité.
Pour autant, Bruno Le Maire n’en a pas fini avec son opération séduction. Il se rendra ce lundi à Shenzhen (sud), grande métropole parfois surnommée la «SiliconValley chinoise». Au programme: des rencontres avec des investisseurs chinois et des grands patrons, dont celui du constructeur automobile BYD. Car la marque réfléchit justement à l’ouverture d’une usine de véhicules électriques en Europe. Alors pourquoi pas la France ?
Avec challenges.fr