Près de huit (8) millions d’électeurs étaient appelés aux urnes samedi en Côte d’Ivoire pour les élections municipales et régionales. Un test grandeur nature avant la présidentielle de 2025.
Quelque huit millions d’Ivoiriens étaient appelés aux urnes, samedi 2 septembre, pour voter aux élections municipales et régionales, un scrutin local qui devrait permettre d’établir le rapport de force entre les partis politiques, à deux ans de la prochaine présidentielle.
«Les trois principales formations politiques de la Côte d’Ivoire participent à ce scrutin. Il est évident que les résultats vont permettre de juger le poids politique réel de chacune d’elles et de voir la cartographie de leur implantation sur le territoire national », expliquait à l’AFP l’analyste politique Geoffroy Kouao. «Cela permettra de voir leurs forces et faiblesses avant la bataille présidentielle de 2025», poursuivait-il.
Le scrutin permettra notamment d’identifier les cadres du pouvoir qui pourraient se positionner en vue de la présidentielle de 2025.
Des élections locales aux enjeux aussi nationaux
L’actuel président Alassane Ouattara, 81 ans, n’a toujours pas tranché la question d’une éventuelle candidature pour un quatrième mandat, et la liste de ses potentiels successeurs s’allonge. « Ceux qui veulent regarder plus haut doivent avoir l’onction du peuple, de leur base. Ce sera quitte ou double pour plusieurs » personnalités de la majorité en lice samedi, estime l’analyste politique Arthur Banga.
Face au puissant parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’opposition avance en rangs serrés pour tenter de rafler une majorité des 201 communes et 31 régions en jeu samedi.
Dans de nombreuses localités, les candidats du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), la formation de l’ex-président Laurent Gbagbo, se sont alliés à l’autre grand parti d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), orphelin d’Henri Konan Bédié, autre ancien chef de l’État (1993-1999) décédé le 1er août.
Pas d’appel au boycott
Il s’agit des premières élections depuis le retour de Laurent Gbagbo dans le pays, en juin 2021. L’ancien président (2000-2011), acquitté par la justice internationale pour crimes contre l’humanité lors de la crise post-électorale de 2011, ne pourra toutefois pas voter samedi.
Il reste en effet radié des listes électorales en raison d’une condamnation en Côte d’Ivoire, pour des faits liés à cette crise. Mais s’il conteste cette décision, pas question pour autant que son parti boycotte le scrutin, comme ce fut le cas par le passé. «Plus jamais nous ne manquerons les élections ! » a-t-il lancé fin août.
Le vote de samedi va donc permettre à sa formation politique lancée il y a moins de deux ans d’évaluer le soutien dont elle bénéficie dans le pays. «Cela va donner une idée de la capacité de mobilisation de leur base. Si les résultats sont faméliques ça risque d’agir sur le moral des troupes », prévient Arthur Banga.
Malgré ces alliances, le RHDP au pouvoir s’avance en favori du scrutin : en 2018, il avait remporté 18 régions (sur 31) et 92 communes (sur 197).
Les duels à surveiller
Une vingtaine de ministres sont candidats, la plupart dans des régions ou communes a priori confortables, notamment dans le nord traditionnellement acquis à la cause du RHDP.
Mais quelques «matchs» s’annoncent serrés à commencer par la commune de Yopougon, la plus grande d’Abidjan avec son 1,5 million d’habitants, un fief historique de Laurent Gbagbo.
Le président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, y défendra les couleurs du parti présidentiel, face à une opposition pour une fois désunie puisque Michel Gbagbo, fils de Laurent, et Augustin Dia Houphouët pour le PDCI mènent des listes séparées.
Et dans l’importante région agricole du Haut-Sassandra (centre), le ministre de la Jeunesse Mamadou Touré, l’une des figures de la nouvelle génération du parti au pouvoir, affrontera une alliance d’opposition menée par le sortant, Alphonse Djedje Mady, un cadre du PDCI.
La campagne électorale s’est globalement déroulée dans le calme, sans incident majeur, trois ans après la présidentielle de 2020 où des troubles avaient fait au moins 85 morts.
Selon la plateforme citoyenne Aube Nouvelle, qui recense les potentiels foyers d’embrasement, le risque de « conflit généralisé est très faible ». Les résultats définitifs sont attendus la semaine prochaine.
Avec Le Point Afrique