Continuer. Requalifier. Lever. On l’a compris, ce sont là les thèmes autour desquels gravite la Table-ronde convoquée par le président de la République et qui réunit au Palais du peuple des représentants des institutions, de la société civile et, cela va de soi, de l’armée. Au cœur des cogitations de trois jours : faire une évaluation de l’état de siège décrété il y a 27 mois dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri endeuillées par des massacres à répétition devant lesquels, en dépit de quelques prises éparses de terroristes présumés, des populations des territoires de Beni, Irumu et Mambasa paient au quotidien un lourd tribut.
Continuer, ou proroger – selon la phraséologie à la mode à l’Assemblée nationale – pour une énième fois l’état de siège dans les deux provinces martyres sonnerait le glas du peu de confiance que les plus des 600 mille familles de déplacés délaissés par les pouvoirs publics et qui s’entassent vaille que vaille dans des camps de fortune gardaient encore vis-à-vis des pouvoirs politiques insouciants de Kinshasa.
Requalifier l’état de siège n’est rien moins qu’une incongruité qui apparaît pour la première fois dans une nomenclature législative déjà opaque. A vingt-quatre heures de la clôture travaux, la commission ad hoc elle-même ne sait où donner de la tête. Ses membres sachant pertinemment bien qu’en définitive, leurs conclusions, comme celles qui sortiraient des commissions sœurs, sont arrêtées d’avance en haut lieu.
Lever l’état de siège enfin, synonyme du rétablissement du pouvoir civil, est le vœu exprimé de longue date par des populations meurtries et perdues dans la profusion d’uniformes militaires des FARDC, de la Force de l’EAC, de la MONUSCO (sur le départ) et les rebelles ADF, M23 et l’armée rwandaise. Félix Tshisekedi le sachant, il ne lui reste plus aucune alternative que celle de répondre positivement aux cris des populations gavées de promesses non tenues.
Quelle que soit la conclusion des travaux de la Table-ronde du Palais du peuple, la quadrature du cercle n’en demeure pas moins. Entre l’occupation de larges pans des territoires de Rutshuru et de Masisi par des troupes rwandaises que toutes les alliances ne sont pas parvenues à déraciner et la négociation telle que timidement recommandée par une diplomatie internationale souterraine, le gouvernement a plus que jamais du pain sur la planche.
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