Sur le marché des changes, la situation est plutôt à l’accalmie, avec une légère dépréciation du franc congolais par rapport au dollar américain. Vendredi en Conseil des ministres, le Président de la République a reconnu la pertinence des «mesures urgentes» arrêtées le 17 juillet 2023, malgré, dit-il, «des pesanteurs» qui retardent leur portée sur le marché des biens et services. Avec des instructions claires et nettes transmises autant à la Banque Centrale du Congo qu’aux ministres sectoriels, le Président de la République a annoncé la convocation, dans les prochains jours, autour de lui, d’une «réunion d’évaluation» avec toutes les institutions et structures associées.
Sur le marché des changes, la situation est encore précaire, malgré les mesures urgentes édictées depuis la réunion du 17 juillet 2023 autour du Président de la République.
Vendredi en Conseil des ministres, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a consacré une partie de sa communication à cette question.
Rappelant les mesures importantes qui ont été prises, le 17 juillet 2023 lors d’une réunion exceptionnelle qu’il a présidée, et rappelées lors du Conseil des ministres du 21 juillet 2023 en vue de stopper la dépréciation du franc congolais par rapport aux devises étrangères, le Président de la République a pris acte «des premiers résultats encourageants de leur mise en œuvre, bien qu’il existe encore des pesanteurs».
A cet effet, il a encouragé les parties prenantes à « tout mettre en œuvre pour consolider cette dynamique et, surtout, son impact sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens dont l’indicateur doit être la baisse des prix des biens et services, particulièrement les produits alimentaires et pharmaceutiques».
En ce qui concerne l’alimentation, l’approvisionnement du marché en produits locaux est plus qu’impérieux. Le vice-Premier ministre en charge de l’Economie, le ministre de l’Agriculture et le ministre de la Recherche scientifique ont été conviés à prendre des dispositions quant à ce, indiquait le compte-rendu de la réunion du Conseil des ministres.
En plus des mesures qui sont déjà prises, le Président de la République a souligné qu’il convenait d’ajouter, entre autres : «le déclenchement des missions de surveillance des prix et non de contrôle économique susceptible d’engendrer des tracasseries inutiles. Lesdites missions de surveillance devront veiller à ce que la baisse du taux de change déjà constatée puisse se refléter directement sur les prix des biens et services qui avaient monté lors de la dépréciation qu’avait connue le taux de change du franc congolais; l’encadrement des agriculteurs pour les inciter à labourer et cultiver sur le plus d’étendues possibles lors de la saison culturale A qui va commencer en septembre, sans oublier la nécessité de mettre à leur disposition des semences améliorées; la collecte des produits agricoles actuellement disponibles sur le marché national pour les drainer vers les centres urbains ; la vulgarisation de la substitution du manioc panifiable au blé ».
Pour ce qui est de l’accroissement des recettes publiques, le ministre des Finances a été chargé de prendre, «sans délai», et ce pour une application, dès cette semaine, des mesures relatives : «à la retenue de la TVA pour les fournisseurs et prestataires de l’Etat lors du paiement de leurs factures ; à l’encadrement, avec le concours de l’Inspection Générale des Finances, du contrôle fiscal ».
CONTROLE DES PRIX INTERIEURS
Par la même occasion, le vice-Premier ministre en charge de l’Economie a présenté le dossier relatif au suivi des récentes mesures gouvernementales sur la volatilité du taux de change et ses corolaires sur le niveau général des prix intérieurs.
Il a indiqué que la première catégorie des mesures concerne les interventions immédiates destinées à contenir la volatilité du marché des changes. Elle consiste essentiellement au renforcement des interventions de la Banque Centrale du Congo et de la supervision des opérations de change. Il s’agit, notamment de : «la poursuite, par la Banque Centrale du Congo, des interventions agressives et planifiées sur le marché des changes et la prise par elle de tout autre mesure de politique monétaire requise, notamment en rapport avec le coefficient de réserves obligatoires; l’encadrement, par le secteur bancaire des opérations de change effectuées par les bureaux de change, lesquelles opérations doivent être compatibles avec leur capacité réelle; la mise en place de guichets spéciaux de la Banque Centrale du Congo pour la vente de devises aux importateurs de certains produits de grande consommation, à concurrence des montants couvrant leurs licences d’importation; le renforcement des mesures de rapatriement des devises et la concertation entre la Banque Centrale du Congo et les opérateurs du secteur minier pour le rachat éventuel d’une quotité de devises ainsi rapatriées ; la réduction des incitations à spéculer sur marché des changes par le renforcement du suivi et la supervision quotidienne des positions de change de banques commerciales, des bureaux de change agrées et par l’extension de cette supervision aux autres opérateurs économiques qui interviennent sur le marché de changes ».
En plus de mesures de politique monétaire et de change, le VPM de l’Economie a fait remarquer que des actions spécifiques et immédiates ont été adoptées sur la gestion de la Trésorerie publique.
DES MESURES STRUCTURELLES AUDACIEUSES
Selon lui, la deuxième catégorie de mesures sur un horizon temporel de court et moyen termes et vise l’amélioration de l’offre des biens et services ainsi que la stabilisation des prix. Il s’agit spécifiquement de : «l’opérationnalisation du Fonds de Régulation Economique (FOREC) en vue de soutenir la politique d’approvisionnement régulier du pays en produits de base et la stabilisation des prix; l’extension des mesures de facilitation fiscale, douanière et parafiscale aux produits de grande consommation pour augmenter l’offre sur le marché intérieur, en attendant les résultats escomptés du plan de diversification de l’économie; le renforcement de la réserve stratégique; le contrôle économique et surveillance du marché; la constitution de stocks stratégiques à travers les provinces, en collaboration avec les opérateurs économiques privés; l’élaboration et l’adoption d’un Plan de relance à moyen terme, cohérent et intégré, du secteur productif en vue d’accroitre la production nationale; l’accélération de la création d’une banque de développement et d’une banque agricole».
A plus long terme, le Gouvernement mise sur une série de mesures structurelles telles que : «procéder à un redéploiement budgétaire pour doter les Ministères du secteur productif des ressources conséquentes à l’effet d’atteindre d’ici 10 ans la sécurité et la souveraineté alimentaire, l’Indépendance énergétique et la subvention intelligente des importations; encourager le développement des obligations vertes, des prêts verts et des directives d’assurance verte conçus pour attirer des fonds mondiaux pour des projets conformes aux objectifs environnementaux; développer le système bancaire intérieur et poursuivre les réformes en vue de la création d’un marché financier intérieur dont les opérations doivent se réaliser en monnaie locale».
«L’efficacité de la mise en œuvre de ces mesures ambitieuses étant tributaire de la qualité du suivi-évaluation à faire par le Gouvernement», le VPM en charge de l’Economie a préconisé la création d’ «un cadre de coordination des politiques sectorielles du secteur productif, sous la supervision du Président de la Commission économique et finances du Gouvernement», tout en insistant sur «le renforcement du suivi-évaluation des projets financés par les bailleurs internationaux dans le domaine de l’Agriculture afin de s’assurer que l’endettement consenti par le Gouvernement sert effectivement à atteindre les résultats escomptés et de sanctionner sévèrement toute forme d’abus et de gaspillage de ressources».
Autant de questions qui seront sur la table des discussions à la prochaine rencontre d’évaluation autour du Président de la République.
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