Réussite des 9èmes Jeux de la Francophonie : du lourd à l’actif de Tshisekedi

La 9ème édition des Jeux de la Francophonie est un franc succès à mettre à l’actif du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Pour le Chef de l’Etat, c’était le quitte ou double. Soit il réussissait les Jeux en remplissant son armoire à trophée, soit il échouait, en se faisant couvert d’une valse de critiques de ses adversaires politiques. Au finish, Félix Tshisekedi a gagné son pari, confondant tous ses détracteurs. Sans doute, devra-t-il tirer d’importants dividendes politiques de ces Jeux, avant le sprint électoral de décembre prochain.

Comme une injonction  des muses, les 9èmes Jeux de la Francophonie que Kinshasa vient d’abriter ouvre un spectre nouveau d’opportunités diverses au-delà de l’enjeu diplomatique où il offre à la République Démocratique du Congo un nouveau regard sur l’échiquier international. Et cela est indéniable, si on en croit les propos de Zeina Mina, directrice du Comité international des Jeux de la Francophonie. «Ce qui m’a le plus frappé positivement tout au long des Jeux, c’est l’énorme soutien et l’enthousiasme du peuple de Kinshasa. Dès le premier jour, des milliers de personnes ont afflué vers les sites pour encourager les sportifs et les artistes, même lorsque la RDC ne participait pas à une compétition donnée », a-t-elle avoué à la conférence de presse de clôture.

Un motif, pour elle, d’exprimer sa «profonde reconnaissance envers les autorités de la RDC qui ont joué un rôle essentiel dans la réussite de cet évènement». Avec «près de 3.535 participants dont 1.429 sportifs et 389 artistes, ces jeux sont devenus une véritable célébration de l’unité, de l’amitié et de l’esprit sportif», a conclu la patronne des Jeux qui parlait sous l’autorité de la Commissaire générale de la Francophonie. Des propos qui ont définitivement clos la polémique diplomatique autour de la non-venue de Louise Mushikiwabo après une prise de bec qui mettait manifestement aux prises Kinshasa et Kigali, loin des intérêts strictement dits de la Francophonie.

Mais les véritables opportunités qu’offre le succès des jeux de la Francophonie devraient plutôt se lire, vu de l’intérieur en mettant le tout en perspective avec l’enjeu électoral dans lequel la RDC se trouve de plain-pied. Sans ambages, on note que Félix Tshisekedi bénéficie là d’une perche pratiquement inespérée pour se propulser davantage au-delà des manœuvres politiques bien typiques aux africains en pareilles circonstances.

Des gains indéniables pour Tshisekedi en perspective des élections

Des infrastructures dont hérite la RDC à la faveur de ces jeux au succès de son organisation, le chef de l’Etat récolte, sans conteste, du lourd comme argument pour aborder avec plus d’aisance des épreuves électorales qui ne sont plus qu’à cinq mois des Congolais. Et ce gain politique est d’autant plus significatif que le tout s’est joué à Kinshasa, la capitale, qui a toujours été un coupe-gorge pour les candidats au pouvoir au moment des élections.

Le dégel psychologique qu’apportent ces Jeux dans l’imaginaire kinois ne va certainement pas manquer d’impacter le reste du pays, surtout l’axe Ouest. Celui-ci subit, en effet, de plus en plus d’influence de Kinshasa à la faveur des flux transactionnels facilités par la facilité du trafic routier contre les difficultés du trafic aérien, celui-ci étant devenu aussi coûteux qu’aléatoire.

Et cet impact devrait être d’autant plus significatif qu’il concerne beaucoup plus les jeunes qui constituent la grande majorité de l’électorat. Marqués par ces jeux, ces jeunes vont l’être longtemps encore avec l’influence que vont continuer à exercer pendant un bon moment les infrastructures modernes qui ont le mérite de contribuer à décomplexer ces jeunes par rapport aux images de l’étranger qui les ont toujours fait rêver.

Il est, en effet, indéniable que se faire un selfie dans les salles modernes de basket aux profils américains ne laissent aucun jeune indifférent. Mais au-delà de l’orgueil de jeunesse et de la fibre patriotique qui va vibrer de plus bel, l’on s’attend à ce que ces Jeux suscitent des talents ou galvanisent encore ceux qui existent déjà dans un élan qui va encore booster aussi bien le sport que le monde culturel sain pour repousser les frontières de la médiocrité et de la violence qui, jusque-là, semblaient constituer le seul destin de la grande majorité des jeunes.

Et parler de ce genre de perspectives implique incontournablement un intérêt pour les parents qui vont trouver, dans ces acquis de la Francophonie, un coup de pouce inespéré pour l’encadrement de leurs enfants. Les opportunités, pour ce faire, étaient jusque-là très exigües, limitées aux études – pour ceux qui en ont encore les moyens -, mais surtout à la vie chrétienne plutôt gratuite, quoiqu’à haut risque selon les cas; le tout face au péril du virtuel à travers les réseaux sociaux devenus incontrôlables.

Capitaliser les acquis des Jeux

Sur plusieurs tableaux et cas de figure, il est indéniable que Félix Tshisekedi se voit plus que jamais boosté dans ses enjeux électoraux par le franc succès des Jeux de la Francophonie dont ses équipes de communication et de propagande anticipée garnissent déjà son bilan. Mais s’il est vrai que cette ferveur devrait pouvoir rester d’actualité encore sur les cinq mois à venir selon la gestion qui en sera assurée, il ne reste pas moins que ce succès inespéré – ce n’était pas évident, en effet, au regard des déchets que charriaient les préparatifs –devrait être considéré comme une fenêtre d’opportunité pour se projeter vers un avenir à impact plus significatif puisque tranchant avec le présent peu rassurant.

Car il ne faudrait pas se voiler la face sur l’autre revers de la médaille où l’on retrouve un délaissement total de cette jeunesse dont les prouesses relèvent de leurs propres efforts, sans aucun soutient, ou presque, de l’Etat. Celui-ci ayant plus investi dans des l’infrastructures, ces jeunes délaissés auront investi de leurs propres talents pour offrir à la Nation la visibilité la plus significatives au-delà du béton des infrastructures. Ce sont ces succès – la RDC s’est classée au Top 10 – sur les 34 nations participantes – qui ont le plus mis la jeunesse congolaise en lumière.

Et Félix Tshisekedi semble en avoir conscience, si l’on en croit ses propos lors de la clôture des Jeux lorsqu’il a promis de capitaliser tous ces acquis pour l’avenir, même le plus immédiat. Il a, en effet, promis de mettre tout en œuvre pour booster le sport, la culture et l’éducation grâce aux infrastructures dont le pays dispose désormais à la faveur de ces Jeux.

«La RDC est déterminée à capitaliser sur cette réussite et sur les infrastructures nous léguées par ces 9èmes Jeux de la Francophonie pour impulser des changements qualitatifs et mettre en place des mécanismes qui permettront désormais à la jeunesse congolaise de rêver grand et de profiter de toutes les opportunités pour réaliser ses potentialités, notamment dans le domaine des sports et des arts ainsi que dans celui de l’éducation», a dit le Président Tshisekedi.

Econews