Un sommet qui réunit les pays d’Amazonie a débuté mardi dans la ville brésilienne de Belém (nord), avec des enjeux qui transcendent la région, dans l’espoir de trouver des solutions concrètes contre le réchauffement climatique. Avec près de la moitié du bassin forestier du Congo, la République Démocratique du Congo prend part à ce sommet au plus haut niveau, avec la présence du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, invité spécial du président brésilien. Le but est de s’imprégner du modèle régional de l’Amazonie pour le repiquer dans les pays du bassin du Congo.
Invité par son homologue du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, représente la RDC au sommet régional sur l’Amazonie. C’est en milieu de la nuit du mardi, soit 5 heures, heure de Kinshasa, que le Chef de l’Etat est arrivé dans la ville brésilienne de Belém Do para.
Il s’agit notamment de débattre des stratégies communes pour lutter contre la déforestation et promouvoir le développement durable dans cette vaste région qui abrite environ 10% de la biodiversité de la planète.
Le sommet, qui se clôture ce mercredi, rassemble des représentants des huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), créée en 1995 pour protéger la forêt tropicale.
Le président de gauche du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, reçoit ses homologues de la Bolivie, de la Colombie, du Guyana, du Pérou et du Venezuela, tandis que l’Equateur et le Suriname sont représentés par des ministres.
La RDC réaffirme son appartenance au «G3 climatique»
«Il faut préserver (l’Amazonie), non pas comme un sanctuaire, mais comme une source d’apprentissage pour les scientifiques du monde entier, afin de trouver des moyens de préserver (la forêt) tout en créant de la richesse, en permettant à ceux qui vivent ici de vivre dignement », a déclaré Lula lundi, lors d’une cérémonie officielle à Santarem, une autre ville amazonienne.
Considérée comme la porte d’entrée de la forêt de l’Amazonie, le plus grand bassin forestier du monde, Belém accueille, les 8 et 9 août 2023, le sommet des chefs d’Etat des huit pays signataires du pacte de l’Amazonie qui comprend le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, la Guyane, le Pérou, le Suriname et le Venezuela.
Chef d’Etat du pays-leader du Bassin du Congo, le président Félix Tshisekedi est invité à ce sommet de Belém afin de rejoindre les deux autres pays-leaders des plus grands bassins forestiers de la planète, à savoir le Brésil, avec l’Amazonie et l’Indonésie avec Bornéo-Mekong.
On se rappelle qu’en novembre 2022, le Brésil, la RDC et l’Indonésie avaient signé, en marge de la COP27, la Convention-cadre des Nations Unies sur le climat, une alliance trilatérale pour la coopération sur les forêts tropicales et l’action climatique.
Au moment où la crise climatique est un problème mondial, les trois pays-solutions, qualifiés désormais de «G3 climatique», ont décidé de coaliser leurs efforts en vue de parler d’une même voix et de développer un agenda commun pour la sauvegarde et la préservation de leurs ressources forestières. Ils recherchent aussi une juste compensation pour les services éco-systémiques que rendent ces réservoirs de méga-biodiversité en faveur de leurs populations.
Devant ses pairs sud-américains, Félix Tshisekedi s’est exprimé mardi sur l’énorme potentiel du bassin du Congo, dont près de 60% se trouvent en République Démocratique du Congo.
En effet, avec ses 1.500.000 hectares, la forêt équatoriale couvre plus de la moitié du territoire national et présente un écosystème très riche, mais le pays-solution n’a pas encore gagné de dividendes liées à cette solution planétaire.
En approchant ses pairs de l’Amazonie, le Président Tshisekedi entend aussi se conformer aux procédures du marché carbone.
De l’avis des experts, cité par la cellule de communication de la Présidence de la République, la RDC doit au préalable cartographier l’écosystème forestier et marin afin d’évaluer la quantité de gaz carbonique produit par nos forêts, le sol et les tourbières; faire certifier ces résultats par des institutions internationales et obtenir, enfin, les bio-bons devant lui permette d’obtenir les crédits carbones.
De toute évidence, la présence du Président Felix Tshisekedi au sommet de Belém permettra de saisir l’opportunité d’identifier de nouveaux partenariats et projets communs, afin de mobiliser les investissements nécessaires pour mettre en œuvre des projets de conservation, de restauration et de gestion durable dans le Bassin du Congo.
En effet, la convergence entre les défis des bassins forestiers de l’Amazonie, du Congo et du Bornéo-Mekong rend nécessaire une coordination stratégique entre les dirigeants de ces pays forestiers en vue de promouvoir des solutions communes aux contraintes qui entravent la promotion du développement durable dans les trois régions.
«Consensus progressif»
Le sommet à Belém fait également office de répétition générale pour cette cité portuaire de 1,3 million d’habitants qui accueillera en 2025 la conférence de l’ONU sur le Climat COP30.
« Nous ne pouvons pas permettre que l’Amazonie atteigne le point de non-retour », a déclaré lundi à Belém Marina Silva, ministre de l’Environnement du Brésil.
Si ce point de non-retour était atteint, l’Amazonie émettrait plus de carbone qu’elle n’en absorberait, ce qui aggraverait le réchauffement de la planète.
La publication d’une déclaration commune est prévue pour sceller les engagements des pays-membres de l’OTCA.
La «Déclaration de Belém» a été «négociée par les huit pays en un temps record, un peu plus d’un mois», a expliqué lundi Mauro Vieira, ministre des Affaires étrangères du Brésil. Elle stipule les «nouveaux objectifs et les nouvelles taches» à accomplir pour préserver la plus grande forêt tropicale de la planète.
L’un des principaux défis sera de trouver un plan d’action commun pour éradiquer la déforestation illégale. Les terres déboisées sont souvent transformées en pâturage pour le bétail, mais la destruction est également causée par des orpailleurs et des trafiquants de bois.
De retour au pouvoir en janvier, Luiz Lula s’est engagé à mettre un terme d’ici 2030 à la déforestation, qui a fortement augmenté sous le mandat de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro. Le Brésil abrite 60% de la forêt amazonienne.
Mais la ministre Marina Silva du Brésil sait que chaque pays ira à son rythme. «Nous ne voulons pas imposer nos vues, il faut parvenir à un consensus progressif », a-t-elle expliqué lundi.
Son homologue colombienne, Susana Muhamad, souhaite que soit inclus, dans la déclaration, l’objectif commun de préserver «80% de l’Amazonie d’ici 2025».
La Colombie défend par ailleurs une transition énergétique plus rapide, avec une économie qui ne dépend pas du pétrole, ce qui semble impensable pour le moment pour d’importants producteurs d’hydrocarbures comme le Venezuela ou le Brésil.
«Faire la paix avec la nature»
De nombreux leaders indigènes se sont également donnés rendez-vous à Belém, participant ce weekend à une conférence intitulée «Dialogues amazoniens ». Ils espèrent que leurs revendications seront entendues, notamment sur le droit à la terre.
«Les peuples autochtones doivent être vus comme des institutions millénaires », a confié à l’AFP le Colombien Dario Mejia, membre du Forum permanent pour les questions indigènes de l’ONU. Il espère que les dirigeants sauront «se mettre d’accord pour faire la paix avec la nature».
Mercredi, dernier jour de ces assises, le sommet se poursuit avec la participation de pays non membres de l’OTCA invités à Belém, comme la France, qui possède un territoire amazonien avec la Guyane et sera représentée par son ambassadrice à Brasília, Brigitte Collet.
A l’instar de la RDC, une délégation de la République du Congo a également fait le déplacement du Brésil.
Hugo Tamusa