A la CENI (Commission électorale nationale indépendante), c’est le statu quo. Qui pis est, c’est déjà l’enlisement. Au sein de huit traditionnelles Confessions religieuses de la République Démocratique du Congo, le choix du nouveau président de la CENI a viré à une guerre des tranchées. Face au tandem CENCO et ECC, les six autres Confessions religieuses ont joué la carte de la résistance, jusqu’à ce que le blocage s’en suive. Depuis New-York, le Chef de l’Etat a rappelé avoir refusé d’interférer dans ce débat des religieux. Il est cependant conscient que le temps s’égrène, alimentant l’incertitude autour des élections de 2023. Garant de la nation, il dit avoir donné des instructions claires et nettes à l’Assemblée nationale pour faire avancer le processus électoral, en bouclant notamment l’entérinement des animateurs de la CENI. Mais, c’est encore mettre la charrue devant le bœuf, pensent certains observateurs. Quand le président de la République s’immisce dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale, il y a un sérieux problème, relèvent-ils. Quoi qu’il en soit, dans la bataille entre le CENI et les Confessions religieuses, Tshisekedi a opté pour la neutralité. Ses opposants n’y croient pas. Ce qui alimente l’impasse.
Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a choisi de ne pas interférer dans le choix par les Confessions religieuses de celui qui devra être le président de la Commission électorale nationale du Congo (CENI). Le processus est bloqué parce que, d’un côté, la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) ont émis des doutes sur la moralité de la personnalité élue par les six autres confessions religieuses après des divergences notables. D’autre part, des voix au sein de la CENCO et de l’ECC se sont élevées pour dénoncer la proximité de Denis Kadima avec le camp du chef de l’Etat.
Dans un langage réservé aux initiés, le chef de l’Etat a indiqué avoir refusé de recevoir des chefs de la CENCO et de l’ECC pour traiter de cette question: «J’ai refusé leur invitation, vous imaginez il y a six contre deux, quelle position puis-je prendre là-dedans ? Si je dis Ok, on retire, comme disent les deux confessions religieuses qui sont minoritaires, les six autres confessions religieuses le prendraient très mal, si on impose parce qu’il y a six contre deux, les deux autres le prendront mal, ce n’est pas une affaire des politiques, c’est une affaire, je l’ai redit encore, des confessions religieuses. Donc, ce n’est pas mon affaire».
Une neutralité à problèmes
En refusant de suivre le duo Catholiques et Protestants, le Président de la République a fait un choix, certes difficile, mais plutôt clair. Il faut laisser le jeu démocratique jouer à l’intérieur de la plate-forme.
En prenant cette position, le camp des six ne peut que jubiler et les autres considérer qu’il leur a tourné le dos. Dans la position qui est la sienne, le piège peut rapidement se refermer s’il se hasarde à faire étalage de ses sentiments personnels.
Dans tous les cas, des aigris dans ce cas ne pouvaient qu’exister parce qu’il est difficile pour le chef de l’Etat de trancher dans une affaire où il est concerné et où des accusations justifiées ou pas fusent de partout. En même temps, les catholiques et les protestants auront difficiles à accuser le chef de l’Etat qui a refusé de s’immiscer dans une affaire qui ne concerne que des chefs religieux. D’ailleurs, de quel droit se ferait-il l’arbitre de ce litige? Au nom du bon fonctionnement des institutions, dira-t-on ?
Autant de questions qui risquent de demeurer sans réponse pour longtemps encore.
Tout dépendra aussi de l’attitude qui sera affichée par les six autres confessions religieuses, du camp présidentiel et du candidat désigné, Denis Kadima. A ce dernier, il est demandé de démentir tout le mal qu’on colle à sa personne. D’ailleurs, il suffit pour lui de se comporter différemment de Ngoy Mulunda pour qu’enfin dans ce pays, il soit porté par les Congolais.
Le triomphalisme légendaire du camp présidentiel pourra également être un élément des frustrations. Les Kabund et les Kabuya doivent s’interdire de soutenir ou de condamner un camp. Dans la logique du chef de l’Etat, ils sont obligés de botter en touche. Le PPRD qui avait fait l’erreur de soutenir à bout de bras l’abbé Malumalu, le pasteur Ngoy Mulunda et Corneille Nangaa qui ont été discrédité dans l’opinion tant nationale qu’internationale.
Tout se résume dans la maturité du camp qui sortira vainqueur de ce bras de fer. La crédibilité des scrutins en dépend !
Econews